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logne. Le grand vizir Cara-Ibrahim, dans l’intention de le perdre, l’opposa aux impériaux, en Hongrie. Aïndjy·Soliman, averti que sa nouvelle dignité n’était qu’un piège dressé par son ennemi, se rendit à Constantinople, sous prétexte de remercier Cara-Ibrahim : il parvint à le supplanter, et partit pour l’armée, revêtu du titre de grand vizir. Il ne put empêcher les Impériaux d’assiéger Dude, en 1686. En vain essaya-t-il de secourir cette place, le duc de Lorraine l’emporta sous ses yeux : Aïndjy-Soliman fut forcé de se retirer. Le général Vétérani le battit, et lui enleva Sregedin, à la suite de la victoire. L’année 1687 fut encore plus malheureuse pour ce grand vizir : les ducs de Lorraine et de Bavière le mirent en déroute à Mohacz, champ de bataille fameux qui rappelait des souvenirs de gloire aux Ottomans : il se borna à jeter des secours dans Essek et dans Péterwaradin, et se retira sous Belgrade. Ne pensant plus à attaquer, mais à se défendre, il voulut envoyer à Agria un renfort de janissaires et de spahis, qui refusèrent de marcher, s’il ne se mettait lui-même à leur tête. Le grand vizir Soliman voulut en vain les y contraindre, et la révolte de 1688 commença. Aïndjy-Soliman fut obligé de fuir et d’aller se réfugier aux pieds de Mahomet IV, qui reçut de lui les premières nouvelles de la sédition. Le sultan lui promit de le protéger, et il se perdit lui-même sans sauver son malheureux grand vizir. Caché chez un Grec qui demeurait près du sérail, son asile n’était connu que de son maître et du Kislar-Aga. Mahomet IV refusa constamment de le livrer à l’armée, qui demandait sa tête. Les rebelles avançaient sur Constantinople ; il fut forcé alors de céder à la nécessité, et envoya par un chiaoux la tête d’Aïndjy-Soliman. La mort tardive de ce grand vizir n’empêcha pas la chute de son maître ; et la honteuse condescendance avec laquelle Mahomet IV l’avait sacrifié ne tourna ni à sa gloire ni à sa sûreté. S-y.


AINE (Marie-Jean-Baptiste-Nicolas d’), né à Paris en 1735, fut maître des requêtes et successivement intendant de Pau, de Limoges et de Tours. Il mourut à Paris, le 25 septembre 1804. On a de lui : 1° une traduction des Églogues de Pope, qui se trouve dans le Mercure de 1753, et dans la Nouvelle Bigarrure, t. 2, p. 75 et suiv. ; 2° Économie de la vie humaine, trad. de l’anglais de Dodsley, 1752, in-12 ; Édimbourg, 1782. C. T-y.


AINSLIE (Georges-Robert), lieutenant général anglais, gouverneur de la Dominique, où il rendit d’importants services. Après avoir quitté la carrière militaire et administrative, il consacra ses loisirs à la numismatique ; ses recherches portèrent principalement sur les médailles et monnaies anglo-normandes, et il parvint à en rassembler une précieuse collection. Il a publié en 1830 un historique de ses découvertes, sous le titre de Anglo-French Coinage. Ainslie est mort en 1859, à Édimbourg ; il était ne en 1776. H-x.


AINSWORTH (Henri), théologien anglais, d’une secte de non-conformistes, vivait à la fin du 16e siècle, et au commencement du 17e. On ne connait ni la date ni le lieu de sa naissance. Il s’était attaché à la secte des brownistes, qui, ayant renoncé à toute communion avec l’Église anglicane, ne voulaient reconnaître aucune espèce d’autorité ecclésiastique ; ce qui lui attira une persécution cruelle sous le règne très-intolérant de la reine Élisabeth. Ainsworth fut oblige, comme beaucoup d’autres non-conformistes, d’aller chercher un asile en Hollande ; là il fut choisi pour ministre d’une congrégation indépendante, dans laquelle l’esprit de secte suscita des disputes si violentes, qu’elles amenèrent bientôt la dissolution de la société. Tout en respectant le zèle et la piété de ces hommes qui s’exilaient volontairement pour défendre ce qu’ils croyaient la vérité, on ne peut trop s’étonner de les voir donner le scandale de l’intolérance la plus furieuse, dans les pays où ils allaient solliciter l’indulgence des autres communions ; et ce qui ajoutait au scandale, c’étaient les questions futiles qui souvent composaient le sujet de leurs querelles. On lit, dans une Histoire des Presbytériens, par Heylin, qu’Ainsworth eut une dispute, accompagnée de beaucoup d’injures et d’invectives, avec un des théologiens de sa communion, sur la question de savoir si l’éphod de lin d’Aaron était de couleur bleue ou verte. Ces divisions entre les brownistes d’Amsterdam déterminèrent Ainsworth à quitter cette ville, pour aller chercher une retraite en Irlande ; mais n’y ayant pas trouvé la tranquillité qu’il espérait, il revint en Hollande, où il resta jusqu’à sa mort, dont la cause et les circonstances sont assez singulières. Il trouva un jour, dans la rue un diamant d’une valeur considérable ; il en donna avis dans les papiers publics, et il découvrit que le diamant appartenait à un juif. Celui-ci offrit à Ainsworth une somme d’argent, en reconnaissance du service qu’il lui rendait ; Ainsworth rejeta cette offre avec fierté ; mais il demanda au juif, pour toute récompense, de lui procurer une entrevue avec quelques savants rabbins, à qui il voulait demander des éclaircissements sur les prophéties de l’Ancien Testament concernant le Messie. Le juif le promit, mais probablement ne se trouva pas en état de remplir sa promesse. Ainsworth renouvela ses instances, et l’on prétend que, pour se délivrer de ses importunités, ou par quelque autre motif impossible à deviner, le juif prit le parti de l’empoisonner. Un tel crime, fondé sur un si étrange motif, est bien peu vraisemblable. Quoi qu’il en soit, la mort d’Ainsworth, dont la date est incertaine, est fixée par quelques biographes, à l’an 1629. Il a été regardé comme le plus savant théologien de son parti. Le plus considérable de ses ouvrages est une suite d’Annotations sur l’Ancien Testament dont la dernière édition, imprimée en 1 vol. in-fol., en 1639, est devenue extrêmement rare. Ce volume contient un discours préliminaire sur la vie et les écrits de Moïse ; une traduction littérale du Pentateuque, avec des remarques, tirées particulièrement des écrivains rabbiniques ; une dissertation Sur l’authenticité du texte hébraïque ; une vie de David ; des notes sur le Livre des Psaumes et une traduction du Cantique des cantiques, avec des