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le comte de Gyllenborg, un des meilleurs poëtes de cette époque, de terminer le drame Birger Jari, dont le roi avait donné le canevas. Adlerbeth a laissé plusieurs traductions, fort estimées en Suède, de Virgile, d’Homère et d’Ovide. B-L-m.


ADLERFELDT (Gustave d’), historien de Charles XII, naquit aux environs de Stockholm, en 1671. Son père était trésorier de la couronne, et lui fit donner une éducation soignée. Lorsqu’il eut achevé ses études a Upsal, il entreprit un voyage en Hollande, en Angleterre et en France. Étant, en 1697 à la Haye, il fut employé par l’ambassadeur de Suède dans plusieurs négociations relatives au traité de Ryswik. Il repassa en Suède sur le vaisseau qui conduisait le duc de Holstein, et ce prince le présenta à Charles XII, qui le nomma gentilhomme de la chambre. Adlerfeldt accompagna le roi dans toutes ses campagnes, et fut témoin de ses succès et de ses revers. Il rédigea le journal des opérations de l’armée suédoise, jusqu’à la bataille de Pultawa, où il fut tué d’un boulet de canon. Le journal d’Adlerfeldt fut sauvé par le prince Ch. Marin de Wurtemberg, qui était a l’armée, et qui le fit mettre en sûreté à Stuttgard. Il passa ensuite dans les mains du fils de l’auteur, qui le fit traduire en français. C’est cette traduction qui a été imprimée à Amsterdam, sous le titre d’Histoire militaire de Charles XII, 1740, 4 vol. in-12. On y a ajouté une relation de la bataille de Pultawa et du séjour de Charles à Bender, par un officier suédois. Adlerfeldt s’était marié à une demoiselle Steeben de Wismar, qui fit un extrait de l’ouvrage de son mari en allemand, jusqu’à l’année où l’armée suédoise entra en Saxe, et cet extrait fut imprimé à Wismar en 1707. L’ouvrage d’Adlerfeldt contient un récit impartial et fidèle des campagnes du héros suédois, et de plusieurs événements politiques. L’auteur avait obtenu, par ordre du roi, tous les secours nécessaires. Adlerfeldt avait un frère (Jean), qui parvint à la dignité de sénateur. Lorsqu’en 1743, les Dalécarliens se furent rendus a Stockholm pour obtenir le redressement de leurs griefs, le sénateur Adlerfeldt, étant allé au-devant d’eux pour les apaiser, fut atteint d’un coup de fusil, dont il mourut trois jours après. C-au.


ADLERSCREUTZ (le général baron), le chef avoué de la révolution qui, en 1809, renversa Gustave IV du trône suédois, s’était distingué précédemment dans la guerre de Finlande, et particulièrement à Siccajocki il remporta sur les Russes un succès éclatant. Après cette guerre désastreuse pour la Suède, le délicieux château de la Gardie fut donné à Adlerscreutz en compensation des propriétés qu’il avait perdues en Finlande, et cette habitation prit de ce moment le nom du champ de bataille où il avait vaincu les Russes. Il était alors en grande faveur à la cour. C’était un homme plein de courage et de témérité, général quelquefois heureux plutôt qu’habile, d’ailleurs sans vues théoriques et sans aucune teinture littéraire ; toutefois il avait compris, malgré la reconnaissance qui l’attachait à Gustave, que ce prince était incapable de gouverner la Suède ; partant de là, il était entré dans la conspiration, mais avec l’espoir d’assurer la couronne au fils même du roi ou au moins à son oncle, le duc de Sudermanie. Il fut choisi pour diriger le mouvement, et il y porta toute la modération possible en pareille circonstances. L’on peut voir, à, l’article consacré à Gustave IV, comment ce drame s’accomplit ; comment, durant le long entretien du roi avec le vieux maréchal Klingzpor, Adlerscreutz pénétra jusqu’au prince, lui parla avec sévérité, mais avec respect, sur l’état de la Suède et comment, saisissant le bâton de commandement de l’adjudant général, il arrêta les Drabans (gardes du corps) qui venaient au secours de Gustave, appelés par ses cris. Pendant le trouble de cette scène, le roi étant parvenu à s’échapper par un escalier qui conduisait à la cour du château, ce fut Adlerscreutz ; qui envoya deux officiers à sa poursuite. Ceux-ci, rencontrèrent le veneur de Greiff, homme de grande force physique, qui, blessé par Gustave, le rapportait néanmoins dans ses bras. Adlerscreutz, accompagné de Silversparre, se rendit ensuite chez le duc de Sudermanie, pour lui proposer la régence du royaume, ou plutôt pour lui faire savoir que tout était terminé et qu’il pouvait désormais se montrer. (Voy. Charles XIII) Au reste, il paraîtrait qu’en ce moment Adlerscreutz ne soupçonnait point encore l’oncle de Gustave de vouloir s’emparer pour lui-même de la couronne. Seulement, dans le cas ou les espérances qu’il avait fondées sur le royal enfant ne pourraient se réaliser, il était déterminé à se rallier immédiatement au duc de Sudermanie, comme à un principe : c’est ce qui eut lieu en effet. — Le général jouit d’une grande influence dans les travaux de constitution qui suivirent. Membre de la diète, il y eut un parti puissant, opposé à celui d’Adlersparre. Les ambitions de ces deux hommes s’excluaient mutuellement, et la rivalité qui en naquit fut stérile pour le pays, si elle ne fut pas quelquefois contraire à ses intérêts. C’est ainsi qu’ils essayèrent de s’éloigner réciproquement du pouvoir ou du centre du gouvernement, Adlerscreutz en s’efforçant de faire partir Adlersparre pour l’expédition de Bothnie, et ce dernier en demandant qu’Adlerscreutz perdit son grade d’adjudant général : (Voy. l’article suivant.) Cependant ils avaient réuni leurs efforts à ceux du nouveau roi, pour faire désigner Christian d’Augustenbourg comme héritier du trône. À la mort si imprévue du prince royal, Adlerscreutz mit en avant, pour lui succéder, le duc d’Oldembourg, tandis qu’Adlersparre soutenait le frère de Christian ; mais on sait que la fortune favorisait un autre prétendant, le maréchal Bernadotte. Adlerscreutz, après la démission de son rival, resta auprès de Charles XIII ; mais les circonstances ne lui offrirent plus de rôle à jouer. Il était d’un âge avancé, et mourut peu de temps après que la dynastie de Ponte-Corvo fut arrivée au trône. H. D-z.


ADLERSPARRE (Georges), l’un des principaux acteurs de la révolution suédoise de 1809, était né en 1760, dans la province de Jamtland, d’une famille récemment anoblie. Il étudia jusqu’à l’âge de quinze ans à l’université d’Upsal, et entra immédiatement dans l’armée avec le modeste grade de