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contre le besoin, il se rendit à Londres, s’y livra avec succès à des spéculations commerciales. En contemplant la prospérité de l’Angleterre, il sentit l’importance des manufactures et du commerce. La Suède, pendant plusieurs siècles, occupée principalement de la guerre, était encore peu avancée dans les arts industriels, mais elle s’efforçait de les faire fleurir dans son sein. Alstrœmer conçut le projet de diriger les efforts de ses compatriotes, et retourna dan sa patrie. En 1723, il demanda aux états du royaume un privilège pour établir des manufactures dans la ville où il était né ; cette ville devint le foyer d’une activité qui se répandit dans les autres parties du royaume. Plusieurs voyages firent connaître au zélé patriote les inventions et les méthodes des Allemands, des Hollandais, des Flamands. Il appela en Suède des ouvriers habiles, rassembla des modèles, et publia des mémoires instructifs. En même temps, il dirigeait, avec un citoyen estimable, Nicolas Sahlgren, une maison de commerce à Gothenbourg, où il s’était fixé ; il établissait des raffineries de sucre ; il encourageait les entreprises de la compagnie des Indes et de celle du Levant, et il portait son attention sur le développement de l’économie rurale. Cette branche lui fut redevable de plusieurs améliorations importantes. Il fit connaître les plantes utiles à la teinture, et contribua à étendre la culture des pommes de terre, nouvellement introduite en Suède. Il s’attacha surtout à perfectionner l’éducation des bêtes à laine, en faisant venir des moutons d’Espagne, d’Angleterre et d’Eydersted. Il introduisit même des chèvres d’Angora. Les fabriques de drap et d’autres ouvrages en laine prirent naissance, et occupèrent un grand nombre de bras. Elles forment encore maintenant la branche d’industrie manufacturière la plus florissante en Suède, produisant annuellement une valeur de 3 millions et dispensant la nation de recourir à l’étranger. Les autres manufactures, et en particulier celles de soie, ont en plus de peine à se soutenir. On a reproché à Alstrœmer d’avoir méconnu, dans quelques-unes de ses entreprises, les circonstances locales, et de s’être laisse entraîner quelquefois par des idées plus brillantes que solides ; mais ses intentions furent toujours patriotiques, et le résultat général de ses travaux a été très-important pour la prospérité de son pays. Le roi Frédéric lui donna le titre de conseiller du commerce, et le décora de l’ordre de l’Étoile polaire ; Adolphe Frédéric lui accorda des lettres de noblesse ; l’académie des sciences le reçut parmi ses membres, et les états décrétèrent que son buste serait placé à la bourse de Stockholm. Ce buste porte pour inscription : Jonas Alstrœmer, artium fabrilium in patria instaurator. Alstrœmer mourut en 1761, laissant une fortune considérable. Ses quatre fils, Claude, Patrick, Jean et Auguste, se distinguèrent par leurs talents et leur patriotisme. Les trois premiers furent membres de l’académie des sciences de Stockholm. C-au.


ALSTRŒMER (Claude), fils du précédent, né en 1736, mort en 1794, se livra à l’étude de l’histoire naturelle, et fut élève de Linné. il voyagea en diverses contrées de l’Europe, et commença par l’Espagne, où il recueillit des plantes qu’il envoya à Linné ; celui-ci, en les désignant dans son Species Plantarum, cita son élève. En débarquant à Cadix, Altrœmer vit chez le consul de Suède les fleurs d’une plante originaire du Pérou : frappé de sa beauté, il en demanda et en obtient des granines, qu’il envoya tout de suite à Linné. Elles prospérèrent, et bientôt furent généralement cultivées sous le nom de lis d’Alstrœmer ou des Incas ; Linné confirma cette dénomination, en nommant Alstrœmeria le genre que cette première espèce avait engagé à établir. Claude Alstrœmer s’est occupé de diverses parties de l’agriculture et de l’histoire naturelle, et Il a donné la description du babian, espèce de singe (simia Mammon), dans les Mém. de l’acad. de Stockholm, 1766. D-P-s.


ALT (François-Joseph-Nicolas, baron d’), issu d’une ancienne famille patricienne de Fribourg en Suisse, naquit dans cette ville en 1689, et y mourut le 17 janvier 1771. Capitaine au service d’Autriche en 1718, il rentra bientôt dans sa patrie, qu’il gouverna longtemps, ayant été nommé avoyer en 1737. Il a publié une Histoire de la Suisse 10 vol. in-8o, Fribourg, 1750 à 1753, dont le baron de Zurlauben, juge aussi compètent qu’impartial, a dit : « L’entreprise de M. le baron d’Alt mériterait de plus grands éloges, si, indépendamment des fautes trop multipliées contre la langue française, il avait appuyé les faits de son Histoire sur des preuves et sur une saine critique ; s’il avait retranché les faits étrangers à l’histoire de la Suisse qui remplissent une grande partie de son ouvrage ; s’il avait mieux fait connaître le gouvernement de la Suisse, et plus exactement décrit la topographie de quelques cantons ; enfin, s’il avait passé sous silence les événements incompatibles avec le plan d’une histoire générale, et s’il n’avait pas épousé avec trop de chaleur la cause des cantons catholiques. U-i.


ALTANI, ancienne et noble famille, appelée autrefois de San-Vito, dans le Frioul, et qui a, depuis, ajouté à son nom celui de comte de Salvarolo. Henri Altani (le jeune) a recueilli les mémoires des hommes illustres de sa maison, et les a fait imprimer à Venise, en 1711. G-é.


ALTANI (Antoine) florissait au 15e siècle. Il étudia d’abord les lois civiles et canoniques ; étant ensuite entré dans l’Église, il fut fait patriarche d’Aquilée. Devenu auditeur de rote à Rome en 1431, il fut employé par le pape Eugène IV dans plusieurs affaires importantes, notamment en qualité de nonce au concile de Bâle. Quoiqu’il n’est pas réussi dans sa mission, le pape, content de son zèle et de ses talents, le créa auditeur de la chambre apostolique et des causes du sacré palais. Deux nouvelles nonciatures, l’une en Écosse, auprès du roi Jacques Ier, l’autre en Angleterre, en 1437 furent confiées par le même pontife, qui, de plus, lui donna l’évêché d’Urbin. Nicolas V, successeur d’Eugène, envoya aussi Altani, en qualité de nonce, en Espagne, pour y négocier le manage de l’empereur Frédéric III