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riques, et des syllogismes qui en dérivent ; la troisième, des lieux communs ou principes de toute argumentation ; la quatrième, des propositions et syllogismes hypothétiques ; la cinquième, de la division et de la définition. « Nous pouvons affirmer, dit M. cousin, que cet ouvrage, jusqu’alors inconnu, contient un monument de dialectique d’une vaste étendue, parfaitement ordonné, composé avec le plus grand soin, qui peut représenter à nos yeux les autres écrits d’Abailard sur les mêmes matières, et qui nous donne une idée exacte et complète de ses idées et de ses travaux dialectiques. » 4° Un fragment sur les genres et les espèces. « Nous le publions en entier, avec la conviction que nous ne possédons rien de plus important sur la philosophie de cette époque, et qu’une fois mis en lumière et livré aux historiens de la philosophie, ce fragment sera désormais la pièce la plus intéressante, dans le siècle d’Abailard[1]. » 5° Des fragments de gloses sur l’Introduction de Porphyre, sur les Catégories et sur le traité de l’Interprétation d’Aristote, et sur les Topiques de Boëce. C. W-r.


ABALLA, née à Salerne, appliqua toute sa vie à l’étude la médecine, et se rendit célèbre dans cet art sous le règne de Charles d’Anjou ; elle composa plusieurs ouvrages, entre autres un savant Traité sur la bile noire (de Atra Bili), dont il a été fait plusieurs éditions. V-ve.


ABANCOURT (Charles-Xavier-Joseph De Franqueville d’) neveu de Calonne, ministre de la guerre sous Louis XVI, naquit à Douai le 4 juillet 1758 ; il était en 1789 capitaine au régiment de Mestre de camp, cavalerie ; ayant adopté les principes de la révolution, il obtint un avancement rapide, et fut porté au ministère après la journée du 20 juin 1792. Décrété d’accusation à la séance du 10 août de la même année, il fut conduit dans les prisons de la Force, de là à Orléans, et ensuite massacré à Versailles, le 9 septembre suivant avec les autres prisonniers de la haute cour. Voy. Brissac (duc de). ─ Abancourt (Charles Frérot D’), adjudant général au service de France, résida longtemps en Turquie. Revenu en France, il fut chargé du dépôt des cartes et des plans militaires, leva une carte générale de la Suisse, et mourut à Munich en 1804.


ABANCOURT (François-Jean Willemain d’) né à Paris, le 22 juillet 1745, y est mort le 10 juin 1803 « Les poésies de cet auteur, disait, en 1722, l’abbé Sabatier de Castres, n’annoncent que de la médiocrité. » Ce jugement n’est pas trop sévère. On a d’Abancourt : 1° Fables, 1777, in-8o : la plupart avaient été insérées précédemment dans le Mercure ; 2° J. K. L. Essai dramatique, 1776, in-8o ; 3° Épîtres, 1780, in-8o ; 4° la Mort d’Adam, tragédie en 5 actes et en vers, traduite de Klopstok, 1776, in-8o ; 5° le Mausolée de Marie-Joséphine de Saxe, dauphine de France, poème qui a concouru pour le prix de l’Académie française, 1767, in-4o ; 6° plusieurs opuscules n vers, imprimés séparément : Lettre de Narwal à Williams : Lettre de Gabrielle de Vergy à sa sœur, Épitres à la vertu ; l’Anniversaire du Dauphin (1707) ; les Vœux forcés, lettre d’un religieuse à sa sœur, qu’on suppose destiné au même état, 7° quelques ouvrages dramatiques : l’école des Épouses, comédie ; le Sacrifice d’Abraham, poème dramatique en un acte ; la Bienfaisance de Voltaire, pièce dramatique en un acte ; Voltaire à Romilly ; la convalescence de Molière, etc. Il avait fait une riche collection de pièces de théâtre. Lorsqu’elles avaient eu plusieurs éditions, il se les procurait toutes ; et quand elles n’étaient point imprimées, il ne négligeait rien pour en avoir un manuscrit. A. B-t.


ABANO (Pierre d’), médecin et astrologue, naquit en 1250 au village d’Abano, près de Padou. Le nom latin de ce village est Aponus, c’est pourquoi Pierre est souvent appelé en latin Petrus de Apono, ou Aponensis. On le nomme aussi quelques fois Petrus de Padua. Il alla dans sa jeunesse apprendre la langue grecque, les uns disent à Constantinople, les autres seulement dans quelques-unes des îles sujettes de la république de Vienne. Voulant ensuite se livrer à l’étude de la médecine et des mathématiques, il revint à Padoue et y resta plusieurs années. Il en passa aussi plusieurs à Paris, où il fut reçu docteur en philosophie et médecine. Padoue le rappela pour professer la médecine, et ce fut pour qu’une chaire y fut fondé. Il acquit alors, comme médecin, une grande réputation, dont on prétend qu’il abusa quelques fois pour exiger des somme considérables de ses malades ; mais les traits que l’on rapporte de son avarice paraissent exagérés. En général, on a débité sur son compte beaucoup de fables. On lui attribue, entre autres habitudes personnelles, une telle horreur pour le lait, qu’il ne pouvait en voir manger sans éprouver un soulèvement de cœur. On voit par ses ouvrages qu’il avait lu tous ses livres de médecine que l’on connaissait de son temps. On y voit aussi qu’il mêlait à des connaissances réelles les rêveries de l’astrologie judiciaire. Il avait fait peindre sur la voûte de la salle publique, à Padoue, plus de 400 figures astrologiques. Le feu les ayant détruites en 1420, elles furent repeintes par le célèbre Giotto. Son entêtement pour cette fausse science, et ses connaissances réelles en philosophie naturelle et dans les mathématiques, science peu cultivés de son temps, le firent passer pour un magicien ; il fut aussi accusé d’hérésie. Ces accusations, dont il avait déjà eu à se défendre à Paris, furent deux fois renouvelées à Padoue par des médecins et d’autres ennemis jaloux de sa réputation. Les uns lui reprochaient, entre autres crimes, de ne pas croire aux démons, tandis que d’autres accusateurs attribuaient son savoir extraordinaire à sept esprits familiers qu’il tenait, disait-on, renfermés dans une bouteille. Après avoir échappé une fois aux inquisiteurs, par le crédit de ses amis, il ne leur échappa la seconde fois que par sa mort, arrivée en 1316 : il était âgé de 66 ans. Son procès était commencé et ardemment suivi. Malgré la précaution qu’il prit, en mourant de faire devant témoins,

  1. Cousin