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ALV

qu’il en soit, il devint grand pénitencier du pape Jean XXII à Avignon, et jouit de beaucoup de crédit auprès de ce pontife, qui employa ses talents et sa plume à réfuter les erreurs et les écarts de l’antipape Pierre de Corbière, et qui le fit enfin évêque de Sylves dans les Algarves et son nonce apostolique en Portugal. Alvare Pélage mourut à Séville en 1352. Il a laissé : 1° de Planctu Ecclesiæ libri duo, Lyon, 1517 ; Venise, 1560, in-fol. Il en existe une édition de 1474, Ulm, in-fol., pleine de fautes et très-rare. Cet ouvrage, commencé à Avignon en 1330, achevé en 1332, corrigé dans les Algarves en 1335, et une seconde fois à Compostelle en 1340, respire l’ultramontanisme le plus prononcé. Alvare s’élève néanmoins avec force contre les abus et les vices de la cour romaine. L’édition de Lyon est terminée par ce distique :

Plurima qui latuit vix ulli sæcula notus,
Exerit’e tenebris, Alvarus ecce caput.


Elle est assez conforme à un précieux manuscrit que possède l’auteur de cet article. L’abbé Trithème lui attribue encore : 2° Speculum regum liber unus ; 3° Super sentenlias libri quatuor ; 4° Apologia, et quelques autres ouvrages également inédits. L-b-e.


ALVARÈS (François), né à Coimbre, en Portugal, vers la fin du 13e siècle, était aumônier du roi Emmanuel, en 1515, lorsque ce prince envoya Édouard Galvao pour ambassadeur extraordinaire à David, roi d’Abyssinie. Alvarès fut nommé secrétaire de cette ambassade, et accompagna jusqu’à l’île de Camaran, dans la mer Rouge, l’ambassadeur, qui y mourut avant que d’arriver en Abyssinie. Alvarès y attendit son successeur, don Rodrigo de Lima, avec lequel il arriva à la cour de Gondar, cinq ans après son départ de Lisbonne. Ils séjournèrent longtemps dans cet empire, alors presque inconnu, et Alvarès ne revint qu’en 1527. Pour récompense, le roi lui donna un bénéfice assez riche, et lui ordonna d’accompagner à Rome Zagazab, ambassadeur que le roi d’Abyssinie envoyait au pape. Alvarès a écrit un ouvrage en portugais, sous le titre de Vraie information des pays du Prêtre Jean, selon ce qu’a vu François Alvarès. Rien ne peut surpasser la candeur et la véracité de ce voyageur, et son ouvrage sera toujours un livre classique sur ce pays qu’il décrit ; il parut en 1540, à Lisbonne, in-fol. ; l’édition en est plus soignée que les autres éditions imprimées en Portugal à la même époque. Alvarès dit, dans sa dédicace au roi Jean III, qu’il avait fait un voyage à Paris, exprès pour avoir de bons imprimeurs et des caractères et des presses de la meilleure qualité. Il en a paru trois traductions : la première, en espagnol, par le P. Thomas Padilha, dont il y a plusieurs éditions ; la deuxième, en français, sous le titre Historiale description de l’Éthiopie, imprimée par Plantin, à Anvers, en 1558 ; la troisième, en italien, que l’on trouve dans la collection de voyages de Ramusio. Paul Jove et Damien de Goes s’occupèrent à l’envi de la traduire en latin ; mais le public n’a pas joui de leurs travaux. On serait tenté de croire que le petit ouvrage de ce dernier, intitulé : Fides Moresque Æthiopum, n’est qu’un aperçu qu’il a voulu donner de l’ouvrage de François Alvarès. C-s-a.


ALVARÈS DE ORIENTE (Ferdinand), un des meilleurs poëtes portugais, était né à Goa, dans l’Inde, dans le 15e siècle, vers le commencement du règne du roi Sébastien. On a peu de détails sur sa vie ; seulement on sait qu’il servait dans la marine royale, et qu’il était un des capitaines de vaisseau de l’escadre que l’amiral Tellez commanda dans l’Inde, dans la vice-royauté de Moniz-Barreto. Son principal ouvrage, Lusitania transformada, est dans le genre de la Diana de Montemayor. (Voy. Montemayor.) Le langage en est pur et harmonieux, et les peintures et descriptions souvent naturelles. Ce poëme parut, pour la première fois, à Lisbonne, en 1607, in-8o. Le P. Foyos, oratorien, en a donné, une édition très-soignée. On a encore d’Alvarès de Oriente une élégie fort estimée, et il a composé les 5e et 6e parties du roman de Palmerin d’Angleterre. C-s-a.


ALVARÈS (Emmanuel), jésuite portugais, né à l’ile de Matière, en 1526, fut très-versé dans les langues grecque et hébraïque, et surtout dans la langue et la littérature latine, qu’il professa avec beaucoup de réputation à Lisbonne et à Coimbre. Il occupa différentes charges dans son ordre, et mourut à Lisbonne, le 30 décembre 1583. Sa grammaire latine, intitulée de Institutione grammatica, publiée pour la première fois en 1572, à Lisbonne, in-4o, fut adoptée dans presque toutes les écoles de son ordre, ce qui donna lieu à une foule d’éditions et à quelques controverses avec des grammairiens qui n’étaient pas amis des jésuites. Ses confrères Kess, Ricardi, Torsellino, en donnèrent des abrégés, et quelques autres la commentèrent. On a du P. Emmanuel Alvarès un autre ouvrage moins célèbre, intitulé de Mensuris, Ponderibus et Numeris. C-s-a.


ALVAREZ (Diégo), dominicain espagnol, né à Rio-Séco, dans la Vieille-Castille, professa la théologie pendant trente ans en Espagne et à Rome, où il fut envoyé en 1596, pour soutenir la doctrine de St. Thomas, contre les disciples de Molina, dans les congrégations de Auxiliis ; mais il laissa à son confrère Lemos la partie brillante de cette célèbre dispute. Il s’y fit néanmoins une sorte de réputation en publiant, pour la défense des opinions de son ordre : 1° de Auxiliis divinæ gratiæ, Lyon, 1611, in-fol., qui a eu plusieurs éditions ; 2° Concordia liberi arbitrii cum prædestinatione, lyon, 1622, in-8o. Ces ouvrages lui valurent l’archevêché de Trani, dans le royaume de Naples, où il mourut en 1635, dans un âge avancé. On le regarde comme le chef des théologiens mitigés de l’école du docteur angélique. Il admettait, par exemple, dans les justes, un pouvoir prochain d’accomplir les commandements, indépendamment de la grâce efficace, quoiqu’il convint que le pouvoir ne pouvait jamais être réduit à l’acte sans cette grâce. Pascal a beaucoup diverti ses lecteurs, dans ses Provinciales, aux dépens de ce