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partie occidentale de l’Arabie. Alors Towsoun-Pacha se porta sur le pays de Nedjed avec 2,000 hommes et un corps d’Arabes alliés. Abdallah, menacé dans le centre de ses États ; vint camper à Aneyseh, surprit un convoi ennemi, et fit passer au fil de l’épée son escorte de 200 cavaliers et le trésorier de Towsoun, qui la commandait. Il attaqua que le pacha avait affaibli. Pendant vingt jours il y eut des escarmouches qui furent suivies d’un armistice. Towsoun, ayant reçu des renforts, se disposait à recommencer les hostilités, lorsque le chef des Wahabis envoya son oncle et quatre autres de ses parents, avec des présents de chevaux et de dromadaires pour traiter de la paix. Les députés baisèrent la main du pacha, et lui présentèrent la lettre de leur prince, qui demandait à être admis au nombre des sujets du sultan, à faire des vœux et des prières pour lui, promettant qu’il n’y aurait plus aucune tentative de rébellion de la part de ses compatriotes. Towsoun, après avoir reçu d’eux l’assurance que les Wahabis suivaient les mêmes dogmes que les autres musulmans, exigea qu’Abdallah ibn Sehoud promit de se rendre à Constantinople s’il y était appelé ; qu’il se contentât du rang de prince arabe ou de Cheik-al-Belad ; qu’il remit Déreyeh ; qu’il restituât les trésors enlevés au tombeau de Mahomet ; qu’il assurât le passage des pèlerins, et qu’enfin il obéit au gouverneur de Médine. Les députés acceptèrent ces conditions et en signèrent le traité, subordonné a la ratification du vice-roi et du sultan. Abdallah sembla d’abord vouloir en exécuter les clauses, et reçut de riches présents de Towsoun-Pacha ; mais, dans le temps qu’il envoyait des députés et des otages au quartier général ottoman, il destituait, il punissait les partisans des Turcs, il semait la discorde parmi leurs alliés, et fortifiait Déreyeh et ses principales places. Mohammed-Ali ayant alors insisté pour obtenir les trésors enlevés au tombeau de Mahomet, Abdallah répondit que tout avait été vendu et dissipé, et demanda d’être dispensé du voyage de Constantinople. Le vice-roi lui adressa une lettre menaçante, lui renvoya ses présents, et dirigea de nouvelles troupes vers l’Arabie, avec ordre de mettre garnison a la Mecque, a Médine, etc. Abdallah de son côté continua ses préparatifs de défense, confia les principaux emplois et le commandement de ses places fortes aux officiers les plus braves et les plus dévoués, rassembla à Déreyeh tous les chefs arabes, et leur fit prêter serment. Il forma une armée de 30,000 hommes, dont une partie tint garnison dans Déreyeh, et le reste fut organisé en colonnes mobiles ; il fit élever des batteries de canon en avant de sa capitale et sur la route de Médine ; et, du milieu de ces préparatifs de guerre, il envoya en Égypte deux députés pour-porter au vice-roi des assurances de paix. Ayant reçu par eux une réponse du vice-roi qui lui enjoignait de rentrer dans le devoir, il y substitua une lettre fausse qu’il lut à ses parents et à ses principaux chefs, pour les affermir dans leur résolution. Mais les menaces de Mohammed-Ali ne tardèrent pas à se réaliser : Ibrahim-Pacha vint prendre le commandement des troupes qu’avait laissées en Arabie son frère Towsoun, et il occupa la redoutable position d’Henakieh, près de Médine. Abdallah résolut de prendre l’offensive avant que l’armée ottomane eût été grossie par de nouveaux secours et par la jonction des Arabes dissidents. Pour arrêter la défection, qui faisait des progrès parmi eux, il attaqua et dépouilla les tribus qui refusaient de se retirer sur Bass. Mais ce moyen violent produisit un effet tout contraire. Faiçal-al-Daouyeh, cheik de la tribu de Monteyr, ayant à venger le sang de ses frères répandu par Abdallah, vint se joindre à Ibrahim. Dans le même temps (le 2 mai 1817), Abdallah, sans dispositions préparatoires, livra bataille avec 10,000 hommes, dans la position de Mahoueh, à Ouzoun-Ali, l’un des lieutenants d’Ibrabim, et fut complètement battu, par suite de l’abandon de ses alliés. Ibrahim arriva assez tôt pour faire massacrer 200 prisonniers, dont il envoya les oreilles à son père, avec celles de 300 Wahabis restés au nombre des morts. Après cette défaite, Abdallah s’enfuit dans le Nedjed, et concentra ses forces à Bass, à Aneyseh et à Déreyeh. Au mois de juillet, Ibrahim traversa le désert et mit le siége devant Bass ; mais après y être reste trois mois et demi, après avoir perdu 3,400 hommes, il fut forcé de conclure un armistice et de reconnaître la neutralité de cette place, jusqu’après la reddition d’Aneyseh. La belle défense de Bass fut due a la bravoure de la garnison et des habitants, plus qu’aux diversions d’Abdallah, qui toutes furent malheureuses. Les propositions de paix qu’il fit à Ibrahim n’eurent pas plus de succès. Ce dernier se porta sur Khatra, qui se rendit au bout de quelques heures. Aneyseh, la seconde ville des États d’Abdallah, capitula après six jours de canonnade, et entraina la soumission de toute la province d’Al-Kassym. Boureydeh se rendit après qu’un de ses forts eut été pris d’assaut et la garnison passée au fil de l’épée. Chakra fut assiégé le 14 janvier 1818 : c’était la dernière des places qu’Abdallah avait successivement fortifiées et abandonnées pour se renfermer enfin dans Déreyeh, avec l’intention de chercher un dernier asile dans la province d’Al-Ahsa. Ibrahim, ayant fait raser toutes les plantations de dattiers autour de Chakra, les habitants séparèrent leurs intérêts de ceux de la garnison, qui obtint une capitulation, avec la faculté de se retirer, en laissant ses armes et ses bagages. Dorama, ville alors florissante, n’eut pas un sort aussi heureux. Prise d’assaut, il n’y eut qu’une partie de la garnison qui put se retirer : tous les habitants turent égorgés. Le massacre dura sept jours, et les soldats égyptiens reçurent 15 francs pour chaque paire d’oreilles. Ce fut le 22 mars qu’Ibrahim quitta Dorama avec une armée de 5,500 hommes et 12 pièces d’artillerie pour assiéger Déreyeh. Abdallah, secondé par ses frères, ses parents et ses meilleurs guerriers, encourageait ses soldats ; pendant sept mois il se défendit avec la plus grande bravoure ; il fit plusieurs sorties et soutint plusieurs sauts ; et, lorsqu’il fut abandonné par une partie des habitants