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ABB

sa trop grande application a l’étude, vint l’enlever a ses amis et à son diocèse, le 2 mars 1618. Ainsi son frère lui survécut seize ans. S’ils avaient les mêmes talents et les mêmes opinions, ils étaient d’une humeur fort différente. Leurs contemporains citaient avec complaisance le sourire de Robert, et avec une espèce de crainte le sourcil de George Abbot. Robert s’était marié deux fois, au grand déplaisir de George. Il mourut laissant un fils, et une fille marié chevalier Nathaniel Brent. Il laissait aussi une grande quantité d’ouvrages, prisés dans le temps où ils furent composés, mais qui devaient bientôt tomber dans l’oubli. À peine la Défense du pouvoir souverain des rois, 1619, in-4o, en latin, a-t-elle surnagé. Quant au Miroirs des subtilités papistes, 1594, in-4o, en anglais ; à la Démonstration de l’Antéchrist, en latin, 1603, in-4o, 1608, in-8o ; à l’Antilogia, en latin, 1613, in-4o ; à la Défense du catholicisme réformé de Guillaume Perkins, contre l’anti-catholicisme bâtard de Guillaume Bishop, prêtre de séminaires, 3 parties (en anglais), 1606 et 1607, in-4o, réunies et réimprimées en 1611, in-4o, etc., ce sont autant d’écrits qu’on ne cite plus que pour la bizarrerie de leurs titres. On en trouve la liste dans le tome 16 des Mémoires de Nicéron. L-T-l.


ABBOT (Maurice), frère cadet des précédents, fut employé dans les affaires de la compagnie des Indes, devint shérif en 1627, et lord maire en 1638. Il fit élever à Guilford un monument en l’honneur de George Abbot, son frère, et mourut le 10 janvier 1640. C. T-y.


ABBOT (George), mort le 4 février 1648, était fils de Maurice. C’est lui qui est auteur des ouvrages cités par Nicéron (t. 16, p. 51, 52) ; 1o Paraphrase du livre de Job, Londres, 1640, in-4o ; 2o Vindiciœ sabbati…, Londres, 1641, in-4o ; 3o Notes courtes sur le livre des Psaumes, Londres, in-4o. Ces trois ouvrages sont en anglais. C. T-y.


ABBOT (lord Charles), comte de Colchester, né à Abingdon dans le Berkshire, en 1757, était le plus jeune fils d’un recteur de Colchester, et perdit son père lorsqu’il était a peine âgé de trois ans. Sa mère, qui mourut en 1809, avait épousé en secondes noces Jérémie Bentham. Charles Abbot fit de très-bonnes études à Westminster, et il passa le premier au collège du Christ à Oxford, lors de l’élection de 1775. Il remporta le prix de vers latins en 1777 : le sujet de son poème était l’éloge du czar Pierre Ier, ce qui lui valut une médaille d’or que lui envoya l’impératrice de Russie. Devenu, à sa majorité, possesseur d’une fortune considérable, il n’en continua pas ses études avec moins d’ardeur. En 1781, il alla à Genève étudier la législation étrangère, prit ses degrés l’année suivante, et plaida avec un succès toujours croissant jusqu’au moment où il se livra tout entier à la politique. Ce fut en 1790 qu’il se présenta comme candidat à la chambre des communes, pour le bourg de Helston ; et, lorsqu’en juin 1795 ce bourg eut un nouveau représentant à élire, par suite de la nomination de sir Elliot à la vice-royauté de Corse, Abbot entra au parlement. Dès le commencement de la session, il se fit remarquer par son zèle pour le ministère, et surtout par un discours très-véhément au sujet du bill sur les réunions séditieuses. Des lors, considère comme un des plus redoutables adversaires de la démocratie, il jouit d’une grande faveur auprès du célèbre Pitt, et fut un de ses plus utiles soutiens contre les attaques de Fox et de Sheridan. Il s’occupa plus spécialement de jurisprudence, et présenta, en 1797, un plan pour la promulgation d’une sorte de bulletin des lois, afin que les magistrats eussent chaque année une copie de tous les actes du parlement. À cette époque, Pitt ayant formé un comité pour les finances, Abbot en fut le président, et travailla avec tant de zèle, qu’il présenta à la chambre, pendant cette session et la suivante, trente-six rapports qui ont-servi de modèles pour tout ce qui a été fait depuis à ce sujet. Ce fut encore dans le même temps qu’Abbot se livra, avec non moins de succès, à des recherches dans les archives et les registres publics. Il obtint à cet effet, en février 1800, la création d’un comité ; et, six mois plus tard, il mit sous les yeux de la chambre les nombreux résultats des travaux de ce comité. Rien ne pouvait mieux convenir à la solidité de son esprit, que d’aussi vastes recherches, et rien ne prouve, mieux la supériorité de l’Angleterre et de l’Écosse pour la quantité et l’importance des registres qui ont traversé les règnes des Plantagenets, des Tudors et des Stuarts, et n’ont pu être détruits ni par les invasions de nations barbares, ni par les guerres civiles. Les rapports de cette commission des registres amenèrent la création d’un comité royal qui continua cet utile travail, avec plus d’autorité, sous la présidence d’Abbot, jusqu’au montent ou ce dernier quitta les affaires publiques, en 1817. De nombreuses publications, et particulièrement l’édition authentique des statuts du royaume, attestent la persévérance des comissaires dans la tâche qui leur avait été confiée. Au commencement de l’année 1801, Abbot proposa au parlement de constater par un bill la population de la Grande-Bretagne avec ses diminutions ou ses accroissements. Dès lors la statistique, cette science dans laquelle l’Angleterre était restée si fort en arrière, prit un grand développement, et le recensement fait en 1804, dans un temps de disette, ayant donné lieu de croire qu’il ne s’agissait de la part du gouvernement que de pourvoir à la subsistance de toutes les classes, eut les plus heureux résultats. Lorsque lord Sidmouth parvint au ministère, Abbot fut nommé principal secrétaire d’Irlande, sous lord Hardwick, et conservateur du sceau privé. Il effectua dans plusieurs parties des réformes utiles, et telles qu’on devait les attendre du président du comité des finances. Depuis longtemps son activité parlementaire le faisait désigner comme le successeur de John Milford au fauteuil de la chambre des communes : il fut élu orateur le 10 février 1802 ; et dans cette place importante, qui répond à celle de président de la chambre des députés en France, et qui exige une connaissance si profonde des lois et des usages parlementaires, il déploya de rares talents. En 1803, il se trouva dans une situation pénible : on avait créé une commission pour l’exa-