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AMY

en Thessalie. Argée n’occupa le trône que pendant deux ans. Sa conduite impolitique ayant fait désirer à ses sujets le retour d’Amyntas, ce prince, à l’aide de quelques troupes de la Thessalie, força son compétiteur à lui laisser enfin le royaume. Il fit aux Olynthiens une guerre d’abord malheureuse, mais qui finit à son avantage, parce qu’il réussit à engager Sparte dans ses intérêts. Il voulut aussi se lier avec les Athéniens, qui, jusqu’alors, n’avaient eu qu’une médiocre confiance aux rois de Macédoine ; mais Amyntas réussit dans ses négociations, en déclarant qu’Amphipolis devait appartenir aux Athéniens, et en promettant de les mettre en possession de cette place. Toute la conduite d’Amyntas fut celle d’un profond politique ; il affermit le trône dans sa famille, augmenta la puissance de la Macédoine, s’attacha ses voisins, et mourut, 308 ans avant J.-C., après un règne de 24, laissant trois fils légitimes : Perdiccas, Philippe et Alexandre II, qui lui succéda, sous la tutelle d’Eurydice, sa mère. C-r.


AMYNTAS, fils d’Antiochus, macédonien, quitta la Macédoine après la mort de Philippe, sans autre motif que sa haine pour Alexandre le Grand ; il se rendit à Éphèse, d’où il s’enfuit, lorsqu’il apprit le passage du Granique, alla joindre Darius, et en entretint une correspondance avec Alexandre-Lynceste, qui devait assassiner Alexandre le Grand. Il donna à Darius le sage conseil d’attendre qu’Alexandre vint l’attaquer dans les plaines de l’Assyrie, où il pouvait déployer toute son armée, et surtout sa cavalerie ; mais ¡1 ne fut pas écouté. Amyntas fut un des commandants des troupes grecques auxiliaires des Perses, à la bataille d’Issus. Après cette journée, il se réfugia, avec d’autres transfuges grecs, à Tripoli en Syrie, s’y embarqua, fit voile vers l’île de Chypre, et ensuite vers Peluse, qu’il surprit, en faisant croire qu’il avait une commission de Darius, qui l’établissait gouverneur de l’Égypte, à la place de Sabacas, tué à la bataille d’Issus. Quand il se vit maître de cette place importante, il leva le masque, prétendit à la couronne d’Égypte, et déclara qu’il voulait en chasser les Perses. Les Égyptiens se joignirent à lui, et formèrent une armée, avec laquelle il marcha droit à Memphis. Les Perses, commandés par Mozarès, furent défaits devant cette place, et forcés de s’y renfermer. Après cette victoire, Amyntas, se croyant maître du paycs, laissa ses soldats se livrer au pillage, sans précaution ; Mozarès sut en profiter, fit une sortie, tua Amyntas, et détruisit son armée. — On trouve encore plusieurs autres Amyntas célèbres dans l’Histoire de Macédoine, du temps d’Alexandre : 1° Amyntas, fils d’Andromène, qui commandait une portion de la phalange ; il fut compris, ainsi que Polémon, Attale et Simmias, ses frères, dans l’accusation portée contre Philotas ; mais il se justifia, et fut tué peu de temps après d’un coup de flèche, en assiégeant un bourg ; 2° Amyntas, l’un des chefs de la garnison macédonienne qui était dans la Cadmée, à Thèbes ; il fut tué par les exilés qui venaient de rentrer. C-r.


AMYISTIAN, ou AMYNTIANUS. historien grec, vivait sous le règne de l’empereur Marc-Antoine, auquel il dédia une Vie d’Alexandre, où il annonçait ridiculement que son style serait digne des exploits du conquérant macédonien. Cet ouvrage n’est point parvenu jusqu’à nous ; mais, d’après le jugement de Photius, la vanité d’Amyntian tint mal ses promesses. C’était un écrivain froid, décousu, et sans forces, très-inférieur aux autres historiens d’Alexandre. On regrette toutefois que Photius ne rapporte aucun passage qui puisse motiver son jugement. Amyntian avait aussi publié la vie d’Olympias, mère d’Alexandre le Grand, ainsi que des vies parallèles, dans le genre de Plutarque, celles, par exemple, de Denys-le-Tyran et de Donatien ; de Philippe, roi de Macédoine, et d’Auguste. De tous les ouvrages de cet historien, celui qu’on doit le plus regretter, c’est, sans contredit, la vie d’Olympias, qui ne pouvait manquer de jeter beaucoup de jour sur l’histoire de la Macédoine et de la Grèce, à cette époque qui est si peu connue. G-r.


AMYON (Jean-Claude), député du Jura à la convention, était né en 1735, à Poligny. Cultivant lui-même le modeste héritage qu’il tenait de ses pères, il avait acquis, dans l’exercice d’une vie laborieuse, la réputation d’un bon agriculteur. Trop occupé des soins qu’exigeait son petit domaine pour prendre aucune part aux affaires publiques, il resta jusqu’en 1792 étranger à la révolution, dont il ne soupçonnait pas plus les causes qu’il ne pouvait en prévoir les conséquences. Les électeurs de Poligny, divisés sur le choix du député qu’ils devaient envoyer à la convention, jetèrent les yeux sur Amyon, qui réunit les suffrages des deux partis. Lancé dans cette assemblée qui, dès sa première séance, décréta l’abolition de la monarchie, Amyon fut entrainé par le torrent auquel il n’avait aucun moyen de résister. Dans la procès de Louis XVI, il vota la mort sans appel et sans sursis ; mais ce fut de sa part l’effet de la peur, comme son repentir l’a témoigné depuis. L’un des soixante-treize députés qui protestèrent contre la fameuse journée du 31 mai, il fut arrêté dans le sein même de la convention et enfermé aux Madelonnettes, d’où il ne sortit qu’après le 9 thermidor. Il devint membre du conseil des anciens à l’époque de son organisation, et cessa d’en faire partie en 1797. Exempt d’ambition, ce fut un bonheur pour lui de rentrer dans la vie privée. Pendant tout le temps de son séjour à Paris, Amyon avait conservé l’habitude d’aller acheter et de préparer lui-même les aliments dont se composait son modeste repas. Nommé par le premier consul adjoint à la mairie de Poligny, il donna l’exemple du retour aux idées d’ordre et aux principes religieux, et mourut le 17 juin t803, à l’âge de 67 ans. W-s.


AMYOT (Jacques), naquit à Melun, le 30 octobre 1513. On ne sait pas au juste quelle était la profession de son père ; les uns en font un boucher, d’autres un corroyeur, d’autres un petit mercier. St-Réal, historien fort peu scrupuleux, a fait, de la jeunesse d’Amyot, un récit, dont les principales circonstances sont démenties par des faits avérés, et qu’en conséquence, nous ne rapporterons point. Amyot, étant venu à Paris pour y continuer ses études commencées