Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/639

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
623
AMY

génie et le caractère que lui, ni qui ait usé de mots et de phrases si naturellement françoises, sans aucun mélange des façons de parler des provinces, qui corrompent tous les jours la pureté du vrai langage français ? Tous ses magasins et tous ses trésors sont dans les œuvres de ce grand homme. » On a prétendu, les uns qu’il n’avait traduit Plutarque que d’après une traduction italienne, les autres, que ce travail n’était pas de lui, mais d’un homme pauvre et savant qu’il avait à ses gages. Ces assertions sont détruites par la seule vue des exemplaires de Plutarque qui lui ont appartenu ; ils sont chargés de notes et de variantes, qui prouvent une véritable connaissance de la langue grecque. Néanmoins, il paraît prouvé qu’en beaucoup d’endroits, la version manque de fidélité : le savant Meziriac prétendait y avoir trouvé jusqu’à 2,000 fautes. Quoi qu’il en soit, elle n’a été effacée par aucune de celles qui ont paru depuis, et l’on trouve toujours beaucoup de charme à la lire, malgré l’espèce d’obscurité qu’y répand, pour les lecteurs ordinaires, l’emploi d’un assez grand nombre de tournures et d’expressions tombées en désuétude. « Cette traduction, dit Racine, a, dans le vieux style du traducteur, une grâce que je ne crois pas pouvoir être égalée dans notre langue moderne. » Les ouvrages d’Amyot sont : 1o Histoire æthiopique d’Héliodorus, contenant dix livres, traitant des loyales et pudiques amours de Théagènes, Thessalien et Chariclée, ÆEthiopienne, nouvellement traduite du grec en françois, 1547, in-fol., et 1549, in-8o. Amyot, lors de son voyage en Italie, ayant trouvé au Vatican un manuscrit complet d’Héliodore, retoucha sa traduction, et la fit réimprimer en 1559, in-fol. C’est cette édition qui a servi de modèle aux réimpressions faites à Lyon, à Paris et à Rouen. 2o Sept livres des Histoires de Diodore, sicilien, traduits du grec, Paris, Vascosan, 1554, in-fol., réimprimés en 1587. Ce sont les livres 11 à 17, commençant au voyage de Xercès, et finissant à la mort d’Alexandre. 3o Amours pastorales de Daphnis et Chloé, traduites du grec, de Longus, 1559, in-8o. Parmi les nombreuses réimpressions, on distingue : 1o l’édition dite du Régent, imprimée aux frais de ce prince, 1718, petit in-8o., et ornée de 28 gravures, faites sur ses dessins, par B. Audran : dans quelques exemplaires, on trouve une 29e gravure ; 2o celle de 1731, in-12, avec des notes de Falconnet ; 3o celle de 1757, in-4o., offrant en regard la traduction d’Amyot et une traduction nouvelle, par un anonyme (Le Camus) ; 4o l’édition donnée par Didot, an 7 (1798), grand in-4o., avec 9 figures, et dont 27 exemplaires ont été tirés in-fol. ; 5o l’édition in-18, publiée à la même époque, par le même imprimeur ; 6o celle que Paul-Louis Courier vient de faire imprimer sous ce titre : Daphnis et Chloé, traduction complète, d’après le manuscrit de l’abbaye de Florence, Florence, 1810, grand in-8o., tiré à 60 exemplaires : l’éditeur a retouché, en quelques endroits, la traduction d’Amyot, et a traduit lui-même, en vieux langage, un fragment recouvre à Florence, lequel remplit la lacune qu’on sait être au premier livre de l’ouvrage ; 4o les Vies des Hommes illustres,

grecs et romains, comparées l’une avec l’autre, translatées du grec en français, 1559, 2 vol. in-fol. On recherche l’édition donnée par Vascosan, 1567. 6 vol. in-8o ; on y joint la traduction d’une Décade de Guevare, faite par A. Allègre (Voy. Allègre). 5o Œuvres morales de Plutarque, traduites en français, 1574, 6 vol., in-8o. C’est cette édition que l’on joint à celle des Vies des Hommes illustres, de 1567. Les Œuvres complètes de Plutarque, traduites par Amyot, ont été recueillies plusieurs fois. L’édition de Vascosan, 1565-75, 4 tomes en 2 vol. in-fol., est peu rechercher aujourd’hui ; il en est de même de l’édition donnée par M. Bastien, en 1784, 18 vol. in-8o ; mais on estime l’édition publiée en 1783-87, avec des notes et observations de G. Brottier et Vauvilliers, 22 vol. in-8o. Elle a été réimprimée par Cussac, 1801-1806, 25 vol. ; M. Clavier, éditeur, y a ajouté des notes, et, de plus, la traduction, faite par lui, de la Vie d’Homère, de l’Essai sur la poésie, du Traité sur la Noblesse, et de plusieurs fragments : ces additions forment le 23e volume. Les tables des matières des Vies des Hommes illustres et des Œuvres morales, forment les 24e et 25e volumes. 6o Lettre à M. de Morvilliers, maître des requêtes, du 8 septembre 1551. Cette lettre, dans laquelle Amyot donne une relation de son voyage à Trente, se trouve dans les Mémoires du concile de Trente, par Vargas, dans les Mémoires du même concile, par Dupuy, et dans l’ouvrage de Pithou, intitulé : Ecclesiæ Gallicanæ in schismate Status. 7o Œuvres mêlées, 1611, in-8o. Le P. Niceron parle de ce volume ; mais nous croyons qu’il y a erreur, et que ces Œuvres mêlées n’ont jamais existé. 8o Projet de l’Éloquence royale, composé pour Henri III, roi de France, imprimé pour la première fois en 1805, i-8o et in-4o. A-G-r.


AMYR-BE-IHKAMILLAH, surnommé Mansour, calife fathemite, succéda à son père Mostaaly, le 17 de safar 495 de l’hégire (27 novembre 1101 de J.-C.), n’étant âgé que de cinq ans. Ce fut Alafdhal, vizir de son père, qui le fit reconnaître calife, afin de se conserver l’autorité ; mais lorsqu’Amyr se sentit assez puissant pour se défaire d’un tel ministre, il le fit assassiner, et mit à s.i place un nommé Mohammed. Celui-ci ne fut pas longtemps sans s’attribuer un pouvoir semblable à celui d’Alafdhal, et blâma publiquement les mœurs du calife, qui s’en défit également par le poignard. Le règne d’Amyr, prince sans jugement, se livrant à l’excès du vin et à ses passions, fut de 29 ans 5 mois et quelques jours ; il mourut, assassiné par des Ismaéliens, partisans d’Alafdhal, le 3 de dzoul-hedjah, 524 de l’hégire (7 novembre 1130) Lorsqu’il monta sur le trône, Godefroi régnait encore à Jérusalem. Baudouin, nommé par les Arabes Bardouil, qui succéda à Godefroy, fit une invasion en Égypte, et s’en serait emparé, si la mort ne l’eût arrêté au milieu de ses conquêtes. Amyr étant mort sans enfants, Hafeth lui succéda. J-n.


AMYRAUT (Moïse), non pas AMYRAULT, comme l’écrivent ceux qui le font descendre de l’ancienne famille des Lamyrault d’Orléans, vit le jour à Bourgueil, en Anjou, l’an 1596. Son père, qui le