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de soldat. Il était à peine rétabli de se blessure, qu’une maladie dangereuse le mit au bord du tombeau. Ce fut dans cette conjoncture que le vieil Andronic fut contraint de prendre l’habit monastique : le jeune empereur, guidé par un sentiment de dévotion assez mal entendu, mais qui, dans ce temps, n’était pas rare, voulut aussi donner la couronne au grand domestique, Jean Cantacuzène, comme au plus digne de la porter dans des circonstances aussi difficiles ; mais Cantacuzène, qui n’avait pas perdu l’espérance de conserver son maître, le fit changer de résolution. En effet, Andronic ne tarda pas à recouvrer la santé, et son premier soin fut d’aller chasser les Turcs qui étaient passés en Thrace ; il repoussa ensuite les Bulgares et les Serviens jusque dans leurs montagnes, et força ces barbares d’accepter la paix, en 1332. La tranquillité momentanée dont jouissait l’État fut troublée par quelques révoltes et par des conjurations ; la valeur de l’empereur, secondée par la prudence de Cantacuzène, apaisa les unes et déjoua les autres. La répression des brigandages des Albanais, différentes guerres avec les Turcs, la prise de possession de l’Acarnamie, occupèrent Andronic, depuis l’année 1334 jusqu’en 1339. Ce fut alors que, pour s’opposer plus efficacement aux Turcs, dont les progrès devenaient chaque jour plus effrayants, il forma une ligue avec le roi de France, Philippe de Valois, Robert, roi de Naples, le roi de Chypre, le grand maître de Rhodes, et quelques autres princes. Les infidèles, attaqués par la flotte des alliés sur les côtes de la Grèce, perdirent 250 navires et plus de 5,000 hommes ; mais ce désastre ne les empêcha pas de rentrer bientôt après dans le Péloponèse, et d’y commettre de plus affreux ravages qu’auparavant. Andronic, pour résister à tant d’ennemis, crut qu’il lui importait de contracter avec les Latins une alliance durable, et d’anéantir le schisme qui divisait les deux Églises ; il s’occupa donc sérieusement de la réunion ; mais les obstacles qu’il rencontra, et le chagrin qu’il en ressentit, joint à une maladie dangereuse, le conduisirent au tombeau, dans la 45e année de son âge. Il en avait régné 16, et depuis treize ans il gouvernait seul. Les qualités qu’il développa sur le trône firent publier les désordres de sa jeunesse. Forcé, par l’injustice et la dureté de son grand-père, de lui ravir le sceptre, il s’en montra digne par son courage, ses talents et sa modération. Il trouva le moyen de supprimer des impôts onéreux, et de conserver néanmoins des armées toujours prêtes à courir à la défense de l’État. On le vit, continuellement à la tête de ses troupes, et sa valeur, ses talents militaires, suspendirent les désastres dont l’empire d’Orient était accablé. Andronic avait été marié, en premières noces, à la fille d’un duc de Brunswick : après la mort de cette princesse, arrivée en 1325, il épousa Anne de Savoie, dont il eut deux enfants qu’il laissa en bas âge. L’aîné fut Jean Paléologue. L-S-e.


ANDRONIC IV. Voyez Jean Paléologue.


ANDRONIC, de Cyrresthes, architecte grec, construisit à Athènes le monument connu sous le nom de la tour des Vents : c’était un bâtiment octogone, sur chacune des faces duquel était sculptée la figure d’un des vents, Andronic les avait distingués par divers attributs : on les nommait Solanus, Eurus, Auster, Africanus, Favonius, Corus, Septentrio, et Aquilo. Au sommet de la tour, s’élevait une petite pyramide de marbre qui supportait une mécanique assez semblable à nos girouettes : elle consistait en un triton d’airain, tournant sur un pivot, et indiquant, avec une baguette le côté de la tour sur lequel était représenté le vent qui soufflait. On juge, par le style déjà corrompu de l’architecture de ce monument et la médiocrité des bas-reliefs, qu’est postérieur au siècle de Périclès. Comme il est construit en gros blocs de marbre. Il n’a pas éprouvé de grandes dégradations, et le couronnement seul en est détruit. Tout l’édifice est enterré d’environ 12 pieds. Chacune des faces avait aussi un cadran ; enfin, on croit que ce monument renfermait une clepsydre, ou horloge d’eau. Le toit était de marbre taillé en forme de tuiles : cette manière de couvrir avait été inventée par Byses de Naxos, 580 avant J.-C. La tour des Vents sert aujourd’hui de mosquée à des derviches. Spon, Wheler, J.-D. Leroy et Stuart ont parlé avec étendue de ce monument singulier. L-S-e.


ANDRONICUS CALLISTUS (Jean), né à Thessalonique, vint en Italie après la prise de Constantinople par les Turcs, et donna des leçons de grec successivement à Rome, à Florence et à Ferrare. Il eut pour disciples Ange, Politien, Janus Pannonius, et George Valla. Appelé ensuite à Paris pour y enseigner le grec, après Hermonyme de Sparte, il fut un de ceux à qui l’université de cette ville dut le rétablissement de l’étude de la langue grecque. Il mourut en 1478. On a de lui un traité des Passions, en grec, que David Hœschelius a fait imprimer, Augsbaurg, 1593, in-8o, et qui a été réimprimé en 1617 et 1679, à la suite de la paraphase des Morales à Nicomaque. C-r.


ANDRONICUS (Livius), le plus ancien poëte · dramatique latin, fit représenter sa première pièce de théâtre, l’an de Rome 514 (240 avant J.-C.), sous le consulat de Clodius Cethegus et de Sempronius Tuditanus, un an avant la naissance d’Ennius. Il était Grec de naissance, fut d’abord esclave, et reçut son nom latin de Livius Salinator, dont il avait instruit les enfants et qui l’affranchit. Il jouait lui-même un rôle dans ses pièces, et l’on dit qu’ayant été atteint d’une extinction de voix, il imagina de faire réciter les paroles par un esclave, tandis qu’il faisait lui-même es gestes : ce fut l’origine de la pantomime chez les Romains. Il nous reste de ce poëte à peine deux cents vers, en sorte qu’il ne nous est pas possible de juger de la manière dont il traçait un plan, conduisait une action, développait un caractère. On peut croire toutefois que ses compositions dramatiques trahissaient l’inexpérience et les tâtonnements d’un art dans l’enfance. Quant au style, nous possédons assez de fragments pour en apprécier la facilité harmonieuse et les formes pures et pittoresques. Il composa aussi une Odyssée et des hymnes en l’honneur des dieux. Tite-Live et Valère-Maxime