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fut même nommé premier secrétaire du sénat en 1530, honneur qui n’avait jamais été accordé à personne dont le père et le grand-père n’eussent pas été citoyens de Bologne. Il avait été choisi par le pape Clément VII pour prononcer devant lui et devant l’empereur Charles-Quint une harangue latine au sujet de la paix conclue à Bologne entre ces deux souverains ; et il s’était acquitté de ce devoir avec un applaudissement universel, le premier jour de janvier de cette même année, dans l’église de St-Petrone, au milieu d’une assemblée nombreuse de prélats et d’ambassadeurs. Il continua de professer à Bologne, avec un grand concours d’auditeurs, jusqu’en 1543, et fut alors appelé à Rome par Paul III et par son neveu, le cardinal Alexandre Farnese. Il fut employé par le pape dans plusieurs missions politiques, auprès de l’Empereur, de quelques princes d’Allemagne et du roi de Pologne ; enfin, en 1550, après la mort de sa femme, Jules III lui conféra la chargé de secrétaire des brefs. Il mourut deux ans après. On a de lui : 1° deux traductions latines d’auteurs grecs ; l’une, des sept livres de l’Expédition de Cyrus, par Xénophon, Bologne, 1533, in-fol. ; l’autre, de la Description de la Grèce, par Pausanias, Rome, 1547, in-4o ; 2° un volume de harangues, ou de dix-huit discours latins prononcés en différentes occasions, sous le titre de Orationes, Bononiæ, 1580, in-4o. Les auteurs contemporains ont fait les plus grands éloges de son éloquence et de son savoir. ─ Son fils, Pompilio, eut une carrière moins brillante que lui, mais se livra aux mêmes études, et enseigna aussi les lettres grecques à Bologne, où il mourut, vers la fin de 1584. Il traduisit deux fragments de Polybe, imprimés à Bologne, en 1543. Il avait écrit aussi en latin l’histoire des poëtes de son temps, qui n’a pas été imprimée. G-é.


AMASIAS, 8e roi de Juda, était âgé de vingt-cinq ans, lorsque son père Joas lui laissa le trône, l’an 839 avant J.·C. Son premier soin, après avoir affermi sa puissance, fut de venger la mort de Joas par le supplice de ses meurtriers. Les commencements de son règne furent heureux. Il avait pris 100,000 hommes du royaume d’Israël à sa solde, pour faire la guerre aux Iduméens ; mais, Dieu ayant désapprouvé cette guerre, il les congédia aussitôt, et cette obéissance fut suivie d’une victoire complète. Amasias eut la faiblesse d’adorer les idoles des peuples vaincus, et la cruauté de menacer de la mort le prophète chargé de lui faire des remontrances sur son idolâtrie. Enorgueilli de sa victoire, il envoya délier le roi d’Israël, qui ne lui répondit que par l’apologue du cèdre du Liban dont un vil chardon veut épouser la fille. Amasias, piqué de cette réponse, lui déclare la guerre, perd la bataille, est fait prisonnier, et ne rentre dans ses États, après une longue captivité, que pour y être poignardé dans une conspiration de ses sujets. Il avait régné 29 ans. Son fils Azarias lui succéda. T-d.


AMASIAS, prêtre de Bethel. Voyez Amos.


AMASIS, roi d’Égypte, né à Siouph, dans le nome de Sais, appartenait à la caste plébéienne et fut porté au trône pare insurrection militaire. L’armée, irritée de voir Apriès s’entourer de troupes étrangères, se souleva contre lui, au retour d’une expédition malheureuse contre la Cyrénaïque, et donna la couronne à un de ses courtisans, nommée Amasis. À cette nouvelle, le roi, qui se trouvait à Saïs, se mit à la tête de ses mercenaires et marcha contre l’usurpateur. Les deux armées se rencontrèrent à Momemphis. Apriès fut vaincu, fait prisonnier, et livré ensuite au peuple, qui le mit a mort. Amasis gouverna avec sagesse et déploya en toute circonstance les talents d’un politique ; habile et adroit : jamais l’Égypte ne fut plus tranquille ni plus florissante que sous son règne. Il ne réussit cependant pas d’abord à se concilier l’affection du peuple, qui méprisait l’obscurité de sa naissance. Pour dissiper ce préjugé déraisonnable, il s’avisa, selon Hérodote, du moyen que voici «[1] Parmi une infinité de choses précieuses qui lui appartenaient, on voyait un bassin d’or où il avait coutume de se laver les pieds, lui et tous les grands qui mangeaient à sa table. Il le mit en pièces et en fit faire la statue d’un dieu, qu’il plaça dans l’endroit le plus apparent de la ville. Les Égyptiens ne manquèrent pas de s’y assembler et de rendre un culte à ce simulacre. Amasis, informé de ce qui se passait, les convoqua et leur déclara que cette statue, pour laquelle ils avaient tant de vénération, venait du bassin d’or qui avait servi auparavant aux usages les plus vils : il en est ainsi de moi, ajouta-t-il : j’étais plébéien ; mais actuellement je suis votre roi ; je vous exhorte donc à me rendre l’honneur et le respect qui me sont dus. Il gagna tellement par ce moyen l’affection de ses peuples, qu’ils trouvèrent très-juste de se soumettre à son gouvernement. » On doit au même historien quelques détails sur les occupations, les mœurs, l’esprit et le caractère de ce prince. « Voici, dit-il, comment il réglait les affaires : depuis le point du jour jusqu’à l’heure où la place est pleine, il s’appliquait à juger les causes qui se présentaient. Le reste du temps, il le passait à table, où il raillait ses convives et ne songeait qu’a se divertir et qu’a faire des plaisanteries ingénieuses et indécentes. Ses amis, affligés d’une telle conduite, lui firent des représentations. Seigneur, lui dirent-ils, vous ne savez pas soutenir l’honneur de votre rang, et vous vous avilissez. Assis avec dignité sur votre trône, vous devriez, vous occuper toute la journée des soins de l’État : les Égyptiens reconnaitraient à vos actions qu’ils sont gouvernés par un grand homme, et votre réputation en serait meilleure ; mais votre conduite ne répond pas à celle d’un roi. — Ne savez-vous pas, leur répondit Amasis, qu’on ne bande un arc que lorsqu’on en a besoin, et qu’après qu’on s’en est servi on le détend ? Si on le tenait toujours bandé, il se romprait, et l’on ne pourrait plus s’en servir au besoin. Il en est de même de l’homme : s’il était toujours appliqué à des choses sérieuses, sans prendre aucun relâche et sans rien donner à ses plaisirs, il deviendrait insensiblement, et sans s’en apercevoir, fou ou stupide. Pour moi, qui en sais les

  1. Trad. de Larcher