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Florence qui était déjà noble, nombreuse et puissante en 1010, et qui ne s’est éteinte qu’en 1736. Alexandre participa, dans ses poésies, au mauvais goût qui caractérisa la plupart des poëtes de son temps ; à cette recherche de pensées, et à ce luxe d’expressions figurées qui sort, comme on le dit notre Misanthrope, du bon caractère et de la vérité. Il fit paraître, depuis 1637 jusqu’en 1642, six Recueils de 50 sonnets chacun, sous les noms de six des neuf lunes, Terpsichore, Clio, Melpomène, Calliope, Uranie et Polymnie, Très-savant dans la langue grecque, il entreprit de traduire Pindare. Les vers de cette traduction, qui parut on 1631, à Pise, in-4o, sont faibles, et Apostolo Zeno a dit avec raison : « Je cherche Pindare dans Adimari, et je ne le trouve pas ; » mais il y joignit des notes savantes, et d’autres explications utiles pour l’intelligence du texte, entre autres des arguments qui précédent les odes, et des synopsis, ou tableaux qui présentent aux yeux du lecteur le plan qu’a suivi le poëte, et l’ordre qui règne dans son désordre apparent. Il en avait emprunté l’idée, et même l’exécution entière, d’Érasme Schmidt, dont la traduction latine, avec des synopsis tout semblables, avait paru en 1616. Adimari, dans son avis aux lecteurs, dit bien que l’ouvrage de Schmidt lui a été donné, ainsi que plusieurs autres, pour l’aider dans son travail ; mais il ajoute qu’il ne lui est parvenu que lorsque ce travail, commencé depuis seize années, était presque fini, et il ne dit rien de ces tableaux synoptiques qu’il a entièrement copiés. Il paraît, par un passage du même avis, qu’Alexandre Adimari ne fut point favorisé des biens de la fortune, et qu’il vécut même fort malheureux. Il mourut en 1649., G-é.


ADIMARI (Louis), poëte satirique florentin, de la même famille que le précédent, naquit à Naples, le 5 septembre 1644, de Zanobi, fils de Louis Adimari et de donna Allegra di Bivero Tassis, dame espagnole, et fit ses études à l’université de Pise, où il eut pour maître le célèbre Luca Terenzi. Il parcourut dans sa jeunesse les différentes cours d’Italie, où il se fit aimer par ses talents et par les rares qualités de son esprit. Adimari obtint du duc de Mantoue le titre de marquis et de gentilhomme de sa chambre : il fut membre de l’Académie Florentine, de celles de la Crusca, des Arcades et de plusieurs autres. Il succéda au fameux Redi dans la chaire de langue toscane, à l’Académie de Florence ; il fut aussi professeur de science chevaleresque dans celle des nobles ; ses leçons y eurent beaucoup d’éclat ; il savait les semer à propos de traits tirés de l’histoire ancienne et moderne qu’il possédait également. Elles n’ont point été imprimées, mais plusieurs bibliothèques de Florence les possèdent en manuscrit. On a de lui un recueil en prose sur des sujets de piété. Prose Sacre, Florence, 1706, petit in-4o. Tous ses autres ouvrages sont en vers : 1o des sonnets et autres pièces lyriques, entre autres un recueil d’odes ou canzoni, et de sonnets, consacré à Louis XIV, magnifiquement imprimé à Florence, en 1693 ; 2o Roberto, drame en musique ; le Gare dell’ amore e dell’ amicisia, comédie en prose composée pour une société particulière, et imprimée à Florence en 1679, in-12, pièce qu’aucun historien de la littérature italienne n’en a parlé, pas même l’Allaci dans sa Dramaturgie ; il Carciere di se medesimo ; Amanté di ma figlia, etc. ; 3o cinq satires qui sont le fondement le plus solide de sa rêputation. Le style en est élégant et quoique les vices y soient sévèrement repris, elle n’ont rien d’âcre ni de mordant, si ce n’est sur le chapitre des femmes. Il tt fait contre elles une satire de 1,500 vers, principalement dirigée contre les femmes de théâtre ; mais la dernière l’est contre le sexe en général : elle n’a guère moins de 1,000 vers ; les deux vers qui la terminent peuvent donner l’idée du reste. Il en est jusqu’à trois, a dit au moins Boileau ; mais Adimari n’en connait aucune. « S’il existe, dit-il, quelque femme digne d’éloge, tu ne la connais pas, ni moi non plus. »

Tu non la vedi, ed lo non la conosco.

On peut juger, par la longueur de ces deux pièces, que le défaut de l’auteur n’est pas le trop de concision ; celui de toutes ses satires est au contraire une trop excessive prolixité ; Louis Adimari mourut a Florence le 22 juin 1708. Il eut trois enfants : une fille mariée avant la mort du père, et deux garçons : Buonascorso, qui mourut encore enfant, et dont il a déploré la perte dans l’un de ses sonnets, et Smeraldo, qui avait hérité d’une partie de ses talents poétiques et qui fut académicien des Arcades. G-é.


ADLERBETH (Gudmund-George), savant suédois, naquit à Jœnkœning, en 1751. Son père, assesseur à la haute cours de justice de Gothie, donna sa démission pour s’occuper entièrement de l’éducation de son fils, qu’il dirigea principalement vers les langues et les sciences. En 1768, le jeune Adlerbeth fut envoyé à l’université d’Upsal, où il fit de rapides progès dans les mathématiques et la philosophie : il subit, en 1771, avec beaucoup de succès, un examen pour entrer dans la chancellerie royale, ou un emploi lui fut confié dans le département de la guerre et des affaires étrangères. Il le conserva jusqu’en 1778, époque ou il fut nommé antiquaire et secrétaire du roi. Il accompagna Gustave III à Rome, en 1783, et fut chargé par ce prince de la correspondance ministérielle. Il se sépara de lui, et revint en Suède en 1785. L’année suivante, il fut nomme secrétaire de l’académie des belles-lettres, d’histoire et des antiquités, puis conseiller de la chancellerie, place qu’il conserva jusqu’en 1793 ; alors il se démit de toutes ses fonctions. Gustave IV le nomma, en. 1801, commandeur de l’Étoile-Polaire. Après la révolution de 1809, il fut nommé conseiller d’État et baron, et, plus tard, chevalier du Scraphin. En cette même année 1809, si célèbre dans l’histoire de Suède, Adlerbeth fut élu par la diète membre du comité de constitution, et il s’occupa de la révision des lois fondamentales du royaume. En 1813, il donna sa démission de conseiller d’État, et se retira en Smolandie. Ce fut la que, pendant trois ans, il put se livrer exclusivement a son goût pour la poésie, jusqu’à sa mort, qui eut lieu en 1818. Adlerbeth avait eu l’honneur de présenter à Gustave III une traduction de l’Iphigénie de Racine, et ce prince le chargea, avec