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sans que toutefois les faits y soient dépouillés des détails qui leur donnent la vie, présente l’histoire d’Angleterre page à page, en regard de celle de l’Europe. Le récit est de temps en temps suspendu par des appendix qui contiennent, entre autres matières, des esquisses biographiques et une suite, de chapitres sur la religion, le gouvernement, les mœurs, les arts, les sciences, le langage, le commerce, etc. On regrette qu’Andrews n’ait pas poussé plus loin sa relation ; il en fut détourné probablement par la tâche qu’il s’imposa de continuer l’Histoire de la Grande-Bretagne de l’Écossais Robert Henry (voy. ce nom) ; le résultat de ce travail parut en 1796, 1 vol. in-4o et 2 vol. in-8o. L’auteur mourut à Londres le 6 août de l’année suivante. Il a coopéré au Gentleman’s Magazine, et a donné une traduction du français des Sauvages de l’Europe, imprimée avec des estampes faites sur ses dessins. L.


ANDREWS (Pierre-Miles), lieutenant-colonel du régiment des volontaires du prince de Galles, était le fils d’un marchand de la cité ; il préféra d’abord les muses au commerce. Lié avec Garrick, il prit du goût pour le théâtre, et composa un grand nombre de comédies, entre autres celle qui est intitulé Mieux vaut tard que jamais, dont le duc de Lead, son ami, fit le prologue. À la mort de son frère aîné, Andrews hérita d’une ample fortune et d’une manufacture de poudre à canon, qui, dans un temps si fertile en guerres, fut pour lui une source abondante de richesses. Suivant l’exemple de tous les jeunes gens riches de son temps, il embrassa l’état militaire. Il fut nommé membre du parlement en 1790, et successivement réélu en 1796, 1802, 1806 et 1807. Il parait, qu’Andrews était moins célèbre comme auteur, comme manufacturier ou comme membre du parlement, que comme homme du bon ton. « Personne ne rassemble dans son salon, dit l’auteur d’une biographie anglaise, un cercle plus brillant de duchesses, de marquises, et de comtesses et de baronnes, etc. ; et si M. le colonel Andrews avait réalisé le projet de sa première jeunesse, d’aller vivre en Orient, lors même qu’il serait parvenu à la dignité de pacha, son harem eût été peu de chose comparé à cette réunion séduisante de beautés anglaises dont se composent ses soirées. » Andrews mourut dans sa maison de Cleveland, le 18 juillet 1814, peu d’heures après avoir signé cent billets d’invitation pour une fête avec feu d’artifice, qui devait avoir lieu dans cette même maison. Z.


ANDREZEL (Barthélemy-Philibert Picon d’), né en 1757, à Salins, était petit-fils du vicomte d’Andrezel, qui, pendant son ambassade à Constantinople, y fonda l’école française des langues orientales, qui subsiste encore. Il commença ses études à l’école militaire de la Flèche, et vint les terminer à Paris au collège d’Harcourt. Il embrassa l’état ecclésiastique, et M. de Cicé, archevêque de Bordeaux, le nomma son grand vicaire, quoiqu’il eût a peine vingt-cinq ans. Il fit partie des dernières assemblées du clergé, qui se tinrent en 1785 et 1788. Devenu titulaire de la iriche abbaye de St-Jacut en Bretagne, il prit en cette qualité séance aux états de cette province. M. de Cicé, son protecteur, ayant été nommé garde des sceaux en 1780 (voy. Champion), l’abbé d’Andrezel se chargea de la surveillance des bureaux et des autres détails du ministère. Son refus de se soumettre au serment exigé des ecclésiastiques ayant obligé de quitter la France en 1792, il passa le temps de son exil en Angleterre. De retour dans sa patrie, sous le consulat, il chercha dans l’exercice de ses talents les ressources que la fortune lui avait enlevées, et prit part à la rédaction : de quelques journaux, entre autres du Journal des Curés[1]. Peu de temps après la création de l’université, il en fut nommé l’un des inspecteurs généraux. Confirmé dans cette place en 1815, il ne cessa de la remplir qu’en 1824. Il fut admis à la retraite, sans l’avoir demandée, sous le ministère de M. Frayssinous, vint habiter Versailles, et y mourut le 12 décembre 1825. Quelques journaux prétendirent que sa mort avait été causée par le chagrin qu’il éprouvait de sa disgrâce. On a de lui une traduction de l’Histoire des deux derniers rois de la maison de Stuart, par le célèbre Fox, imprimée en 1809, 2 vol. in-8o. Elle fut mutilé par la censure impériale. (Voy. Fox.) D’Andrezel fut l’éditeur des Excerpta e scriptoribus grœcis, de M. Mollevault, professeur, frère du poëte de ce nom, Paris, 1815, in-12, ouvrage adopte par l’université, et traduit en français par M. Hantôme, Paris, 1825, 2 vol. in-12. Dans l’avertissement dont il a fait précéder la 3° édition (1825, in-12), d’Andrezel annonce qu’elle a été donnée sur un exemplaire revu par M. Boisaonade, enrichi de ses remarques et corrigé tout entier de sa main ; que les notes et les arguments sont de M. Gros, professeur de rhétorique au collège de St-Louis, et enfin que les épreuves ont été revues par M. Garnier, auteur instruit et laborieux du Dictionnaire prosodique et poétique gr.-franç., et de la Prosodie grecque. W-s.


ANDRI. Voyez Andry.


ANDRIA (Nicolas), médecin, naquit à Massafra, le 10 septembre 1748. Quoique d’une famille aisée, comme le biographe Vulpes le remarque avec une espèce d’étonnement, il s’appliqua de bonne heure à l’étude, et vint achever son cours de droit à Naples. En le terminant, il publia une thèse sur les servitudes ; mais ennuyé bientôt de la profession d’avocat, il l’abandonna pour se livrer à l’étude de la médecine, science dans laquelle il fit de rapides progrès. En 1777, il fut nomme professeur d’agriculture à l’université de Naples ; et en 1801, il obtint la chaire de physiologie qu’il remplit pendant sept années d’une manière brillante. Chargé depuis de l’enseignement de la théorie médicale, il fut, en 1811, pourvu de la chaire de pathologie et de nosologie,

  1. L’abbé d’Andrezel se plaignit vivement d’avoir été déguenillé par la censure dans le Journal des Curés (numéro du 9 novembre 1809), et il fit insérer dans le numéro suivant cet erratum : « Une lacune assez considérable se fait apercevoir dans l’article signé D. du n° 160 de ce journal, MM. les abonnés sont priés de n’en pas accuser le rédacteur de l’article, qui n’a pu ni la prévoir ni la prévenir. » Le censeur était M. l’abbé Cottret, depuis évêque in partibus, qui ne fit au reste que suivre les instructions qu’il avait reçues. V-ve.