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ALI

convocation des états généraux, le premier président supplia le roi de lui accorder une audience particulière avec ce ministre ; la magistrat, dans cette audience, fit lecture d’un mémoire dans lequel il annonçait énergiquement la nature des événements qui se préparaient, et les dangers qui menaçaient le monarque. Un silence absolu régna pendant et après cette lecture ; et le premier président ne reprit la parole que pour remettre sa démission, qu’il avait apportée. D’ormesson de Noyseau lui succéda, en 1788. D’Aligre fut un des premiers Français qui émigrèrent ; il se retira en Angleterre, où il avait une fortune de 4 millions et demi, placée sur la Banque de Londres. Il repassa sur le continent au bout de quelques années, et mourut à Brunswick, en 1798. Sa première femme, dont il n’eut point d’enfants, était la dernière descendante de la famille Talon. Il a laissé un fils et une fille de sa seconde femme, sœur de M. Baudry, maître des comptes. K.


ALIMENTUS. Voyez Cencius Alimentus.


ALINARD ou HALYNARD, archevêque de Lyon, fut dans le 11e siècle un des plus illustres prélats de France. Il prit l’habit religieux au monastère des bénédictins de St-Bénigne, à Dijon. Ses parents, qui tenaient aux premières familles de la Bourgogne, le firent enlever de force et promener par dérision avec son habillement religieux, afin de lui en inspirer du dégoût. Le contraire arriva : Alinard alla retrouver sa cellule et fut nommée abbé de St-Bénigne. La sagesse de son administration et la sainteté de sa vie le firent connaître et estimer des rois Robert et Henri Ier, ainsi que des empereurs d’Allemagne Conrad et Henri III. Le siége archiépiscopal de Lyon étant venu à vaquer, le clergé et le peuple de cette ville, qui, faisant partie du royaume de bourgogne, appartenait à l’empereur Henri, vinrent demander Alinard pour leur archevêque. Le modeste abbé refusa jusqu’à ce que le pape Grégoire VI lui eût ordonné d’accepter. Quand il se présenta pour recevoir l’investiture, l’Empereur voulait qu’il prêtât serment de fidélité ; mais Alinard déclara que sa promesse devait suffire, et que s’il fallait jurer il aimait mieux rester abbé. Cette fermeté plut au monarque, qui voulut assister lui-même à la consécration d’Alinard (1046). L’Empereur étant allé à Rome (1047) prit avec lui le nouvel archevêque, qui, par son affabilité et son éloquence, se fit aimer des Romains, dont il parlait la langue comme s’il fût né parmi eux. Après la mort de Clément II, ils le demandèrent pour pape, mais il se tint caché jusqu’à ce que Léon IX ont été élevé sur le siége apostolique. À la prière du nouveau pontife, Alinard se rendit près de lui, il l’accompagna en France, à Rome, au Mont-Cassin, et fut employé dans les négociations qui précédèrent la paix entre les Normands et les habitants de l’Italie inférieure. Le pape, devant aller trouver l’Empereur, pria Alinard de rester à Rome pour prendre, jusqu’à son retour, part à l’administration des affaires de l’Église, Hugues, qui, pour sa mauvaise conduite, avait été déposé de l’évêché de Langres, était venu à la cour de Rome solliciter son rétablissement. Comme il devait retourner en France, Alinard, à qui il était venu faire ses adieux. l’invita à diner avec ses compagnons de voyage. Un plat, où l’un jeta du poison, fut servi sur la table, et ceux qui en mangèrent moururent presque tous, sans que l’on connût les auteurs du crime. On ne dit pas que Hugues en ait seulement été malade. Alinard y succomba, le 29 juillet 1052, et fut enterré avec de grands honneurs dans l’église de St-·Paul. G-y.


ALIPE. Voyez Alypius.


ALIPRANDI (Buonamente), de Mantoue, mais d’une famille originaire de Monza, écrivit, en terza rima, l’histoire de sa patrie, jusqu’à l’an 1414. Elle n’est recommandable ni par le style ni par la véracité : cependant il y a plus d’exactitude dans le récit des événements dont l’auteur fut contemporain ; et Muratori en a publié une partie dans le 5e volume de ses Antiquités italiennes. G-é.


ALISON (Archibald), doyen des ministres de la chapelle de St-Paul, à Édimbourg, etc. Il est l’auteur d’un Essai sur la nature et les principes du goût, ouvrage qui a obtenu un succès constaté par plusieurs éditions. Il a donné également d’autres travaux moins connus, un mémoire, beaucoup de sermons. Le révérend Archibald Alison est mort en 1839, dans la capitale de l’Écosse, à l’âge vénérable de 82 ams. Y.


ALIX, 4e fille de Thibaut IV, comte de Champagne, épouse de Louis VII, roi de France, et mère de Philippe-Auguste, a laissé la réputation d’une princesse accomplie. Elle faisait, par son esprit et ses grâces, l’ornement de la cour de son père, quand Louis VII, devenu veuf, en 1160, de Constance de Castille, sa seconde femme, la demanda en mariage. La maison des comtes de Champagne était alors si puissante qu’elle portait ombrage au pouvoir royal ; Louis VII donna en mariage les deux filles qu’il avait eues d’Éléonore d’Aquitaine, sa première femme, aux deux frères de la reine Alix, et rapprocha doublement de la couronne des vassaux dont l’autorité balançait la sienne. Ce monarque n’avait pas eu de fils de ses deux premiers mariages ; Alix fut quatre ans sans lui donner d’héritier ; mais, le 22 août 1163, elle accoucha d’un fils qui reçut le surnom de Dieu-Donné. parce que les peuples crurent l’avoir obtenu du ciel par leurs prières : il régna glorieusement sous le nom de Philippe-Auguste. Lorsque Louis VII mourut, Alix réclama la régence ; mais son fils, quoiqu’il ne fût que dans sa quinzième année, voulut gouverner par lui-même, et se montra digne de soutenir une résolution si extraordinaire pour son age. Il avait épousé Isabelle de Hainault, fille du comte de Flandre, dont la puissance surpassait celle des comtes de Champagne ; il se servit habilement des prétentions de son beau-père pour se soustraire à la tutelle dangereuse que voulait exercer sur lui la famille de sa mère. Alix se mit à la tête des mécontents ; elle appela même à son secours Henri II, roi d’Angleterre ; ce qui n’était pas criminel, à une époque ou les rois d’Angleterre, grands vassaux en France par les domaines qu’ils y possédaient, avaient, à ce titre, le droit d’intervenir dans les affaires de l’État. Philippe ne se laissa point abattre ; par son courage, et surtout