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ANA

Les curieux peuvent consulter à ce sujet David Blondel (Familier Éclaircissement, etc., 1649, in-8o), et J. H. Boecler (Bibl. critica.) G-é.


ANASTASE, apôtre de la Hongrie, portait le nom d’Astric quand il embrassa la règle de St-Benoit dans le monastère de St-Boniface, à Rome. St. Adalbert, évêque de Prague, retournant en Bohème, le prit avec lui et le nomma abbé du monastère de Braunau. Ce prélat ayant été chassé, Astric se réfugia en Hongrie avec ses religieux. Son arrivée fut très-agréable au duc Étienne, qui, ayant embrassé la religion chrétienne, avait besoin d’hommes apostoliques pour convertir ses sujets, encore livrés à l’idolâtrie. Ce prince fit construire pour eux un monastère de l’ordre de St-Benoit ; de là Astric, qu’il en nomma abbé, se répandit dans la Hongrie pour y porter l’Évangile. En 996 Étienne divisa son duché en dix évêchés ; il donna celui de Colozca à Astric, qui, à sa consécration, prit le nom d’Anastase. Le duc Étienne l’envoya à Rome (1000) pour demander au pape Sylvestre II la confirmation de ses premières mesures ; il devait aussi prier le pontife d’accorder la couronne royale au duc, afin que cette nouvelle dignité augmentât la puissance et la vénération dont il avait besoin pour exécuter ses pieux desseins. Anastase remplit parfaitement sa mission ; le pape accorda tout ce qu’Étienne avait demandé ; il ajouta à la couronne une croix que l’on devait porter devant le nouveau roi, en signe de son apostolat. « Je suis l’apostolique, disait-il ; mais ce prince mérite bien le nom d’apôtre, ayant acquis un peuple si puissant à la foi de Jésus-Christ. » Anastase étant revenu en Hongrie avec les lettres du pape, la couronne et la croix, la nation se rassembla, et Étienne, proclamé roi, fut sacre et couronné par Anastase. L’archevêque de Strigonie, métropolitain de la Hongrie, était devenu aveugle ; le roi, de concert avec le pape, lui donna pour successeur l’évêque de Colocza ; mais l’archevêque, ayant recouvre la vue au bout de trois ans, remonta sur son siége, et Anastase retourna dans son diocèse, où il termina peu de temps après son honorable (Voy. Étienne.) G-é.


ANASTASE (Olivier de Saint-), carme, dont le nom propre était de Crock, vivait dans le 17e siècle, se livra à la prédication, et mourut en 1674, à Bruxelles. Il reste de lui quelques ouvrages, dont les titres bizarres annoncent que, s’il réussissait dans la prédication, ce ne devait être qu’a la manière moitié pieuse, moitié burlesque du fameux petit père André : 1° le Jardin spirituel des Carmes, émaillé des vertus des Saints les plus célèbres de ce saint ordre, comme d’autant de belles fleurs, et arrosé d’instructions spirituelles comme d’une agréable rosée, 2 vol. in-12, Anvers, l659-1661 ; 2° le Combat spirituel d’amour entre la mère de Dieu et les serviteurs de l’ordre du Mont-Carmel, avec égal avantage des deux côtés, Anvers, 1661, in-12 ; 3° Apologues moraux, traduits de St. Cyrille, et enrichi : de petites pièces de poésies et de conclusions, Anvers, 1669, in-12 ; 4° Pleias mystica calculata ad meridianum désolati Belgii, 1669, in-12, et d’autres ouvrages latins. N-l.


ANASTASE (le Père) Voyez Guichard.

ANASTASIE. L’Église révère plusieurs saintes de ce nom. Celle dont la commémoration a lieu le 25 décembre, était d’une illustre famille de Rome, et vivait au commencement du 4e siècle. Les actes de St. Chrysogone, qui fut son tuteur, et l’instruisit dans la foi, rapportent que, pendant la persécution de Dioclétien, ce saint ayant été arrêté dans Aquilée, où il souffrit ensuite le martyre, sa pieuse pupille alla le rejoindre pour lui donner ses secours. En 304, selon les mêmes actes, auxquels on n’accorde que peu d’autorité, elle fut brûlée vive, par ordre du préfet d’Illyrie. Ses cendres furent portées à Rome, et déposées dans l’église qui porte son nom. Les actes de la sainte, par Métaphraste, lui donnent pour époux un païen nommé Publius, et ajoutent d’autres détails qu’on n’insère point ici, parce que ces actes n’inspirent aucune confiance. — Une autre Anastasie, ou Anastase, surnommée l’Ancienne fut martyrisée à Sirinich, et l’Église l’honore également le 25 décembre ; mais on n’a aucuns détails, ni sur sa vie, ni sur l’époque précise où elle vivait. Ses reliques, transportées à Constantinople, restèrent quelque temps dans l’église dite Anastasis, ou de la Résurrection, d’où ou les plaça dans celle de Ste-Sophie ; mais elle n’y était plus, lorsqu’en 1453, les Turcs s’emparèrent de la capitale de l’empire d’Orient. — Enfin, une troisième Anastasie, d’une famille illustre de Rome, fut instruite dans la religion chrétienne, par St. Pierre et St. Paul, ainsi que Ste. Basilisse, son amie. Toutes deux, selon les martyrologes grecs et latins, eurent la tête tranchée par ordre de Néron. L’Église fait leur commémoration le 15 avril. D-t.


ANATOLIUS, d’Alexandrie, florissait vers l’an 270 avant J.-C., et ressuscita la philosophie péripatéticienne, que l’école de Plotin avait fait abandonner. Né de parents chrétiens, il fut porté, par ses succès, à l’évêché de Laodicée. Il composa plusieurs ouvrages, entre autres dix livres d’Institutions arithmétiques, dont Fabricius nous a conservé des fragments dans le 2e vol. de sa Bibliothèque grecque. Nous avons encore de lui un traité sur le temps de célébrer la Pâque, publié en latin par G. Boucher, dans son Commentar. in. Victor. Aquitani Canonem paschalem, Anvers, 1633, in-fol. On ne doit point confondre l’évêque de Laodicée avec un autre Anatolius, philosophe platonicien, l’un des maîtres de Jamblique, et auteur d’un Traité sur les Sympathies et les Antipathies, dont on trouve des fragments au tome 4 de l’ouvrage précité de Fabricius. D. l.


ANATOLIUS, jurisconsulte, était fils de Léontius, et petit-fils d’Eudoxius, qui avaient, l’un et l’autre, consacré leur vie à l’étude des lois, et vécut du temps de Justinien. D’abord professeur en droit à Beryte, ville de Phénicie, il devint successivement avocat du préfet du prétoire, avocat du fisc, juge pédané ou des affaires sommaires, et parvint enfin à la dignité de consul. Justinien, dans sa Novelle 82, l’appelle vir spectabilis. Il paraît qu’il fut un des jurisconsultes employés et choisis par cet empereur pour la compilation du Digeste. On a accusé Anatolius d’avoir abusé de sa place de consul, et de s’être enrichi par ses concessions. Si l’on en croit Agathias, historien