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terrible expédition ouvrit aux Afghans la route du Cachemir. Ce beau pays leur fut livré par le perfide gouverneur mogol. Enfin, après une brillante et longue carrière, Ahmed-Schah mourut en 1775, non loin de la nouvelle ville de Candahar, commencée par Nadir, et terminée par lui. Sa couronne passa a son fils Tymour-Schah. L-s.


AHMED-DJESAIR. Voyez Avéis II.


AHMED-KAN, nommé aussi ; Nicodar ou Ny-Goudar, empereur mogol, de la race de Djenguyz-Kan (Gengizcan), succéda, l’an 1282 de J.-C., 684 de l’hégire, à son frère Abaca-Kan, et fut le premier souverain mogol qui embrassa l’islamisme. Ce changement de religion excita dans sa famille et dans l’État des troubles, qu’il lui fut d’autant plus difficile d’apaiser, que sa conduite ne fut pas dictée par une sage politique. Il retrancha aux médecins et aux astrologues juifs les rétributions qui leur étaient allouées, se déclara le protecteur zélé des musulmans, et fit élever de superbes mosquées sur-les ruines des anciens temples. Les émirs, mécontents de ces innovations, s’unirent à Canghour-Paï, frère d’Ahmed, et résolurent de renverser son autorité. Instruit de cette conjuration, l’empereur fit mettre à mort Canghour-Paï, et s’assura des princes séditieux. Mais sa cour elle-même était en proie aux factions. Arghoun-Kan, fils d’Abaca-Kan, et neveu d’Ahmed, ne voyait dans son oncle qu’un usurpateur, qui le privait du trône de son père ; il prit les armes, fut vaincu et fait prisonnier ; délivré ensuite par les émirs rebelles, il se vit bientôt à la tête d’une armée, et poursuivit l’empereur, qui tomba en son pouvoir, et fut livré aux enfants de Canghour-Paï, pour qu’ils pussent venger la mort de leur père. Ahmed subit le même sort que son frère, en 1284, après un règne de 2 ans et 9 mois. Ce prince faible avait cependant des qualités qui le rendaient digne d’un meilleur sort. Nous remarquerons que le nom de Ny-Goudar, qui signifie en persan homme de bien, parait être la corruption du mot Ten-Koudar, nom mogol donné à Ahmed-Kan par quelques auteurs, et dont nous n’avons pu découvrir le sens. J-n.


AHMED-RESMY-HADJY, conseiller du divan de la Sublime Porte, receveur des contributions de l’Asie et terky ou nichandjy. c’est-à-dire chancelier du Grand Seigneur, jouissait d’une grande considération auprès de son souverain, Moustapha III, qui le chargea de deux ambassades successives. Peu de temps après l’avènement de Moustapha, le 20 de rebyi 2e 1171 (1[[er}} janvier 1758), Ahmed partit pour Vienne, chargé d’annoncer à l’impératrice Marie-Thérèse l’avènement du nouveau sultan, qui désirait rester en paix avec une souveraine redoutable à ses ennemis, et chérie de ses peuples. Nous avons tout lieu de croire que ce négociateur remplit de la manière la plus satisfaisante les instructions qu’il avait reçues, puisque la paix fut maintenue entre les deux États, et le sultan ne tarda pas à lui confier une mission au moins aussi importante que la première : ce fut d’aller féliciter Frédéric le Grand des brûlants avantages qu’il avait remportés sur les Russes, les Autrichiens et les Français, et de consolider, par cette démarche, un traité conclu, des 1760, entre la Prusse et la Porte Ottomane. Frédéric avait entamé les négociations en 1744. Après avoir expédié différents ambassadeurs à Constantinople, il eut enfin la satisfaction d’en recevoir un de cette cour, si fière alors et si dédaigneuse envers tous les souverains de la chrétienté. Parti de Constantinople en juillet 1763, Ahmed ne revit cette ville que l’année suivante à la même époque. La relation, très-abrégée à la vérité, de ses ambassades, écrite par lui-même, renferme des observations piquantes sur les pays qu’il a visités, et sur les personnages avec lesquels il a entretenu quelques relations. Ses observations manquent souvent de justesse, et elles portent l’empreinte des préjugés musulmans. Cependant il témoigne la plus haute estime pour Frédéric, qu’il traite de grand guerrier et de grand politique. Il a consacré à ce souverain un chapitre particulier. Les deux relations d’Ahmed-Resmy ont été insérées dans les Annales de l’empire ottoman d’Ahmed-Ouassyf-Effendi, depuis 1754 jusqu’en 1774, imprimées en turc, à Scutari, en 1804, 2 vol. in-fol. Un orientaliste allemand, qui a voulu garder l’anonyme, sans doute parce qu’il était agent diplomatique, les a traduites dans sa langue. Cette traduction a été publiée par Nicolaï, libraire de Berlin, avec des notes de lui, du traducteur, et du major Menu de Minotoli, officier prussien ; Berlin, 1809, in-8o. L-s.


AHUITZOL, 8e empereur des Aztèques, ou anciens Mexicains, fut élu en 1477, à la mort d’Axajacatl. qu’il remplaça sur le trône. Ahuitzol recula les limites du Mexique ; et, par la réunion d’une nouvelle province, remplit la condition imposée aux empereurs nouvellement élus. Il renonça aussitôt après aux conquêtes, et ses trésors furent employés à encourager l’industrie et à embellir sa capitale ; mais sa passion pour, les nouvelles constructions faillit lui devenir funeste ; ce prince imprudent fit arriver dans Tenochtitlan, aujourd’hui Mexico, au moyen d’un aqueduc, les eaux de la rivière Huitzilopochoco, qui, ainsi détournée, grossit considérablement le lac de Tezcuco. Un de ses courtisans ayant osé lui montrer le danger auquel cet aqueduc exposait la capitale, ce prince le fit périr. Peu de temps après, ces eaux s’accrurent avec une si grande rapidité, que Ahuitzol lui-même manqua d’être noyé dans son palais, et fut blessé grièvement à la tête en cherchant a s’échapper. Cette grande inondation eut lieu en 1498. Les historiens aztèques rapportent qu’on vit sortir des entrailles de la terre de grandes masses d’eau, qui contenaient des poissons qu’on ne trouve qu’à une grande distance dans les rivières des régions chaudes, tierya caliente. Puni de son imprudence, l’empereur mexicain fit agrandir et réparer la digue élevé par ordre de Montezuma 1er, pour garantir la capitale des inondations ; il essaya ensuite d’abolir la coutume barbare de sacrifier les prisonniers, et d’arroser de sang humain les autels des dieux ; et, s’il n’y réussit pas entièrement, au moins diminua-t-il le nombre des victimes. Ce mo-