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conséquence, je partage mon temps entre les affaires et les plaisirs » Amasis donna aux Égyptiens de bonnes lois. Hérodote cite avec éloge une de ses ordonnances de police, que Solon lui emprunta et qu’il porta à Athènes, où elle fut longtemps en vigueur. Avant de porter la couronne, ce prince avait mené une vie désordonnée ; il passait son temps à boire et à se réjouir, fuyait les occupations sérieuses et avait recours au vol pour subvenir à ses besoins et à ses plaisirs. Appelé à remplir les devoirs de la royauté, il s’appliqua à prémunir ses sujets contre l’oisiveté et la dissipation dont sa propre expérience lui avait révélé les suites dangereuses pour l’État et les particuliers. Ce fut dans ce but qu’il publia un édit par lequel il était enjoint à tout Égyptien de faire connaître chaque année a l’autorité ses moyens d’existence ; celui qui y manquait, ou qui n’était pas en état de prouver qu’il vivait par des moyens honnêtes, était puni de mort. Son esprit éclairé et actif embrassait tous les soins du gouvernement. Il développa les intérêts du commerce en favorisant les relations de son peuple avec les étrangers. Les profits du négoce et l’abondance des récoltes procurèrent aux citoyens et à l’État de grandes richesses. Amasis les employa à décorer l’Égypte de monuments nombreux et magnifiques qui attestent la prospérité de son règne, dont la gloire des armes contribua encore à relever l’éclat : il fit la conquête de l’ile de Cypre qu’il contraignit à lui payer un tribut (550 avant J.-C.). Les grands événements dont l’Asie était alors le théâtre lui inspirèrent de sérieuses inquiétudes. Cyrus, après avoir réuni tous les Perses sous son commandement, venait de renverser l’empire des Mèdes, et ses conquêtes avaient étendu sa puissance des côtes de l’Asie Mineure aux rives de l’Araxe. Prévoyant les dangers dont cette révolution formidable menaçait l’Égypte dans un avenir peu éloigné, Amasis travailla à se ménager l’appui des Grecs. ennemis naturels des Perses : il leur accorda la liberté du commerce, leur permit de s’établir à Naucratis, leur donna des emplacements pour élever des temples et des autels à leurs dieux, ouvrit l’Égypte à ceux qu’y attirait le désir d’étudier son antique civilisation, accueillit avec bienveillance Solon à sa cour, contribua pour une somme considérable à la reconstruction du temple de Delphes, détruit par un incendie, et envoya à plusieurs villes de riches statues pour décorer leurs temples ; il conclut en même temps un traité d’alliance défensive et offensive avec Cyrène, et fortifia ce lien politique en épousant Ladicé, fille d’un des principaux citoyens de cette ville. L’attitude hostile de la Perse motivait ces précautions. Le successeur de Cyrus, Cambyse, ne cherchant qu’un prétexte pour attaquer l’Égypte, fit demander au roi sa fille en mariage, certain de ne pas l’obtenir. Amasis, craignaient d’irriter par un refus le monarque persan, lui envoya Nitétis, fille d’Apriès. Mais la supercherie fut découverte et la guerre déclarée. Comme on faisait les préparatifs de l’expédition, Phanès, l’un des officiers des troupes auxiliaires d’Amasis, mécontent de ce prince, passa à la cour de Perse. Cet homme, qui connaissait parfaitement l’Égypte, fournit à Cambyse des renseignements exacts sur les affaires de ce pays, sur ses ressources, ses moyens de défenses, sa situation, et la route qu’il fallait suivre pour s’y rendre. L’armée des Perses était en marche lorsque Amasis mourut, l’an 525, après 44 années de règne. C. W-r.


AMASTRIS, fille d’Oxathre, frère de Darius-Codoman, avait été élevée avec Statira, fille de ce prince, qui l’aimait beaucoup. Lorsqu’Alexandre épousa Statira, il donna Amastris en mariage à Cratérus. Après la mort d’Alexandre, se voyant négligée par son époux, elle le quitta ; d’accord avec lui, et se maria avec Denys, tyran d’Héraclée, dont elle eut deux fils et une fille. Il la laissa, en mourant, tutrice de ses enfants, et elle se remaria à Lysimaque, roi de Thrace ; mais, ce prince ayant épousé Arsinoé, elle ne voulut plus rester avec lui, et retourna dans ses États, où elle fonda une ville à qui elle donna son nom. Ses fils, étant devenus grands, la firent périr en faisant couler à fond un vaisseau sur lequel elle s’était embarquée ; Lysimaque, qui avait eu d’elle un fils nommé Alexandre, vengea sa mort. On a d’elle quelques médailles. C-r.


AMATI, célèbres luthiers. Voyez Stradivarius.


AMATIUS, Romain d’une origine obscure. Se disant petit-fils de Marius, et proche parent de Jules César, il voulut se faire reconnaître par Octave. Après le meurtre du dictateur, il repartit à Rome, et prétendit avoir le droit de venger sa mort. Des gens de la lie du peuple, qu’attiraient les noms de Marius et de César, et encore plus le désir du pillage, commirent, sous sa conduite, les plus grands désordres ; mais Antoine, qui désirait se concilier le sénat, fit arrêter Amatius, et ordonna qu’on l’étranglât dans sa prison : ce qui fut exécuté sans autre formalité. D-t.


AMATO, ou plutôt AMATUS, religieux du Mont-Cassin, et ensuite évêque, vivait au 11e siècle. Il composa diverses poésies latines, et, entre autres, quatre livres qu’il dédia au pape Grégoire VII, et qui avaient pour titre : de Gestis apostolorum Petri et Pauli. Ces ouvrages sont perdus, et ce serait un malheur, si l’on en croyait Pierre Diacre, qui appelle Amatus un versificateur admirable (ch. 20). Le chanoine Mari, dans ses notes sur ce même endroit de Pierre Diacre, parle d’un manuscrit conservé à la bibliothèque du Mont-Cassin, et qui contient une histoire des Normands, en huit livres, composée par Amatus. Tiraboschi regrette (t. 3, p. 268) que oct ouvrage n’ait pas vu le jour. G-é.


AMATO (Vincent), gentilhomme de Cantazaro. ville du royaume de Naples, publia, en 1670, des Mémoires historiques de sa patrie, qu’il appelle l’illustrissima, famosissima e fedelissima citta di Cantazaro. ─ Un autre Vicent Amato, Sicilien, né en 1629, fut un savant compositeur de musique, et a laissé : 1° Sacri Concerti, à deux, trois, quatre et cinq voix, avec une messe à trois et quatre, Palerme, 1636 ; 2° Messa e Salmi di vespro e compieta, à quatre et cinq voix, ibid., 1636 ; 3° l’Isauro, opera di Vicenzio d’Amato, Aquila, 1664. G-é.


AMATO (Michel d’), savant théologien, naquit