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écrits que nous devons à ce savant et laborieux missionnaire. Le reste, sous la forme de lettres, d’observations et de mémoires, se trouve répandu avec profusion dans les 15 volumes in-4o des Mémoires concernant l’histoire, les sciences et les arts des Chinois. Ceux qui voudront connaître avec plus de précision ce qui lui appartient dans cette utile collection peuvent consulter l’article Amiot de la table générale, qui se trouve dans le tome 10 : ils verront, sans doute avec quelque étonnement, que cette nomenclature seule occupe quatorze colonnes de cette table, laquelle cependant ne contient encore que les matières des dix premiers volumes. Le P. Amiot, devenu si justement célèbre en Europe, passa en Chine la plus grande partie de sa vie, et mourut à Pékin en 1794, âgé de 77 ans. On trouve dans les Lettres édifiantes une lettre qui donne des détails sur la vie de ce missionnaire. G-r.


AMIOT. Voyez Amyot.


AMIR, souverain de Smyrne, fils d’Aidin, l’un des chefs qui, à la mort d’Aladin, sultan d’Iconium, s’étaient partagé l’Asie Mineure avec Othman. Amir, fils d’Aidin, régnait, vers l’au 1341, sur le pays de Smyrne, et sur une partie maritime de l’ancienne Ionie. Cantacuzène, l’empereur grec, l’appela à son secours, et le prince musulman vint mouiller à l’embouchure de l’Èbre, avec trois cents vaisseaux et 29,000 hommes. Amir apprend que Cantacuzène, vaincu par ses ennemis domestiques, a fui chez le despote de Servie ; mais que sa femme, l’impératrice Irène, est assiégée par les Bulgares, dans Démotica ; il surprend ces barbares, les met en déroute, délivre la ville, et sauve l’impératrice. content du glorieux titre de libérateur, il refusa d’entrer dans Démotica pour recevoir les remerciements d’Irène, parce que son mari était absent, comme s’il eût craint, dans ses mœurs orientales, de donner un soupçon de jalousie à un ami malheureux. Amir, en servant Cantacuzène, n’en nuisit pas moins aux Grecs, ses ennemis naturels. Il assiégea Thessalonique, porta la terreur jusque dans Constantinople, et se rembarqua chargé de dépouilles et de captifs. Bientôt après, le roi de Chypre, la république de Venise et les chevaliers de St-Jean de Jérusalem abordèrent sur les côtes de l’Ionie ; Amir fut blessé à mort, d’un coup de flèche, à l’attaque de la citadelle de Smyrne, que les chrétiens avaient enlevée ; et, fidèle à l’amitié jusqu’à la fin, il recommanda à Cantacuzène, en mourant, de rechercher l’alliance du sultan Orkhan, conseil sincère de la part du généreux Amir, mais plus imprudent que politique, et qui avança la chute de l’empire grec en Europe. (Voy. Amyr.) S-y.


AMMAN (Paul), médecin et botaniste allemand, naquit à Breslau en 1634, fit d’excellentes études dans diverses universités d’Allemagne, voyagea en Hollande et en Angleterre, fut reçu docteur en médecine à l’université de Leipsick, et bientôt associé à l’académie des curieux de la nature, sous le nom de Dryander. La faculté de Leipsick créa aussi bientôt pour lui une chaire extraordinaire en 1674, le fit monter à celle de botanique, et, en 1682, à celle de physiologie. Amman, d’un esprit vif et remuant, fait preuve, dans ses nombreux écrits, de connaissances vastes ; mais on peut lui reprocher une critique trop amère, et souvent assaisonnée de plaisanteries peu dignes des sujets qu’il traitait. Ses opinions paradoxales lui attirèrent des désagréments. Il mourut en 1691 âgé de 55 ans. Son premier ouvrage fut un extrait critique des différentes décisions consignées dans les registres de la faculté de Leipsick, Erfurth, 1670, in-4o. La faculté fut forcée de le condamner, par un écrit publié dans la même année. Voici la liste de ses autres productions : Paracœnesis ad discentes, circa institutionom medicarum emandiatonem occupata, Rudolstadii, 1673, in-12, ouvrage où l’auteur s’emporte avec fureur contre les systèmes, surtout contre la doctrine de Galien, et veut établir le scepticisme en médecine. Amman sans doute y exagère, mais il relève néanmoins un très-grand nombre d’erreurs et d’abus partiel. 2o Une réponse aux contradicteurs de cet ouvrage : Archæas syncopticus Eccardi Leichneri archæo syncoptico contra paracænæsim ad discentes oppositus, 1674, in-12. 3o Ironicum Numæ pompilii cum Hippocrate, que veterum medicorum et philosphorum hypotheses, in corpus juris civilis pariter ac canonnici hactenus transuptæ, a præconceptis opinionibus vindicæentur, Francorfurti et Lipsiæ, 1689, in-8o, où l’auteur examine le rapport qui existe entre les sentiments d’Hippocrate, les systèmes adoptés en médecine, et les diverses institutions civiles et canoniques, et dans lequel, toujours fidèle à ses principes sceptiques, il en raille, souvent avec trop d’aigreur, l’incohérence et les contradictions. 4o Praxis vulnerum lethalium, sex decadibus historiarum, rariorum, ut plurimun traumaticorum, cum cribationibus adornata, Francofurti, 1690, in-8o, ouvrage de chirurgie où se décèlent encore l’âpreté de se critique et le tranchant de ses décisions. Amman a publié aussi plusieurs ouvrages sur la botanique, savoir : Description du Jardin de Leipsick, où il donne non-seulement le catalogue des plantes cultivées dans ce jardin, mais encore une synonymie assez complète des différents noms de chacune de ces plantes, ce qui peut le faire regarder comme une continuation du Pinax de Gaspard Bauhin. La préface de cet ouvrage contient des principes certaines sur l’emploi des plantes ; il est terminé par une introduction à la matière médicale, écrite d’une manière savante et très-précise. Amman s’acquit encore plus de droits à la reconnaissance des botanistes par la publication d’un second traité, intitulé : Character naturalis plantarum, 1676. En prenant pour base les principes qui venaient d’être posé par Morison, il prouva qu’on ne devait établir la distinction des genres de plantes que sur les parties de la fructification, et il en fit l’application sur 1476 genres ou espèces, dont il donna la notice par ordre alphabétique. On doit donc compter Paul Amman au nombre de ceux qui ont le plus contribué à fonder les bases de la science telles qu’elles sont reconnues aujourd’hui. En 1700, Nébel donna une nouvelle édition de cet ouvrage, avec des additions considérables, tirées principalement