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livre n’est point exempt de tout reproche. L’auteur, en cherchant la concision, est tombé quelquefois dans la sécheresse et l’obscurité. Les parties les plus difficiles de la fugue, telles que la réponse et les contresujets, n’y sont qu’effleurées, et les exemples ne sont point assez variés. Néanmoins, tel qu’il est, il mérite l’estime dont il jouit en Allemagne. Il a remplacé avantageusement le Gradus ad Parnassum de Fox, qui, basé sur la tonalité du plain-chant, s’éloigne trop du système moderne. Par les soins qu’Abrecht-Berger a mis à la rédaction de ses exemples, il a évité les défauts du Traité de la fugue de Marpurg, qui n’est propre qu’à enseigner le style instrumental. 2° Kurzgefaste Methode der Generalbass zu erlernen (Méthode abrégée d’accompagnement), Vienne, 1792. 3° KlavierSchule fur anfanger (École du clavecin pour les commençants), Vienne, 1800. 4° ausweichwengen aus c dur un c moll in die ubrigen dur moll tœne (Passage des tons d’ut majeur et d’ut mineur dans tous les tons majeurs et mineurs), Vienne, Leipsick et Bonn. La 2e partie de cet ouvrage, intitulée Inganni Trugschlusse fur die Orgel oder piano-forte, contient toutes les feintes de modulations. La 3e partie a pour titre : Unterricht uber der Gebrauch der Verminderien und uberm. intervallen (instruction sur l’usage des intervalles augmentés et diminués), Leipsick, Péters. Le chevalier de Syfried a publie une édition complète des œuvres théoriques d’Albrechts-Berger sous ce titre : J.—G. Albrechts-Bergers sammtliche Schriften über Generalbass, harmonie und Tœnseztkunst zum selbestunterrichte, Vienne, Antoinc Strauss, 5 vol. in-8o~5ans date. F-t-s.


ALBRECHT (Jean-Lauren), poëte couronné, naquit en 1732, à Gœsmar, près de Mulhausen. Rauchfust, organiste de cette ville, lui donna les premières leçons de musique pendant trois mois ; il se rendit ensuite à Leipsick pour y étudier la théologie, et en 1738, il revint à Mulhausen, où il fut nommé chantre et directeur de musique à l’église principale de cette ville, emplois qu’il conserva jusqu’à sa mort en 1773. Albrecht est également recommandable comme écrivain didactique et comme compositeur. Ses ouvrages, publiés en allemand, sont : 1° Lettres de Steffani, avec des additions et une préface, 2e édition, Mulhausen, 1760, in-4o. Cette édition de la traduction que Werckmeister avait faite de l’ouvrage de Steffani, intitulée Quanta certeza habbiada suoi principi la musica, est très-préférable à la première. 2° Introduction raisonner aux principes de la musique, Langensalza, 1761, in-4o, 136 pages. 3° Jugement sur la dispute entre MM. Marpurg et Sorge, dans les Essais de Marpurg (Beytrœg.), t.55, p. 269. 4° Courte Notice sur l’état de la musique d’église à Mulhausen, dans le même recueil, t. 5, p. 387. 5° Dissertation sur cette question : La musique doit-elle être tolérée dans le service divin ? Berlin, 1764, in-4o, quatre feuilles. 6° Dissertation sur la musique de Masses, Franckenhausen, 1765, in-4o. Albrecht a été l’éditeur des deux ouvrages d’Adelung, Musica mechanica organœdi et Siebengeslirn, Berlin, 1768 ; il a joint au premier une préface avec une notice sur la vie d’Adelung. Ses compositions consistent : 1° en une Cantate pour le vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte, poésie et musique d’Albrecht, 1758 ; 2° Passion selon les évangélistes, Mulhausen, 1759, in-8o ; 3° Encouragement musical pour les clavecinistes commençants, Augsbourg, 1763, in-8o ; 4° Encouragement musical consistant en petites pièces et odes pour le clavecin, Berlin, 1763, in-4o. F-t-s.


ALBRET (Charles sire d’), comte de Dreux, vicomte de Tartas, était fils d’Arnaud, sire d’Albret, grand chambellan de France sous Charles V. Charles, sire d’Albret, cousin du roi Charles VI, se trouva, en 1390, à l’expédition d’Afrique commandée par Louis II, duc de Bourbon, et ensuite au siége de Tunis. En 1402 il fut nommé connétable, à la place de Louis de Sancerre, et en 1405 et 1406 il commanda en Guienne, contre les Anglais, ayant sous ses ordres les comtes d’Alençon, de Clermont et d’Armagnac ; il enleva plus de soixante châteaux ou places murées, et serra de si près la ville de Bordeaux, que les habitants, privés de vivres du côté de la terre, se soumirent à une forte contribution. Pendant les troubles qui suivirent la démence de Charles VI, d’Albret prit le parti des Armagnacs ; et, la faction de Bourgogne l’ayant emporté, il fut destitué en 1412 ; mais, l’année suivante, la faction d’Armagnac prit le dessus, et Charles d’Albret rentra en triomphe dans Paris. L’ennemi commun profitait de ces divisions, et Henri V, roi d’Angleterre, étant débarqué au Havre avec 6,000 hommes d’armes et 50,000 archers, vint assiéger Harfleur, qui fut emporté d’assaut. On reprocha au connétable d’avoir négligé de secourir cette place ; cependant il marcha contre l’ennemi avec 14.000 hommes d’armes, et une infanterie beaucoup plus nombreuse que celle de l’armée anglaise. Celle-ci, épuisée par ses succès même, ne cherchait qu’à gagner Calais en traversant le pays de Caux et le comté d’Eu, pour passer la Somme au gué de Blanquetade, comme avait fait Édouard III en 1346. Les mêmes fautes entrainèrent les mêmes désastres. Au lieu de garder les passages de la Somme, le connétable alla attendre les Anglais au delà de la rivière, au village d’Azincourt ; et, par une suite de la même présomption, il rejeta l’offre que faisaient les ennemis de payer tout le dommage qu’il avaient fait depuis leur descente en Normandie, et les mit dans la nécessité de vaincre ou de périr. La bataille d’Azincourt fut livrée et perdue par les Français, le 23 octobre 1415. La gendarmerie française y combattit avec le même courage, le même désordre, et le même malheur qu’aux journées de Crécy et de Poitiers, les chefs mettant toute leur gloire à se battre en soldat. Une foule de princes et de chevaliers furent du nombre des 6,000 Français qui restèrent sur le champ de bataille. Le connétable d’Albret y fut tué à la tête de l’avant-garde. S-y.


ALBRET (César-Phébus d’), connu d’abord sous le nom de Miossins, puis sous celui de Maréchal d’Albret, descendait d’Étienne, bâtard d’Al-