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texte qu’il avait fait imprimer, céda l’édition entière à M. Paulus, qui l’a publiée à Tubingue. M. Wahl en a donné à Halle, en 1700, une traduction allemande, et M. White, en 1800, a fait réimprimer à Oxford le texte, avec la traduction latine de Pococke, revue, continuée et enrichi de notes. Mais ces traducteurs avaient encore laissé beaucoup à désirer. M. Silvestre de Sacy en a fait une traduction française à laquelle il a joint des notes, et qui a paru en 1810, 1 vol. in-4o, de l’imprimerie impériale. J-n.


ABD-ALRAHMAN Ibn-Hossain, écrivain arabe moderne, naquit au Caire vers le milieu du 18e siècle ; il tirait son origine de Djebaret, village de la haute Égypte, d’où il reçut le surnom de Djebarti. Voué de bonne heure à l’étude de la religion et des lois musulmanes, il obtint le titre de cheik on de docteur, et jouissait au Caire d’une grande réputation de science lorsque les Français envahirent l’ancien empire des Pharaons. Abd-Alrahman se tint d’abord à l’écart, évitant de se prononcer ; et ce ne fut qu’après le retour de Bonaparte en France, sous l’administration de Kléber, qu’il fit partie du divan du Caire, conseil composé des notabilités du pays, et qui servait d’intermédiaire entre l’administration française et les indigènes. Après l’évacuation des Français, il rédigea une histoire de leur invasion, sous le titre de Fatihet alnasr fy khelasset misr, ou Annonce de la victoire qui a délivré l’Égypte ; et en 1807, lorsque Moustafa IV fut monté sur le trône ottoman, il se rendit à Constantinople pour en faire hommage au sultan. Le prince accueillit cet écrit avec intérêt et le fit même traduire en turc. L’auteur reçut un emploi distingué dans la capitale. Il est mort depuis cette époque. Outre l’histoire de l’expédition des Français en Égypte, dont il existe une version française manuscrite, faite sur le turc par M. Cardin, et qui a été mise à contribution par MM. Marcel et Raybaud dans l’histoire de la même expédition, publiée à Paris, il reste du même auteur une histoire générale de l’Égypte moderne, en 3 volumes in-4o, dans laquelle le premier récit ne subsiste que comme épisode. Cette histoire est rédigée en arabe, et porte le titre de Ketab adjayb altsar fyl taradjem ou alakhbar, ou Livre des souvenirs les plus merveilleux en fait d’explications et de récits. Commençant à l’année 1100 de l’hégire (1688 de J.-C.), elle se prolonge jusqu’en 1220 (1806). On dit qu’il a été question d’imprimer cet ouvrage à l’imprimerie que le vice-roi d’Égypte a établie à Boulak, près du Caire. Quoi qu’il en soit, une relation aussi étendue sur un pays qui, dans ces derniers temps, a été fécond en événements, ne saurait manquer manquer d’intérêt. Hossain Djebarti, père d’Abd-Alrahman, est auteur d’un traité arabe des poids et mesures en général, qui se trouve à la bibliothèque royale a Paris. R-d.


ABD-ALRAHMAN, prince africain, né a Tomboctou, dont son grand-père était roi, entra dans l’armée du Foutah-Jallo, royaume qui dépendait alors de Tomboctou, et fut chargé du commandement d’une expédition contre les Hébohs, mais il fut fait prisonnier avec presque tous les siens, et mis à bord d’un bâtiment négrier, destiné pour les Antilles. On le vendit comme esclave, et il vécut longtemps dans cette condition à Natchez, où il avait été envoyé. Quelques années auparavant, le docteur Cox, chirurgien à bord d’un navire qui faisait le commerce sur la côte d’Afrique, ayant pénétré dans le pays, s’y était égaré, et avait été abandonné. Après avoir erré quelque temps, il était arrivé à la capitale du Fontah-Jallo, où, blessé et mais malade, il avait été accueilli par, Abd-Alrahman qui lui donna l’hospitalité pendant six mois. De retour aux États-Unis, le docteur Cox eut occasion de visiter Natchez, seize ans après, et fut reconnu par le prince déchu. Pénétré de reconnaissance et touché de compassion pour le sort de cet infortuné, il lui procura la liberté, et le recommanda au gouverneur, qui lui accorda un passage pour son pays natal ; mais le malheureux prince mourut le 6 juillet 1829, au moment où il allait jouir de ce bienfait. Sa mort fut d’autant plus déplorable pour la colonie, qu’il s’était allié à plusieurs chefs puissants des pays situés entre Teinbou et Tomboctou, et que son frère, Abd-Alkader, occupe le trône de Foutah-Jallo, royaume à peine éloigné de 200 milles de Libéria. Comme il écrivait l’arabe avec facilité et parlait plusieurs langues de l’Afrique, la société de colonisation américaine espérait, par son intermédiaire, établir des relations importantes avec l’intérieur. Peut-être y parviendra-t-elle encore à l’aide des enfants du prince, pour la rançon desquels des citoyens des États-Unis ont souscrit une somme de 4,000 dollars. Z.


ABD-AL-WAHARB, véritable fondateur de la secte des Wahabis à laquelle il a donné son nom. C’est à tort que M. Corancez, dans son Histoire des Wahabis, et M. Rousseau, dans son mémoire sur ces fameux rebelles, ouvrages puisés à la même source, désignent le cheik Mohammed, son fils (voy. ce nom), comme le premier chef de cette secte qui a fait tant de bruit depuis le commencement de ce siècle, et couté tant de sang à l’Arabie et à l’empire ottoman. Ces deux agents diplomatiques, pendant leur séjour au Levant, ont recueilli des documents contemporains, d’après lesquels il semble que la secte des Wahabis ne remontait pas alors à plus d’un demi-siècle, c’est-à-dire au delà de 1750 à 1760. À ces autorités modernes, nous avons cru devoir préférer celle de Niebuhr, voyageur instruit et judicieux : il parcourait l’Arabie à l’époque même où l’on place les commencements du wahabisme, qui, suivant lui et d’après les renseignements qu’il prit à Bassora, datait déjà d’une trentaine d’années. L’opinion de Niebuhr a été appuyée plus tard par celle de Mirza-Abou-Taleb-Kan, qui visita Bagdad et Bassora en 1803, peu après le pillage de la ville d’Imam-Houçaïn, le premier exploit qui ait fait connaître les Wahabis en Europe. Mais le voyageur indien se trompe aussi lorsqu’il place en 1757 les premières prédications du chef de ces sectaires ; Abd-al-Wahab naquit vers la fin du 17e siècle, soit dans les environs de Hillah, sur les bords de l’Euphrate, soit dans la province de Nedjed, en Arabie. Son père Somilan, pauvre Arabe d’une tribu de