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de feu, les cheveux blonds et bouclés, la tête haute, mais un peu penchée vers l’épaule gauche, la taille moyenne et dégagée, le corps bien proportionné, et fortifié par un exercice continuel. Son portrait est maintenant connu, grâce à un hermès sur lequel est son nom, trouvé dans une fouille près de Tivoli, et conserve longtemps au musée royal. Cet hermès a fait retrouver le portrait du héros macédonien dans un camée et sur plusieurs médailles, d’après lesquelles a été gravé le portrait de la collection de Landon. L’histoire d’Alexandre a été écrite par un grand nombre d’auteurs ; mais ce prince semblait prévoir ce qui lui arriverait, lorsqu’il enviait à Achille le bonheur d’avoir eu un chantre tel qu’Homère. Les plus anciennes histoires d’Alexandre sont perdues, et il parait, par ce que dit Arrien, que celles de Ptolémée et d’Aristobule sont les seules à regretter, quoiqu’ils eussent plutôt écrit des mémoires que des histoires. Parmi les historiens qui nous restent, Arrien passe pour avoir écrit avec le plus d’impartialité et de jugement. Le 17e livre de Diodore de Sicile est tout entier consacré à Alexandre ; mais cet écrivain a employé de mauvais mémoires ; Plutarque, d’après son plan, nous a donné plutôt la biographie de ce prince que son histoire. Quinte-Curce, le plus connu de tous ceux qui nous restent, a écrit en rhéteur éloquent plus qu’en historien exact ; mais il faut lui rendre la justice d’avoir distingué les belles qualités qu’Alexandre devait à la nature, d’avec les vices qu’il avait contractés dans une prospérité sans exemple. Les récits de tous ces historiens ont été discutés, avec beaucoup de sagacité et de profondeur, dans l’ouvrage intitulé : Examen critique des anciens historiens d’Alexandre, par M. de Ste-Croix.[1]. M-d.


ALEXANDRE, fils de Polyperchon, joua un rôle assez important dans la Grèce. Se trouvant à la tête d’une armée considérable, il s’empara du Péloponèse, et vit son alliance successivement recherchée par Antigone et par Cassandre, qui étaient à la tête des deux factions contraires. Il venait de conclure un traité avec le dernier, lorsqu’il fut assassiné auprès de Sicyone, l’an 314 avant J.-C., par Alexion, et quelques autres qui feignaient d’être de son parti. C-r.


ALEXANDRE, fils d’Amostris, reine d’Héraclée, et de Lysimaque, l’un des lieutenants d’Alexandre, fut élevé ai la cour de son père, à qui la Thrace et la Chersonèse étaient échues en partage. Après la mort d’Agathoclès, ne croyant plus pouvoir y rester en sûreté, il s’enfuit avec Lysandra, veuve de ce prince, chez Séleucus, roi de Syrie. Lysimaque ayant été tué dans la bataille contre Séleucus, Alexandre, à force de prières, obtint son corps de Lysandre ; et, l’ayant emporté dans la Chersonèse, il lui fit ériger un tombeau entre Cardio et Pactye. Il fut l’un des trois compétiteurs qui se disputèrent le trône de la Macédoine après la mort de Sostènes, l’an 278 avant J.-C. ; mais il n’y réussit pas, et on ignore ce qu’il devint. C-r.


ALEXANDRE, troisième fils de Persée, dernier roi de Macédoine, était encore dans l’âge le plus tendre, lorsque Persée fut défait par Paul-Émile, l’an 168 avant J.-C. Alexandre fut confié, avec sa sœur, avant la bataille, à la garde de Jon de Thessalonique, un des favoris du roi ; mais ce Macédonien infidèle, voyant son maître vaincu, et fuyant devant les Romains, leur livra ces enfants qui furent conduits à Rome, ainsi que toute leur famille, et marchèrent devant Persée, à la suite du char de Paul-Émile. La vue de ces enfants attira, dit Plutarque, les regards de tous les Romains, et excita une pitié universelle. Alexandre fut d’abord conduit à Albe, où on le gardait étroitement, avec son père ; mais, après la mort de ce dernier, il revint à Rome, où il apprit le métier de ciseleur et de tourneur, et se fit distinguer par la délicatesse et le fini de ses ouvrages. La langue romaine lui devint bientôt familière, et il obtint une charge de greffier, dans laquelle il mérita des louanges par son zèle et son intelligence. Tels furent, jusqu’à sa mort, les obscurs succès et le triste emploi d’un prince qui pouvait hériter du trône d’Alexandre le Grand. L-S-e.


ALEXANDRE, fils de Pyrrhus, roi, d’Épire, voulant venger la mort de son père, entra dans la Macédoine avec une armée, pendant qu’Antigone était occupé dans la Grèce. Celui-ci étant venu pour le combattre, fut abandonné par la plus grande partie de ses troupes, et Alexandre s’empara de toute la Macédoine ; mais Démétrius, ayant rassemblé une nouvelle armée, le dépouilla non-seulement de sa conquête, mais encore de ses propres États. Alexandre se réfugie dans l’Acarnanie, d’où il fut bientôt rappelé par les Epirotes. Il épousa Olympias, sa sœur, et en eut trois enfants, Pyrrhus, Ptolémée, et Phthie qui fut mariée à Démétrius, roi de Macédoine. Ils étaient encore fort jeunes lorsque leur père mourut ; Olympias, leur mère, gouverna l’Épire en leur nom. Alexandre avait fait, sur la tactique, un ouvrage qu’Arrien et Élien citent avec éloge, nmis qui ne nous est pas parvenu. C-r.


ALEXANDRE, roi d’Épire, fils de Néoptolème et frère d’Olympias, alla très-jeune à la cour de Philippe, son beau-frère. Lorsqu’il fut parvenu à l’âge de vingt ans, Philippe le fit roi de l’Épire, soit en détrônant Arymbas, soit après la mort de ce prince. Il lui donna ensuite en mariage Cléopâtre sa fille, et fut tué lui-même dans les fêtes qu’il célébra à cette occasion. Les Tarentins ayant appelé Alexandre à leur secours contre les Bruttiens, ce prince ambitieux s’empressa de donner en Italie l’espoir d’en faire la conquête. Il eut d’abord quelques avantages ; mais les Lucaniens et les Bruttiens, s’étant réunis, lui livrèrent un combat dans lequel il fut tué

  1. L’ouvrage de Ste-Croix est certes le fruit de beaucoup d’études, et on peut en tirer infiniment. Mais il n’a pas vu son héros avec assez de hauteur et d’indépendance. Il n’a pas d’opinion fixe à son égard. Âme honnête et candide, il veut en principe blâmer Alexandre de ses vices, et de là son indulgence pour Quinte-Curce, puis quand il est aux détails, il blâme, il est vrai, mais on sent qu’il ne trouve pas autant à blâmer qu’il l’avait imaginé à l’avance. Il y a quelque chose de gauche et de contraint dans la teneur de ses reproches. Ste-Croix n’en est pas moins jusqu’ici l’homme qui a le mieux mérité de ceux qui veulent étudier la vie d’Alexandre. Il ne s’agit, pour en tirer tout le fruit, que d’envisager les faits d’un peu plus haut. Val. P.