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AAR

AAGARD (Christian), poëte danois, né à Viborg, en 1616, frère cadet du précédent, fut professeur de poésie à Soroë, puis à Copenhague, et mourut en 1664. On a de lui quelques poésies latines qui étaient estimées de son temps ; elles ont été recueillies dans le t. Ier des Deliciæ quorumdan poetarum danorum Frederici Roslgaurd, p. 339, Lugduni Batavorum, 1693, 2 vol. in-12. Sa vie, écrite par son fils (Severin), se trouve dans le même recueil. M-B-n.


AAGESEN (Svend, connu aussi sous le nom latin Sueno Agonis F.), historien danois, florissait en 1186, du temps de l’archevêque Absalon, dont il paraît avoir été le secrétaire. Il écrivit, par ordre de ce prélat, une histoire du Danemark, sous ce titre : Compendiosa Historia regum Daniæ a Skioldo ad Canulum VI. Cet ouvrage est très-inférieur pour le style à celui de Saxo Crammatieus ; mais sur quelques points de critique historique, Svend Aagesen a eu des opinions plus conformes à la tradition des Islandais, adoptée aujourd’hui par les savants du Nord. Il ne remonte pas jusqu’à Dan Ier, roi fabuleux de Saxo. On a encore de lui : Historia legum castrensium regis Canuti Magni ; c’est une traduction latine de la loi dite de Witherlag, donnée par Canut le Grand et publiée de nouveau par Absalon, sous le roi Canut VI. Aagesen l’a mise en tête d’une notice historique sur l’origine de cette loi. On trouve l’un et l’autre ouvrage dans le recueil intitulé : Suenonis Agonis filii, Christierni nepotis, primi Daniæ gentis historici, quæ extant Opuscula. Stephanus Johannis Stephanius, ex vetustissimp codice membraneo Ms. regiæ bibliothecæ Hafiensis, primus publici juris feit. Soræ, typis Henrici Crusii, 1612, 222 pages in-8o. Dans cet intitulé, il faut, par regiæ bibliothecæ, entendre la bibliothèque de l’université de Copenhague. On trouve encore l’histoire de Danemark de Svend Aagesen insérée avec des notes excellentes, dans les Scripfores de Langebeck, t. Ier, p. 42, suiv. La traduction des Liges castrenes regis Canuti Magni est également imprimée dans les Scriptores, t. 3, p. 139), sqq. M-B-n.


AALST. Voyez Aelst.


AARE (Dirk van der), évêque et seigneur d’Utrecht dans le 13e siècle, avait été prévôt à Maëstricht. Parvenu à l’épiscopat, il eut bientôt à soutenir une guerre périlleuse contre Guillaume, comte de Hollande, qui le battit, le fit prisonnier à Stavoren, et se disposait à le faire transférer au couvent d’Oosterzée, lorsque les moines, aidés des habitants de L’évêché d’Utrecht, délivrèrent leur souverain. Celui-ci dissimula d’abord son ressentiment ; mais le comte de Hollande ayant été à son tour surpris et fait prisonnier par le comte de Brabant, Aare profita de cette circonstance pour s’emparer de plusieurs places de la Hollande. Guillaume étant rentré dans ses États après avoir acheté sa liberté, l’évêque d’Utrecht fut obligé de lui accorder la paix, qui ne fut pas de longue durée. Le comte de Looz, qui avait épousé la fille de Guillaume, et qui était devenu son ennemi, n’eut pas de peine à communiquer son ressentiment à Aare ; il lui vendit, pour 1,000 marcs d’argent l’investiture du comté de Hollande, et tous deux se mirent en campagne pour s’en emparer. Ils eurent d’abord quelques succès ; mais bientôt obligés d’abandonner leurs conquêtes, ils furent réduits à chercher leur sûreté dans les murs d’Utrecht. Aare s’empara néanmoins de Dordrecht, qu’il pilla et réduisit en cendres ; cependant il fut contraint de faire la paix, et de renoncer à tous les projets d’envahissement qui avaient occupé son règne. Il mourut à Dewenter, l’an 1212, après avoir régné 14 ans, et fut inhumé dans la cathédrale d’Utrecht. D-g.


AARON, premier grand prêtre des Juifs, fils d’Amram et de Jochabed, arrière-petit-fils de Levi, frère de Moïse, et né trois ans avant lui, en Égypte, vers l’an -2130 de la création (1574 ans avant J.-C.). Lorsque Dieu voulut affranchir son peuple de la captivité d’Égypte, il associa Aaron à Moise pour cette importante mission ; et les, deux frères se rendirent ensemble auprès du roi d’Égypte pour lui annoncer les ordres du Seigneur, ce qui ne fit qu’endurcir encore plus le cœur de ce monarque. Pour le convaincre de la vérité de leur mission, ils furent obliges d’avoir recours à des prodiges. Aaron changea en serpent la verge de Moïse ; les magiciens du roi opérèrent le même miracle, mais le serpent d’Aaron dévora tous les autres. Rien de tout cela ne put ébranler le monarque ; Aaron changea alors en sang les eaux de l’Égypte. On vit naître une multitude de grenouilles, de sauterelles, etc. À la voix de l’envoyé de Dieu, la peste se joignit à tous ces fléaux, et la terre fut couverte des plus épaisses ténèbres. L’ange du Seigneur frappa de mort tous les premiers-nés des Égyptiens, et il épargna ceux des Israélites. Pharaon consentit alors seulement à laisser partir les Hébreux. Aaron était doué de beaucoup d’éloquence. Dans plusieurs circonstances, ce fut lui qui parla à Pharaon et au peuple, pour Moïse, qui avait de la peine à s’exprimer. Moïse, allant recevoir sur le mont Sinaï les tables de la loi, conduisit avec lui Aaron, qu’accompagnèrent Nadab et Abiu, ses fils, et soixante-dix vieillards d’Israël. Dieu se fit voir a eux ; mais Moïse, étant retourné seul sur la même montagne, y demeura pendant quarante jours : les Hébreux, mécontents de son absence, demandèrent à Aaron de leur faire des dieux qui puissent les conduire et marcher devant eux. Aaron, ne sachant comment résister à une multitude séditieuse, eut la faiblesse de consentir à sa demande ; et employant les pendants d’oreilles, ainsi que les autres bijoux que les femmes et les enfants lui fournirent, il fit fondre un veau d’or, à l’imitation du bœuf Apis, que les Égyptiens adoraient, et qu’une partie des Hébreux eux-mêmes avaient adoré en Égypte. Le peuple révéra cette idole comme le dieu qui l’avait délivré de l’esclavage ; on lui dressa un autel ; on lui offrit des sacrifices, et on-dansa autour d’elle. Tandis qu’Israël se livrait à ce culte sacrilège, Moïse descendit de la montagne, et accabla de reproches son frère et les Hébreux. Aaron, qui n’avait été coupable que par faiblesse, essaya de s’excuser : il répondit à son frère que les menaces des Israélites l’avaient effrayé : « Vous savez, dit-il, que ce peuple est méchant. » Dieu vit la pureté de son