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rita, par son respect pour les dieux et leurs ministres, d’occuper une place dans l’histoire. Lors de la prise de Rome par les Gaulois, les vestales s’enfuirent avec le feu sacré, et les autres objets du culte auxquels on pensait que le salut de la république était attaché ; Albinus emmenait sur un chariot sa femme et ses enfants, lorsque les vestales arrivèrent au Janicule. Il s’aperçut qu’elles étaient accablées sous le poids de leur pieux fardeau, et qu’elles avaient les pieds ensanglantés : aussitôt il fit descendre sa famille, et conduisit les prêtresses à Céré, bourgade d’Etrurie, où elles reçurent un accueil plein d’humanité, et continuèrent à exercer leur ministère. On prétend que le nom de cérémonies fut alors donné, pour la première fois, à leurs rites religieux. D-t.


ALBINUS, philosophe platonicien, vivait à Smyrne, sous le règne d’Antonin le Pieux, et fut contemporain de Galien, qui suivit ses leçons. Il est auteur d’une Introduction aux Dialogues de Platon, que Fabricius a insérée dans le 2e volume de sa Bibliothèque grecque : on la trouve aussi dans l’édition gr.—lat. de trois Dialogues de Platon, donnée par Guill. Etwal. Ozonii, typ. Clarend, 1771, in-8o. Fischer a aussi placé cette Introduction à la tête de son édition de l’Euthyphron de Platon. D. l.


ALBINUS (Pierre). historien distingué, né à Schneeberg, dans la Misnie, s’appelait proprement Weiss (le blanc). Après avoir fait ses études à Leipsick et à Francfort, il fut nommé professeur de poésie à Wittenberg, et, peu après, historiographe et secrétaire privé de la maison de Saxe, place qu’il remplit sous les électeurs Auguste et Christian Ier. Il mourut à Dresde en 1598. Les défauts de son style et de sa manière historique sont plutôt ceux du temps que les siens, et son exactitude, son érudition lui ont valu de justes éloges. Parmi ses nombreux ouvrages, les principaux sont : 1° une Chronique de Misnie, publié à Wittenberg et à Dresde, en 1580 et 1590 ; 2° Scriptores varii du Russorum religione, Spire, 1582 ; 3° Tabmlettes généalogiques de la maison de Saxe (en allem.), Leipsick, 1602 ; 4° Historiæ Thuringorum novæ Specimen : il se trouve dans les Antiquit. regni Thuringici. de Sagittaire. G-t.


ALBINUS (Bernard), dont le vrai nom était Weiss, naquit à Dessau, dans la province d’Anhalt, en 1653, d’un bourgmestre de cette ville. Après avoir étudié successivement à Brème et à Leyde, il prit, en 1676, le grade de docteur en médecine, voyagea ensuite en Flandre, en France, en Lorraine, et revint, en 1681, occuper une chaire de professeur à Francfort-sur-l’Oder. Il fit preuve alors des grands talents qu’il avait annoncés des sa jeunesse, et que son zèle pour l’étude avait développés de la manière la plus heureuse. Il devint successivement le médecin des électeurs de Brandebourg, et fut comblé par eux de richesses et d’honneurs. Un de ces princes lui ayant donne le canonicat de Magdebourg, en l’exemptant toutefois des devoirs qui y étaient attachés, Albinus eut la générosité de renoncer à cette place, parce que la haute fortune dont elle le faisait jouir pouvait faire ombrage à ses confrères. Longtemps le désir que ces princes avaient de retenir Albinus auprès d’eux l’empêcha de répondre aux offres qui lui étaient faites par les principales universités de l’Europe ; mais enfin, en 1702, il se rendit à celle de Leyde, et y professa dix-neuf ans, jusqu’à sa mort, arrivée en 1721 : il avait alors 68 ans. On a de lui plusieurs traités et mémoires relatif à la médecine, entre autres : 1° de Corpusculis in sanguins confondis ; 2° de Tarantula mira ; 3° de sacro Freyenwaldensium Fonis. Carrère, dans sa Bibl. de la Médecine, rapporte les titres de vingt-deux ouvrages d’Albinus. Berman Roërhaave prononça en latin, après la mort d’Albinus, un éloge académique, qui a été imprimé, et qui contient les principaux détails de la vie de ce savant médecin. C. et A-n.


ALBINUS (Bernard-Sifroy), fils du précédent, naquit à Francfort-sur-l’Oder en 1697, et mourut en 1770, à Leyde, après cinquante ans de professorat. C’est un des plus grands anatomistes dont, la médecine ait à s’honoré. Instruit par son père, et par les célèbres professeurs de l’école de Leyde, Rau, Bidloo, Roërhaave, il vint néanmoins en France en 1718, où il se lia avec Winslow et Senac, et entretint dans la suite avec eux cette correspondance si utile à l’anatomie, leur science favorite. Il reçut, un des premiers, l’impulsion que donnait alors à l’anatomie le système mécanique de Boërhaave ; ce système, remplaçant l’application chimique des phénomènes de l’économie animale par des applications et des vues toutes mécaniques, dut nécessairement faire étudier plus en détail la texture de chaque partie, puisque, d’après lui, la moindre variété de forme devait entraîner des différences dans l’action. Ce système obligea aussi à décrire avec plus d’attention et d’exactitude ce que les travaux antérieurs de Vesale, de Fallopio, d’Eustachi, avaient fait connaître seulement dans l’ensemble. Albinus travailla dans cet esprit ; on lui doit les descriptions les plus précises, et les planches les plus belles en anatomie, particulièrement sur les muscles et sur les os. Pour obtenir de bonnes figures, où la perspective ne nuisît pas à l’exactitude, il choisissait le plus beau des cadavres, le suspendait a une grande distance des dessinateurs, et en faisait faire un grand nombre de copies ; puis, sur chacune de ces copies, il faisait dessiner, dans sa place convenable, un muscle qu’il avait disséqué avec soin, de manière à laisser bien visibles les lieux d’attache et d’insertion ; après ce muscle, il en faisait dessiner un autre de la même manière, et ainsi de suite. Dès 1720, Albinus fut nommé professeur d’anatomie et de chirurgie a l’école de Leyde, en remplacement de Rau, et ce choix d’un jeune homme de vingt-deux ans fut, tout à la fois, un hommage à la mémoire du père, et un encouragement pour les talents prématurés du fils. En 1725, parut son premier écrit, sous le titre modeste d’Index suppellectilis anatomicœ Ravianæ, Lug., Batav., in-4o, dans lequel il payait un tribut d’éloges à la mémoire de son prédécesseur et de son maître Rau, exposait sa méthode de faire l’opération de la taille, semblait ne