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AGI

paris et président du tribunal criminel du département de la Seine. Il n’accepta que le premier de ces deux emplois[1] et l’échangea plus tard (1802) contre celui de vice-président du tribunal d’appel, qu’il a conservé jusqu’à sa mort. Dans ces fonctions, dont la confirmation royale lui fut donnée le 18 septembre 1815, Agier s’est acquis une réputation incontestée d’équité et de droiture. Inflexible dans ses principes et dans ses opinions, rigide dans ses mœurs, il passa ses jours dans une studieuse retraite et consacra les loisirs que lui laissait sa place à la composition de différents écrits qui témoignent que la jurisprudence fut loin d’être son unique étude. Attaché par les relations de sa jeunesse à la secte janséniste, qui comptait des partisans si nombreux dans notre ancienne magistrature, Agier fut toute sa vie l’un des plus zélés défenseurs, non-seulement des libertés de l’Église gallicane, mais aussi de toutes les opinions de cette secte. Il a d’ailleurs adopté et développé, dans ses derniers ouvrages, d’autres doctrines systématiques sur les prophéties des livres saints et surtout de l’Apocalypse, qui paraissent se rapprocher beaucoup des anciennes erreurs du millénarisme, et qui n’ont fourni que trop de prétextes à l’accusation d’hérésie, portée contre lui par les théologiens que son opposition aux prétentions ultramontaines avait disposés à la sévérité. Le président Agier mourut à Paris, le 22 septembre 1823. — Ses ouvrages sont : 1° le Jurisconsulte national, ou principes sur les droits les plus importants de la nation ; nouvelle édition ; Paris, 1789, trois parties en un volume in-8o. Cet ouvrage est formé de la réunion de trois brochures que l’auteur avait publiées, sous le voile de l’anonyme, les 17 septembre 1787, 28 mai et 22 octobre 1789 ; il a pour objet de prouver que la liberté civile est au nombre des anciens droits de la nation française, qui n’en a été privée que par les envahissements successifs de la couronne ; que des assemblées nationales périodiques avaient eu seules, dans les premiers temps de notre monarchie, le droit d’établir et de répartir les impôts ; qu’elles avaient autorisé les emprunts et pris part à la formation de toutes les lois, etc. L’auteur finit en demandant le rétablissement de ces assemblées. 2° Vues sur la réformation des lois civiles, suivies d’un plan et d’une classification de ces lois, Paris, Leclerc, 1793, in-8o de 163 pages. L’auteur, égaré par les illusions de l’époque, voit dans l’inégale répartition des biens la cause d’une foule de maux. Il se sert du principe de Mably, qui était alors le publiciste à la mode : « Qu’une bonne législation doit continuellement décomposer et diviser les fortunes que l’avarice et l’ambition travaillent continuellement a rassembler ; » et l’adoption, établie sur des règles nouvelles, est le moyen qu’il propose pour atteindre ce but. 3° Du mariage dans ses rapports avec la religion et les lois nouvelles de France, Paris, impr.-libr. chrétienne, 1800, 2 vol. in-8o. La partie théologique de cet ouvrage est fortement empreinte des opinions jansénistes de l’auteur ; les décisions de morale y sont d’une extrême rigidité ; la polémique contre les défenseurs de la cour de Rome y est souvent passionnée ; mais tout ce qui tient à la jurisprudence peut être utile aux gens de loi. 4° Psaumes nouvellement traduits en français sur l’hébreu et mis dans leur ordre naturel, avec des explications et des notes critiques, et auxquels on a joint les Cantiques évangéliques et ceux de Laudes, selon le Bréviaire de Paris, également avec des explication et des notes, Paris, 1809, 3 vol. in-8o. Agier a suivi pour cette traduction le texte hébreu, tel qu’il a été corrigé et épuré par les travaux du P. Houbigant, de Kennicottet de J-B. de Rossi. Il a divisé les psaumes en trois catégories : 1° ceux qui contiennent des prophéties relatives à la venue de Jésus-Christ ; 2° ceux dont les prophéties concernent l’Église ; 3° les psaumes moraux. 5" Psalmi ad hebraicam veritatem translati et in ordinem naturalem digesti ; accesserunt Cantica tum evangelica, tum reliqua, in Laudibus, juxta Breviarium parisiense decantata, Paris, 1818, 1 vol. in-16. Cette version latine des Psaumes est faite d’après le texte hébreu, épuré par les plus habiles hébraïsants du 18e siècle. 6° Vues sur le second avènement de Jésus-Christ, ou Analyse de l’Ouvrage de Lacunza sur cette importante matière, Paris, 1818, in-8o de 120 pages. (Voy. Lacunza et Lambert.) Agier s’est laissé séduire par toutes les illusions de ces millénarismes et il les adopte aveuglément. 7° Prophéties concernant Jésus-Christ et l’Église, éparses dans les livres saints, avec des explications et des notes, Paris, 1819, 1 vol. in-8o, contenant l’exposition de vingt prophéties, prises dans les livres saints qui ne sont pas purement prophétiques, et l’explication de quelques autres, etc. 8° Les Prophètes nouvellement traduits de l’hébreu, avec des explications et des notes critiques, Paris. 1820-1822, 9 vol. in-8o, ainsi divisés : Isaïe, 1820, 2 vol. ; Jérémie, 1821, 1 vol. ; Appendice de Jérémie, 1821, in-8o de 188 pages, contenant : 1° l’Instruction aux captifs ; 2° les Lamentations ; 3° BaruchEzéchiel, 1821, 2 vol. ; Daniel, 1822, 1 vol. ; les Petits Prophètes, 1822 ; 2 vol. Ces traductions ne sont point accompagnées du texte, mais elles sont exécutées dans un système de fidélité littérale qui les rend curieuses. Les commentaires de l’auteur contiennent, les uns l’explication des prophéties dans le sens mystique et théologique, les autres, rejetés à la fin de chaque volume sous le titre de notes, ne sont relatifs qu’à la philologie hébraïque et à la critique du texte. Agier se montre partisan zélé et quelquefois bizarre du jansénisme et du millénarisme. 9° Commentaire sur l’Apocalypse, par l’auteur de l’Explication des psaumes et des prophéties, Paris, avril 1823, 2 vol. in-8o. Les rapprochements que l’auteur a faits, dans cet ouvrage ; de divers passages de l’Apocalypse avec les livres de l’ancien Testament, lui ont suggéré quelques vues nouvelles et quelques conjectures

  1. En sa qualité de juge au tribunal d’appel, Agier fit partie des deux commissions prises, aux mois de mai et de décembre 1804, dans le sein de cette compagnie, et chargées de présenter au pouvoir législatifs des observations sur les projets des Codes civil et de commerce