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AGI

troupes vaincues par les assiégés, et son fils tué dans une sortie. L’Andalousie entière prit les armes contre lui, et reconnut Athanagilde, qui battit à Séville les troupes de son adversaire. Les malheurs d’Agila, sa lâcheté et sa tyrannie, achevèrent de lui aliéner le cœur de ses partisans, qui, pour obtenir grâce du vainqueur, massacrèrent Agila, l’an 554 après qu’il eut régné 3 ans. B-p.


AGILES (raymond d’), chanoine du Puy, a écrit l’histoire de la croisade de 1095, dans laquelle il accompagna Adhémar, son évêque. Le comte de Toulouse le nomma son chapelain et l’admit dans l’intimité de ses conseils. Raymond, indigné que de lâches déserteurs abandonnassent l’armée pour aller répandre en Occident des nouvelles déshonorantes pour les croisés, prit la résolution de faire connaître la vérité. Étant revenu en France et ayant été nommé chanoine de la cathédrale du Puy, il mit en ordre les matériaux qu’il avait recueillis en Orient et composa son Histoire, dans laquelle il a fidèlement exposé les événements dont il avait été lui-même témoin. Elle a paru sous ce titre : Raymomdi de Agila, canonici Podiensis, Historia Francorum qui ceperunt Hierusalem, dans le recueil : Gesta Dei per Francos. ( Voy. Bongars.) L’auteur raconte naïvement ce qu’il a vu : il intéresse surtout quand il peint la joie des croisés qui montaient au tombeau de Jésus-Christ, en chantant des hymnes sacrés. Il termine son ouvrage à l’époque où le comte de St-Gilles, après avoir quitté la ville sainte, repasse le Jourdain. La diction latine d’Agiles est pure, quelquefois élégante ; mais il a négligé de rapporter les dates, et sa narration n’est point facile à suivre. Il a servi de guide à Guillaume de Tyr. G-y.


AGILMAR ou AIMAR, 43e évêque de Clermont, florissait au 9e siècle. On conjecture avec beaucoup de vraisemblance qu’il descendait des comtes d’Amaous[1], dans la haute Bourgogne. Il occupait depuis peu de temps le siége épiscopal, lorsque les Normands fondirent sur l’Auvergne et la ravagèrent. Forcé d’abandonner son diocèse, le pieux évêque vint chercher un asile dans le comté d’Amaous. Il y apporta les restes vénérables d’un de ses prédécesseurs, St. Illis (Illidius)[2], et de St. Vivent (Viventius)[3], moine de Poitiers, qu’il déposa dans deux cryptes ou grottes autour desquelles se formèrent bientôt des villages considérables. Agilmar assista, en 876, au concile de Pontigny (Pontiniacum)[4]. L’année suivante, il se trouvait en Italie, puisqu’il fut un des prélats qui jurèrent foi et fidélité à Charles le Chauve, dans l’assemblée de Pavie. (Savaron, Orig. de Clermont, p. 62.) Honoré de la confiance du pape Jean VII, il fut, en 878, député par ce pontife vers le roi Louis le Bègue, et remit à ce prince une lettre de créance dont on trouve un assez long fragment dans les Acta sanctorum, janvier, t. 1, p. 813, dans la Gallia christiana, etc. Cette lettre est très-honorable pour Agilmar. Son nom se retrouve au bas des actes du concile de Méhun-sur-Loire, en 891 ; mais on ignore le lieu et la date de sa mort. W-s.


AGILULPHE, duc de Turin et roi de Lombardie. Lorsqu’Antharis, 3e roi des Lombards, mourut à Pavie, le 5 septembre 590, les chefs de la nation invitèrent Théodelinde, sa veuve, à se choisir un nouvel époux, qu’ils promirent de reconnaître pour leur roi. Théodelinde fit choix d’Agilulphe, duc de Turin, prince belliqueux, parent du dernier roi, et qui joignait à la figure la plus propre à plaire, des talents et des vertus qui le rendaient digne de commander. La reine, sans lui annoncer son choix, le fit prier de se rendre à la cour. Elle alla au-devant de lui jusqu’à Lomello, et là, s’étant fait apporter une coupe, elle en but la moitié, puis elle l’offrit à Agilulphe pour qu’il l’achevât. Celui-ci, en lui rendant la coupe, baisa respectueusement la main de sa souveraine : « Ce n’est point là, reprit Théodelinde en rougissant, le baiser que je dois attendre de celui que je destine à être mon seigneur et mon maître. La nation lombarde m’accorde le droit de lui choisir un roi, et c’est vous qu’elle invite, par ma voix, à régner sur elle et sur moi. » Le royaume des Lombards était toujours en guerre avec les Grecs, qui possédaient encore l’exarchat de Ravenne et le duché de Rome. Ceux-ci réussirent à soulever contre Agilulphe plusieurs seigneurs lombards, et entre autres le duc de Pérouse. Le roi, après avoir puni ce dernier, vint mettre le siége devant Rome ; l’effroi du pape, Grégoire le Grand, et de son troupeau, fut extrême, d’autant plus qu’Agilulphe et son armée professaient l’arianisme ; mais Théodelinde, attachée à la religion catholique, interposa ses bons offices en faveur des Romains. Grégoire travailla ensuite avec chaleur à négocier une paix entre Agilulphe et l’empereur grec Maurice, et cette paix fut enfin conclue en 599 ; il est vrai que Callinicus, exarque de Ravenne, qui l’avait signée, ne l’observa pas longtemps. Les villes de Crémone et de Mantoue dépendaient encore de l’Empire ; de là, l’exarque envoya, en 601, une petite armée qui surprit Parme, et enleva dans cette ville Godescalchi, gendre du roi, avec sa femme et sa famille. Agilulphe, pour venger cette injure faite au sein de la paix, mit le siége devant Padoue, l’enleva aux Grecs après de longs combats, la livra aux flammes, et en rasa les murailles. Deux ans plus tard, il s’empara de Crémone et de Mantoue, et détruisit entièrement la première de ces deux villes ; mais il observa la capitulation qu’il avait accordée à la seconde. Après ces conquêtes, il consentit à

  1. Pays qui s’étendait entre le Doubs et la Saône, depuis Dôle jusqu’à la jonction de ces deux rivières.
  2. Le même que St. Allyre. On trouve cinq villages de ce nom dans l’Auvergne et deux dans le Bourbonnais. Celui de Franche-comté, qui doit son origine à la possession d’une partie des reliques de l’évêque de Clermont, se nomme Saint-Yllie.
  3. Agilmar confia les reliques de St. Vivent à des moines de la règle de St-Benoit, auxquels il abandonna tous les biens qu’il possédait dans le comté d’Amaous. Ces reliques, chassèes par les Normands, furent recueillies par Manasses, sire de Vergy, qui leur donna, près de Nuits, une terre, laquelle prit aussi le nom de 4 Sl-Vivent.
  4. Et non Pont-sur-Yonne, comme le disent plusieurs auteurs.