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ADR

Atticus. Il lui succéda dans son école, et s’acquit une si grande réputation, que l’empereur Marc-Aurèle l’ayant entendu a son passage à Athènes, l’emmena à Rome pour y professer. Il mourut sous le règne de Commode. Il nous reste quelques extraits de ses déclamations, publiés en grec et en latin par Léon Allatius ou Allacci, dans un recueil assez rare, qui à pour titre : Excerpia varia græcorum sophistarum ac rhetorum, Romæ, 1641, in-8o. On voit par ces extraits que la perte de ces ouvrages n’est pas à regretter. Les fragments ont été publiés par M. J. Conrad Orelli, à Leipsick, en 1816, à la suite du traité de Philon de Byzance sur les sept merveilles du monde. Adrien avait aussi écrit sept livres de Métamorphoses, un Traité sur les formes oratoires, en trois livres ; un discours intitulé : Phalaris ; des Épitres, etc. (Voy. Fabricius, Biblioth. gr., t. 4.). B-ss.


ADRIEN Ier, pape, né à Rome, d’une famille distinguée, fut élu en 772, après |a mort d’Étienne III, dans un moment ou l’Église de Rome avait besoin d’un nouveau protecteur. Les vexations des empereurs d’Orient contre quelques-uns des prédécesseurs d’Adrien (Voy. Martin Ier, Eugène Ier, et Silvère) avaient fait naître au peuple romain, aussi bien qu’au pape, le désir de se soustraire à la domination de la cour de Constantinople. Cette puissance était d’ailleurs bien affaiblie en Italie par son éloignement et par l’établissement des Lombards. Ceux-ci, de leur côté, n’en agissaient pas toujours très-bien avec la cour de Rome. Quelques-uns de leurs monarques avaient fait au pape des donations que leurs successeurs avaient révoquées ; Étienne II avait imploré le secours de Pepin, qui avait obligé Astolfe à une entière restitution. Didier, à son tour, revenait sur l’exécution du traité. Déjà il avait repris plusieurs villes de l’exarchat. Adrien s’adressa encore au roi de France. Charlemagne, qui régnait, alors, vint secourir le pontife, et porta ses armes dans la Lombardie. Au milieu des opérations du siége de Pavie, il se rendit a Rome pour visiter Adrien, qui le reçut avec des honneurs extraordinaires ; ce fut la qu’il confirma au pape la donation de Pepin, en y faisant de grandes augmentations. Adrîen, à son tour, créa Charlmagne patrice de Rome. Ainsi fut commencé un révolution mémorable qu’Adrien ne vit pas achever, le rétablissement de l’empire d’Occident ; il ne fut témoin que de la chute de la monarchie des Lombards. Au reste, il est bon d’observer que la donation de Charlemagne ne consistait encore qu’en droits utiles. Adrien en fit un digne usage ; il secourut les Romains affligés de la famine, enrichit l’église de St-Pierre de magnifiques ornements, et répandit d’abondantes aumônes. Il envoya des légats qui occupèrent la première place au second concile de Nicée, convoqué contre les iconoclastes, et à celui de Francfort, ou fut condamnée l’opinion d’Elipand. (Voy. ce nom.) Il mourut le 26 décembre 795, après avoir occupé le saint siége pendant 23 ans 10 mois et 17 jours. Il fut regretté des Romains, qui le pleurèrent comme leur père. Charlemagne l’honora aussi de ses larmes, et lui fit une épitaphe où il joignit son nom à celui du pontife, dans ces vers dicté par une religieuse amitié :

Nomina juago simul titulis, clarissime nostra :

Hadrianus, Carolus, rex ego, tuque pater.
Quisque legas versus, devoto pectore supplex,

Amborum mitis, dic, maisere Deus.

joignait à de grandes vertus, des talents politiques et littéraires. En faisant présent a Charlemagne du Recueil des canons, des Épitres des papes et des Décrétales, il l’accompagna d’une épître en forme de poëme, dont chaque vers commence par une lettre du nom du monarque. C’était, pour ce temps-là, un ouvrage très-recherché. Adrien 1er eut pour successeur Léon III. D-s.


ADRIEN II, élu pape le 14 décembre 807, après la mort de Nicolas Ier, était romain, et son père, qui fut ensuite évêque, se nommait Talare. Il avait refusé deux fois le pontificat, quoiqu’il y eût été porté unanimement après la mort de Léon IV et de Benoit III. Cette fois, le concours du peuple et du clergé fut si grand, et les instances si puissantes, qu’il ne put se dispenser d’accepter. Les ambassadeurs de l’empereur Louis se plaignirent de n’avoir pas été invités a cette élection. Les Romains répondirent qu’ils ne l’avaient ; point fait par mépris, mais de peur qu’il ne passât en coutume d’attendre les envoyés du prince pour l’élection du pape. Le peuple voulait même qu’il fût consacré sur-le-champ ; mais on attendit la réponse de l’empereur, qui ratifia l’élection, en déclarant qu’il n’entendait pas que l’on donnât rien pour la consécration d’Adrien, et qu’il voulait, au contraire, que, loin d’ôter quelque chose a l’Église romaine, on lui rendit ce qui lui avait été enlevé. Ces circonstances sont essentielles à remarquer pour faire voir à quel point le pape et les Romains aspiraient dès lors à l’indépendance[1]. Fleury prétend qu’Adrien était marié, et que sa femme, nommée Stéphanie, dont il avait une fille, vivait encore. Ce fait assez extraordinaire n’est cependant pas relevé par la plupart des historiens et des biographes modernes. Quoi qu’il en soit, Adrien, parvenu au siége pontifical à l’âge de soixante-seize ans, déploya une vigueur qu’on semblait ne devoir pas attendre de lui. Il poursuivit avec chaleur la condamnation de Photius, patriarche de Constantinople, qu’il fit déposer et soumettre à la pénitence publique. Adrien se brouilla dans la suite avec l’empereur Basile et avec l’archevêque Ignace, pour s’être opposé au rétablissement du patriarche de Carie et des prêtres de Bulgarie, qui avaient participé au schisme de Photius : il voulait qu’ils comparussent a Rome pour y être jugés,

  1. Le P. Barre dans son Hsitoire général d’Allemagne, dit qu’Adrien II fut élu par l’empereur Louis, mais qu’on conteste ce fait ; que Guillaume, successeur du bibliothécaire Anastase, assure au contraire, qu’on ne voulut pas même souffrir que les ambassadeurs de l’empereur assistassent à l’élection. Le P. Barre, pour établir le droit de l’empereur d’élire les pages, cite (t. 3 p. 424) un décret de Léon VIII, Qui accorde cette grande prérogative à Othon Ier et à ses successeurs ; mais quoique le savant archevêque da Marca ait voulu faire valoir ce décret, le P. Page et le P. Alexandre ont soutenu qu’il était apocryphe, et que Léon VIII était d’ailleurs un anti pape, de l’aveu même de M. de Marca