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de l’empire russe. Elle tomba alors sans pouvoir se relever. Devenu le plus puissant parmi les princes russes, André avait sous lui les gouvernements actuels de Jaroslaf, de Kostroma, de Wladimir, de Moscou, de Nijni-Nowogorod, de Toula, de Kalouga, de Kiow, de Rézan, de Mourom, de Smolensk, de Polock et de Volhynie. Pendant son règne, qui dura 15, ans, ce prince fut toujours occupé d’apaiser les troubles qui s’élevaient dans l’intérieur. Il fut tué, le 29 juin 1175, par vingt assassins, que ses propres parents avaient soudoyés. Après sa mort, ses États furent livrés au pillage. Le peuple, n’ayant plus a craindre l’autorité du prince, se jeta sur les maisons des magistrats et des officiers, et s’abandonna a des excès si révoltants que les prêtres, revêtus de leurs ornements sacerdotaux, parcouraient les rues, suppliant les habitants de rentrer dans l’ordre. André était un prince courageux, ami de la justice, et auquel on donna le surnom de second Salomon. Ce fut lui qui transporta le siége de l’empire russe de Kiow à Wladimir, où il resta près d’un siècle ; de là il passa à Moscou, d’où Pierre le Grand le transféra à St-Pétersbourg. G-y.


ANDRÉ (Jaroslawitz), grand-duc de Russie, était le fils de Jaroslaf II, et frère aîné du célèbre Alexandre Newski (voy. Alexandre) ; il partagea avec les descendants de Wladimir le Grand les calamités de l’époque la plus désastreuse qu’ait éprouvée l’empire russe. Les Tatars Mogols avaient soumis et dévasté la Pologne, la Hongrie, la Croatie, la Servie, la Bulgarie, la Moldavie, la Valachie et la Russie méridionale. Leur chef, le terrible Batukan ou Baty, ayant donné ordre à Jaroslaf de venir le trouver, le grand-duc apaisa le conquérant par ses soumissions ; il fut reconnu le premier parmi les princes russes, mais à condition qu’il se rendrait dans la Tatarie chinoise et qu’il fléchirait le genou devant Octaï ; ses fils André et Alexandre l’accompagnèrent. Après avoir rendu cet hommage d’humiliation, Jaroslaf revint en Russie, et mourut en chemin, l’an 1246. Ses fils, pour se faire reconnaitre, allèrent auprès de Batukan, qui les obligea de se présenter devant le grand kan dans la Tatarie. Ce fier dominateur, satisfait de leur soumission, donna à André la principauté de Wladimir (1249), et à Alexandre la Russie méridionale, en y comprenant Kiow. André, qui avait épousé une fille de Daniel, roi de Kalicz ou de Gallicie, plus fier que son frère Alexandre, ne savait point, comme lui, se plier sous le joug du vainqueur. Ayant déclaré qu’il ne payerait point le tribut aux Tatars, et n’étant pas en force pour leur résister, il se réfugia en Suède avec sa femme et ses enfants (1252). Alexandre fit un second voyage à la horde pour réconcilier sa famille avec les Tatars, qui le reconnurent, à la place de son frère André, comme grand-duc de Wladimir. Il réussit même à faire la paix de son frère André, qui, après la mort de Batukan, l’accompagna dans un nouveau voyage à la horde (1257). D’après un ordre venu du grand kan, ses lieutenants devaient faire un recensement général de l’empire russe, et y établir un impôt qui serait levé par tête. Les princes russes cherchèrent à écarter une mesure aussi affligeante ; mais leurs réclamations n’eurent aucun succès. À leur retour en Russie ; ils furent suivis par des employés tatars, qui nommèrent des décurions et des centurions chargés de faire le recensement et de lever le tribut, Le silence et la tristesse régnaient dans toute la Russie. Nowogorod voulut résister ; mais cette ville, fière de son commerce et de son industrie, fut obligée de se soumettre comme le reste de l’empire. Les Mogols amenèrent avec eux des marchands arméniens qui, prenant les tributs à ferme, exigeaient des pauvres habitants d’énormes intérêts, et les trainaient en captivité quand ils ne pouvaient payer. Enfin on perdit patience ; le tocsin se fit entendre dans les principautés de Wladimir, de Souzdal et de Roston, qui étaient l’héritage d’André et d’Alexandre Newski ; on courut aux armes, et les Mogols furent ou massacrés ou chassés de la Russie. Les deux princes, qui n’étaient point en mesure, craignant les suites de cette révolte, se rendirent à Saraï, sur le Volga, prés du kan Berka. Ce successeur de Baty aimait les sciences et les arts ; il avait embelli de nouveaux édifices la capitale du Kaptchka, et les Russes jouissaient d’une entière liberté pour l’exercice de leur culte. Les princes russes donnèrent à Berka des explicatiions qui parurent le satisfaire ; il désapprouva ce que ses lieutenants avaient fait, mais il contraignit André et Alexandre de passer une année entière à sa cour ; et, revenant, Alexandre mourut le 14 novembre 1263, à Goredetz, dans la province de Nijni-Nowogorod. André ne lui survécut que de quelques mois, et tout indique que l’un et l’autre furent empoisonnés. G-y.


ANDRE (Alexandrowitz), grand-duc de Russie, était le second fils d’Alexandre Newski. Son frère aîné, Démétrius, monta sur le trône en l’année 1276. (Voy. Démétrius.) Pendant que ce prince se rendait à Nowogorod pour régler l’administration de cette ville puissante, André, qui était duc de Gorodetz, suivi de quelques autres princes russes, marcha à la tête de ses troupes vers le Caucase, pour soumettre les Yasses ou Alains qui ne voulaient point reconnaître la domination des Tatars. Il s’empara de Diédiakof, dans le Daghestan ; la ville fut brûlée, et les habitants réduits en esclavage. Le grand kan, satisfait de cet exploit, fit de riches présents à André, qui résolut alors de supplanter son frère aîné, et de le faire descendre du trône pour s’y élever lui-même. Il sut si adroitement gagner le grand kan, que celui-ci le nomma chef des princes russes, grand-duc, et lui donna un corps de Tatars, à la tête desquels André s’avança sur la principauté de Mourom, ordonnant aux princes apanagés de venir le joindre avec leurs troupes. On obéit ; et Démétrius effrayé abandonna ses États. Les Tatars, profitant de ces circonstances, envahirent les duchés de Mourom, de Souzdal, de Wladimir, d’Yourief, de Rostow, de Twer ; et ces contrées furent livrées aux horreurs de la plus effrayante dévastation. Les barbares pillèrent, incendièrent les maisons, les monastères, les églises ; les habitants