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et même dans son testament, une profession de foi orthodoxe, l’inquisition acheva son procès, le jugea coupable d’hérésie, le condamna au feu, ordonna, sous peine d’excommunication, aux magistrats de Padoue d’exhumer son cadavre, pour qu’il fût brûlé publiquement. La servante de Pierre, qui avait été, dit-on, pour lui autre chose qu’une servante, ayant entendu cette sentence, le fit déterrer et enterrer secrètement pendant la nuit dans une autre église. L’inquisition voulut procéder contre les auteurs et fauteurs de cet attentat ; mais le podestat et la commune de Padoue obtinrent qu’elle se contentât de lire en public la sentence, et de brûler le mort en effigie. Ses concitoyens lui rendirent un hommage tardif en plaçant, en 1420, son buste sur la porte de leur palais public, avec ceux de Tite-Live, d’Albert (prédicateur célèbre du 14e siècle), et de Jules Paul (jurisconsulte au 3e). les principaux ouvrages de Pierre d’Abano sont : 1° Conciliator differentiarum philisophorum et præcipus medicorum, Venise, 1471 ; ouvrage souvent réimprimé, et qui fit donner à Abano lui-même le surnom de conciliateur : il s’y proposait la tâche difficile de concilier les opinions diverses des médecins et des philosophes. Il y cite souvent Averroès, dont il parait avoir été le premier en Italie à citer et à vanter les ouvrages. 2° De venenis, eorumque remediis, non moins souvent réimprimé que le précédent, tantôt dans le même volume et tantôt séparément. Cet ouvrage, fort rare, a été traduit en français par Lazare Boet, Lyon, 1593, in-16. 3° Expositio problemium Aristotelis, Manium 1473, in-4o, et plusieurs fois imprimé depuis. 4° La Fisionomie du concilator Pierre de Apono, Padoue, 1474, in-4o ; la même, traduite en latin : Decisiones physionomics, 1548 in-8o. La bibliothèque royale possède un manuscrit de cet ouvrage, ou d’un autre de la même matière, qu’il publia pendant son séjour à Paris, sous ce titre : Liber compilationis physionomics a Petro de Padua in civitate Parisensi editus ; il est sous le n° 2598, in-fol. 5° Hippocratis de medicorum astrologia libelius, ex gr. in lat., Venise, 1485, in-4o. 6° quæstiones de febribus, Padoue, 1482, Ms. de la bibliothèque royale, n° 4872. 7° Textus mesues noviter emendatus. Petri Aponi medici clarissimi in librum Joannis Mesus additio (id est, de ægritudinibus corporis, et de ægritudinibus membrorum nutritionis), Venise, 1505, in-8o. 8° Astrolobium planum in tabulis ascendens, continens qualibet hora atque minute aquationes domorum coli, etc., Venise, 1502, in-4o. 9° Geomantica, Venise, 1549, in-8o. 10° Diomocides digestus alphabetico ordine, Lyon, 1542, in-4o. 11° Galeni Tractatus varita Petro Paduano latinitate donati. Cette traduction est conservé en manuscrit dans la bibliothèque Saint-Marc, à Venise. 12° La traduction latine de sept traités d’astrologie du célèbre rabbin de Tolède, Aben-Hexra, imprimé ordinairement avec le traité Duobus criticis du même rabbin, traduit par un autre auteur. G-K.


ABANTIDAS, fils de Paséas, usurpa le pouvoir souverain à Sicyoue, vers l’an 267 avant J-C., en tuant Clinias, père d’Aratus, qui était à le tête du gouvernement. Abantidas poursuivait avec fureur tout les parents et amis de ce vertueux citoyen ; mais Aratus échappa à ses recherches. L’usurpateur se plaisait beaucoup à entendre disputer Dinias et Aristote le dialecticien ; ce deux philosophes, voulant délivrer leur patrie, lui dressèrent une embuscade et le tuèrent. Sicyoue ne devint pas libre pour cela, car Paséas, père du tyran, se mit sur-le-champ à sa place. C-r.


ABAQUA Voyez Maximim


ABARCA BOLEA Y PORTUGAL (don Jérome de), un des plus grands seigneurs de l’Aragon, vécut au commencement du 16e siècle. Retiré à sa terre de Cadrette à cause de sa mauvaise santé, il composa une Histoire du royaume d’Aragon, qu’il a laissée imparfaite, et qui n’a jamais été publiée. Zurita, le plus célèbre des historiens d’Aragon, y a beaucoup puisé, et il avoue que l’ouvrage d’Abarca est écrit avec tant de jugement et d’élégance, que si sa santé lui eut permis de l’achever, il aurait rendu inutile toute autre histoire de ce royaume. ─ Abarca (Pierre), jésuite espagnol, né à Jan en Aragon, en 1619, enseigna la théologie pendant vingt-cinq ans, et mourut à Palenria, le Ier octobre 1693. Il a publié en latin divers traités de théologie, et en espagnol une histoire d’Aragon sous ce titre : los Reyes de Aragon en annales historicos distribuidos, Madrid et Salamanque, 1682 1684, 2 vol. in-fol. Ce touvrage, très-estimé, et remarquable par de savantes recherches, est devenu fort rare. (Voy. le Catalogue de Santander.) C-T-Y.


ABASCAL (Don José-Fernando), capitaine général des armées espagnoles, né en 1745 à Oviédo, ou il fit ses études, entra en 1762 au service, où il se distingue par son ardeur à acquérir les connaissances qui lui manquaient. Il fut de l’expédition d’Afrique en 1775, et se trouva à la bataille d’Alger. Promu, a trente ans, au grade de colonel, il servit en cette qualité dans la guerre qui fut déclarée à l’Espagne par la république française. Trois ans après, il fut élève au rang de brigadier par Charles IV, qui l’envoya exercer les fonctions de lieutenant de roi à Cuba : il concourut à fortifier les places de cette île et à défendre la Havane, lorsqu’elle fut attaquée par les Anglais. Son zèle, dans ces circonstances, fut récompensé par le commandement général et l’intendance de la Nouvelle-Galice, ainsi que par la présidence de la cour royale de la Guadalaxara. Pris par les Anglais dans la traversée, il s’échappa et se rendit par terre de Rio-Janeiro à Lima. On sait que ce fut alors que les insurrections des colonies espagnols commencèrent. À peine arrivé, Abascal eut à résister aux attaques de 30,000 Indiens soulevés, qu’il parvint à réprimer. Il obtint, en 1804, avec le grade de maréchal de camp, la vice-royauté du Pérou, et son administration dans cette contrée eut d’abord d’heureux résultats. Mais l’invasion de l’Espagne par Napoleon, en 1808, et les évènements qui en furent la suite, causèrent de nouveau troubles dans les colonies d’Amerique. Le but déclaré des insurgés fut desormais de s’affranchir entièrement de toute sou-