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prendre. Il exerça le même emploi auprès du dauphin et des enfants de France. Le cardinal de Fleury fit sa fortune. Son titre de sous-précepteur lui ouvrit les portes de l’Académie française, où il fut reçu le 30 décembre 1723. Le poëte Roi, qui se permit des plaisanteries sur cette élection, fut mis à la Bastille. Le marquis et l’abbé de Dangeau faisaient grand cas d’Alary, qui passait pour un homme plein de finesse dans l’esprit et de très-bon commerce. Il avait quitté la cour depuis longtemps lorsqu’il mourut à Paris le 15 décembre 1770, sans laisser aucun ouvrage. Piron composa aussi contre lui quelques épigrammes. ─ François Alary a fait réimprimer à Rouen, en 1701, in-12, la Prophétie du conte Bombaste, chevalier de la Rose-Croix, neveu de Paracelse, publiée en l’année 1609, sur la naissance de Louis le Grand.


ALARY (Jean), avocat et polygraphe. On ne sait ni la date de sa naissance ni celle de sa mort. Il était de Toulouse. Son père, placé à la tête du présidial de cette ville, y mourut, laissant à son fils des affaires assez épineuses pour lesquelles le jeune Alary fut obligé de se rendre à Paris. Il avait fait d’assez bonnes études, aussi fut-il reçu avocat au parlement de Paris, comme il l’était déjà à celui de Toulouse ; mais il fut moins heureux ou moins distingué dans ses travaux littéraires, et l’on est étonné à bon droit de voir un littérateur du siècle qui produisit Corneille faire suivre un recueil de Récréations poétiques, qu’il avait publié en 1605, d’un ouvrage intitulé puérilement : Abrégé des longues études, ou Pierre philosophale des sciences, et dédié, non moins puérilement, aux princes, ambassadeurs, magistrats, financiers, regnicoles, étrangers, enfin à la noblesse. Les dames n’étaient pas non plus oubliées. L’auteur promettait dans ce livre de donner sur toutes choses des règles nouvelles et facilement praticables. Il eut des disciples qu’il initia à ses connaissances, toutefois en leur cachant quelques règles qui devaient surtout faire le fondement de sa gloire, et dont il espérait doter la France. Cependant ce bonheur même lui manqua : un homme de qualité, qu’un écrivain avait introduit chez Alary, lui surprit treize de ces règles, dont il se réservait le secret. Ce fut le sujet d’une requête au roi, présentes en 1620 par cet esprit malade. Il eut même, en cette occasion, l’appui de quelques prélats. Outre les deux ouvrages que nous venons de citer, il fit encore le Lys fleurissant pour la majorité du roi, 1615, in-8o, et la Vertu triomphante de la fortune, Paris, 1622. L’auteur, dans ce dernier écrit, offrait ses services à la reine-mère. Mais on se contenta de louer son esprit : on est plus porté, dans tous les temps, à tourner en ridicule les caractères de cette nature, qu’a compatir, à leurs maux. Ainsi jeté dans une carrière pour laquelle il n’était pas fait, il ne dut guère y briller. ─ Il y avait, cela devait être, de l’enflure et de la bizarrerie dans sa manière ; et, s’il en faut croire Colletet, ses habitudes n’étaient pas moins singulières. À la cour comme à la ville, il portait une barbe longue, épaisse, un chapeau carré et trop haut, de la mode du temps passé ; enfin un manteau doublé de peluche, et qui, même en été, lui descendait au-dessous des talons. Cette excentricité le fit appeler le philosophe crotté. Sa modestie ne s’en offensait point, dit Colletet, qui était, comme l’on sait, fort en état d’apprécier une telle abnégation de caractère. V. R-d.


ALARY (George), supérieur des missions étrangères, né le 10 janvier 1731, à Pampelone, dans le diocèse d’Alby, embrassa des sa jeunesse la carrière apostolique, et se rendit, en 1764, à Siam, ou il fut nomme pro-vicaire de la mission, et fit des conversions nombreuses. En 1765, les Birmans étant inopinément tombés sur la population chrétienne de Mergui, dont l’administration spirituelle était confiée à Alary, il fut dépouille de ses vêtements, et emmené captif à Rangon, au royaume d’Ava, ou il se fit chérir de tous les habitants par sa douceur évangélique. Après neuf mois de captivité, il lui fut permis de passer au Bengale, puis à Pondichéry, à Macao et enfin en Chine. dans la province de Kouei-Tcheou, où l’Évangile n’avait pas encore pénétré. Il y fonda des églises chrétiennes, qui sont encore aujourd’hui très-nombreuses. Pendant la persécution qui s’éleva en 1769, il accompagne le P. Pottier dans la capitale du Chensi, pour y recevoir la consécration épiscopale. Ils firent ensemble deux cents lieues dans un pays inconnu, n’ayant avec eux qu’un catéchiste chinois. Ce fut à cette époque que les directeurs des missions le rappelèrent à Paris : il revint en France en 1773, et se rendit d’abord à la Trappe, ou il prit la résolution de passer le reste de ses jours dans les austérités de la pénitence. Alors le pape Clément XIV, à la prière des directeurs du séminaire, lui adressa l’ordre de se rendre à Paris et d’y exercer les fonctions pour lesquelles il avait été rappelé de la Chine. Alary obéit à ce bref, qui était conçu dans les termes les plus honorables : chargé d’instruire les jeunes ecclésiastiques qui se disposaient aux travaux de l’apostolat, il remplit cette mission avec autant de zèle que de sagesse. Ce fut lui qui. depuis cette époque jusqu’à la révolution, forma tous les missionnaires qui furent envoyés dans l’Orient. Lorsque la révolution renversa tous les établissements religieux, Alary se réfugia en Angleterre, où, avec deux de ses confrères, il s’occupa encore d’instruire les missionnaires. Les trappistes s’étant réunis en communauté dans ce pays, Alary, malgré son grand âge, conçut de nouveau le projet d’embrasser leur pénible règle. Il avait commence son noviciat, mais ses forces ne lui permirent point de mener un genre de vie aussi dur. En 1802, lorsque Napoléon releva les autels, Alary rentra en France et ne tarda pas à devenir supérieur du séminaire des missions ; mais ses infirmités le contraignirent à se démettre de ses fonctions en 1809. Depuis ce moment, il ne sortait plus de sa chambre que pour assister aux offices. Sa vie, si pleine de bonnes œuvres, se termina le 4 août 1817, ─ Étienne-Aimé Alary, né à Montpezat, dans le Vivarais, en 1762, embrassa dés sa jeunesse l’état ecclésiastique, et se montra, dés le commencement de la révolution, fort opposé à ses principes. Il se