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lorsqu’il en est mécontent. Ces maximes, nées de l’esprit révolutionnaire qui se faisait remarquer dans le 16e siècle, ont été malheureusement reproduites et appliquées dans le nôtre. Le livre d’Althunsen trouva de nombreux détracteurs ; mais, comme la réforme religieuses faisait adopter toutes les idées nouvelles en politique, il trouva aussi des admirateurs passionnés ; aujourd’hui il est tombé dans l’oubli. Bayle nous apprend qu’Althusen était protestant : il avait publié plusieurs autres ouvrages, qui ne furent point dictés par l’esprit de parti, et qui n’eurent pas la même célébrité ; les principaux sont : de Jurisprudentia romana ; de civili Conversatione, etc. Althusen mourut dans les premières années du 17e siècle. M-d.


ALTICOZZI (Laurent), d’une illustre famille de Cortone, y naquit le 25 mars 1689. il entra chez les jésuites en 1706, et mourut en 1777, à Rome, où il avait demeuré plusieurs années. Il joignait à de vastes connaissances beaucoup de piété, des mœurs douces, et une conversation vive et agréable. Son principal ouvrage est une Somme de St. Augustin, Rome, 1761, 6 vol. in-4o : il a su y placer à propos l’histoire de la vie, des intrigues et des condamnations des partisans de l’hérésie de Pélage, le tout appuyé sur les témoignages des anciens écrivains ecclésiastiques les plus accrédités. Il est aussi l’auteur de différentes dissertations, sur les anciens et les nouveaux Manichéens ; sur les mensonges et les erreurs d’Isaac Beausobre, dans son Histoire critique des Manichéens et du Manichéisme, et d’autres productions remplies d’un zèle très-ardent contre les matérialistes et les philosophes du siècle. G-é.


ALTICOZZI (Renaud-Angellieri), patrice de Cortone, et sans doute de la même famille que le précédent, publia, en 1749, à Florence, l’Epidicus, comédie de Plaute, traduite en vers libres (sciolti), avec le texte latin, et quelques notes du prieur Gaetano Antinori, in-4o. (Voy., sur cette traduction estimée, la Bibliothèque des Traducteurs d’Argellati, vol. 5, édit. de Milan, 1767.) G-é.


ALTILIUS (Gabriel), un des bons poëtes latins qui fleurirent en Italie au 15e siècle, naquit dans la Basilicate, au royaume de Naples, où, selon d’autres auteurs, à Mantoue. Il fit ses études à Naples, y fixa sa demeure, et eut pour amis Pontanus, Sannazar, et tous les gens de lettres célèbres qui y florissaient alors. Il fut précepteur du prince Ferdinand, qui devint roi, en 1495, par la démission de son père Alphonse II. Altilius fut nommé, par Sixte IV, évêque de Policastro, en 1471, et mourut en 1484, selon Ughelli, dans son Italia sacra ; selon Mazzuchelli, au contraire, dont les preuves et les rapprochements paraissent mériter la préférence, il n’eut cet évêché qu’après 1489, et mourut vers 1501. Il était membre de l’académie qui s’assemblait chez Pontanus, et son autorité y était si grande, que Pontanus lui-même s’en servit, après la mort d’Altilius, pour diriger les travaux de son académie. On lit, dans un de ses dialogues, intitulé Ægidius, que leur ancien confrère avait apparu à un saint religieux du Mont-Cassin, et l’avait chargé de leur faire savoir qu’ils devaient, dans leurs séances, quitter les fables, les jeux d’esprit, et les études inutiles, pour traiter des matières graves de religion et de philosophie ; et l’on aperçoit, dans ce dialogue même, où sont rapportés les discours qui furent tenus dans l’académie, les effets de cette leçon. Altilius n’a laissé qu’un petit nombre de vers, mais qui ont suffi pour lui faire une grande réputation. Sa pièce la plus célèbre est l’épithalame qu’il fit pour le mariage d’Isabelle d’Aragon, fille du roi Alphonse II, avec Jean Galéas Sforce, duc de Milan. Il fut imprimé, avec cinq autres morceaux moins considérables du même auteur, dans le recueil des poésies latines de Sannazar et de quelques autres poëte, à Venise, chez les Alde, 1533, in-8o. L’épithalame seul fut inséré, depuis, dans les Carmina illustrium poetarum italorum de Toscana, et dans les Deliciæ poetarun italorum, etc., de Gruter ; on le retrouve, avec ses autres pièces, dans les belles éditions de Sannazar données par Comino en 1719, 1731, 1751, et dans celle de Venise, 1752. Jules-César Scaliger, qui n’était pas prodigue d’éloges, loue beaucoup cet épithalame (Poetic., lib. 4). Giraldi, Sannazar et Pontanus ont comparé l’auteur aux poëtes anciens : le dernier lui a dédié son traité de Magnificentia ; Sannazar a composé son épitaphe, rapportée par Ughelli, dans l’Italia sacra, vol. 7, et qui n’est point dans les œuvres de ce poëte. G-é.


ALTING (Menso), né en 1541, à Fléda, dans l’Ost-Frise, fit ses études à Groningen, Munster, Hamni, Cologne et Heidelberg, et mourut premier pasteur, et président du consistoire, à Emden, en 1617. La lecture attentive de l’Épitre aux Romains l’avait fait passer de l’Église de Luther dans celle de Calvin, pour laquelle il a écrit des ouvrages de controverse contre Jean Ligorius et Æg Hunnius. Sa vie a été donnée par Ubbo Emmus (Voy. l’Onomast. de Christophe Sax, t. 5, p. 154) S-r.


ALTING (Henri), théologien réformé, né en 1583, à Embden, mort en 1644, étant fils du précédent. Après avoir fait ses étoiles à Groningen et à Herborn, il accompagna le prince électoral du Palatinat dans ses voyages en France et en Angleterre, en qualité de précepteur. En 1613, il fut nommé professor locorum communium à Heidelberg ; en 1616, directeur du Collegiumm sapientiæ, et assista au synode de Dordrecht. Lors de la prise d’Heidelberg par Tilly, il courut de grands dangers, auxquels il échappa par sa présence d’esprit et par un concours de circonstances heureuses. Après avoir erré quelque temps, sans trouver d’asile ni d’emploi, il alla, en 1624, à la Haye, joindre son souverain, l’électeur Palatin, qui le replaça auprès de son fils, et ne lui permit qu’en 1627 de reprendre ses fonctions d’instituteur académique. Dans cette année, il accepta la chaire de professeur de théologie à Groningen, qu’il occupa jusqu’à sa mort, accélérée par celle de sa fille aînée, qui le plongea dans la plus profonde mélancolie. Il ne manqua jamais de se rendre, au moins une fois chaque année auprès de son ancien souverain fugitif, qui mettait en lui la plus entière confiance. Il fut un des coopérateurs de la nouvelle traduction de la Bible en langue hollandaise, et un controversiste zélé, qui fit une guerre