Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/699

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
683
AND

Ses progrès devenaient de jour en jour plus inquiétants, lorsqu’il tomba entre les mains de Libadaire, gouverneur de la Lydie, qui lui fit crever les yeux, et étouffa ainsi la rébellion. La situation d’Andronic n’en fut pas plus tranquille ; trompé par de lâches ministres, il avait laissé tomber la marine, et les pirates ravageaient les côtes de l’Hellespont. Les Vénitiens vinrent insulter l’empereur jusque dans le port de Constantinople ; les Serviens violaient en même temps le territoire de l’empire, tandis qu’en Asie, les Perses d’un côté, de l’autre les Turcs, saccageaient les frontières. Dans ces fâcheuses extrémités, Andronic chercha des secours étrangers ; un corps nombreux d’Alains lui vendit ses services, et bientôt Roger de Flor, célèbre aventurier, lui amena un puissant renfort de Catalans ; mais ces nouveaux alliés ne tardèrent pas à devenir plus incommodes que les barbares dont ils devaient délivrer l’État. Roger tourna ses armes contre ceux mêmes qu’il avait promis de défendre ; il pilla plusieurs villes et menaçait Andronic lui-même, lorsque ce prince en fut débarrassé par un assassinat. La mort de Roger fut vengée par de nouveaux ravages ; des essaims de barbares entamèrent de toutes parts les provinces presque sans défense. Quelques victoires ne suffirent point pour les arrêter, et, dans le même temps, Andronic perdit son fils, qu’il avait associé à l’empire. Ce prince laissait un fils, nommé aussi Andronic, qui prétendit bientôt partager le trône avec son aïeul. Celui-ci refusa d’abord d’y consentir, et, pendant quelques années, l’État chancelant fut encore ébranlé par les divisions de ces princes. Enfin, en 1325, le vieil Andronic fut contraint de reconnaître son petit-fils empereur ; mais bientôt, jaloux du crédit que le jeune prince obtenait sur l’esprit du peuple, il lui suscite de nouvelles tracasseries ; Andronic, forcé de reprendre les armes contre son grand-père, entre en vainqueur dans Constantinople, et se fait reconnaître pour seul souverain. L’empereur détrôné, condamné à ne plus quitter son palais, achevait sa carrière dans le mépris et presque dans le besoin ; pour comble de maux, il venait de perdre la vue, lorsque ceux qui le gardaient, apprenant que son petit·fils était dangereusement malade, et craignant de voir le vieil empereur recouvrer l’autorité, le forcèrent, en 1330, à prendre l’habit monastique. On exigea de plus une renonciation en forme à la couronne, et, deux ans après, le 15 février de l’année 1332, Andronic qui, avec le hoc, avait pris le nom d’Antoine, mourut presque subitement, âgé de 74 ans, et après 60 ans de règne. Ce faible prince avait sans doute quelques vertus ; il était sobre, laborieux, exemplaire ses mœurs ; au respect pour la religion, il joignait l’amour des sciences ; il savait distinguer le mérite, et se plaisait à le récompenser ; mais la marine anéantie, l’empire dévasté, les provinces envahies par les barbares, les monnaies altérées pour subvenir a des dépenses excessives, et satisfaire l’avarice du prince, le commerce ruiné, l’appauvrissement de l’État dans toutes les branches, prouvent assez qu’Andronic n’était pas appelé à soutenir le trône de Constantin dans les jours de sa décadence. On attribue à ce prince un dialogue entre un juif et un chrétien, dont la version latine se trouve dans le recueil de Stewart, imprimé à Munich, en 1616. Andronic avait en de sa première femme, Anne, fille d’Étienne, roi de Hongrie, six fils, dont un seul (Michel) a conservé une place dans l’histoire. L-S-e.


ANDRONIC III (Paléologue), dit le Jeune, empereur de Constantinople, petit-fils du précédent, et fils de Michel Paléologue, naquit vers l’an 1295. Sa jeunesse fut marquée par quelques désordres, qui lui attirèrent l’animadversion de son aïeul, jusque-là très prévenu pour lui. Le jeune Andronic, amonreux d’une femme galante, crut avoir à se plaindre des visites d’un rival, et résolut de s’en défaire ; mais, par une funeste méprise, ses gardes tuèrent son propre frère, Manuel Despote. La douleur que cet événement causa à l’empereur Michel, leur père, le conduisit en peu de temps au tombeau, et le jeune Andronic, ne voyant plus de compétiteur entre lui et le trône, ne tarda pas à manifester ses prétentions. Si l’on en croit Cantacuzène, le jeune prince fut poussé à la révolte par les soupçons que laissa paraître le vieil empereur, et par les dégoûts qu’il se plut à donner à son petit-fils : mais il ne faut pas oublier que Cantaeczène était l’âme du parti du jeune Andronic. Quoi qu’il en soit, le prince, forcé de quitter Constantinople, se vit bientôt à la tête d’une armée, mais il ne s’en servit que pour amener son aïeul à une réconciliation, et pour repousser les Bulgares, qui s’étaient avancés jusqu’aux portes d’Andrinople. Il les battit en plusieurs rencontres, et les poursuivait chaudement, lorsque la mort de sa femme et le nouveau mariage qu’il allait contracter avec Anne, princesse de Savoie, le rappelèrent à la cour. Ce fut à cette époque, en 1325, que le vieil Andronic le fit reconnaître et sacrer empereur ; mais la bonne intelligence des deux princes dura peu. Le soupçonneux vieillard força bientôt son jeune collègue à reprendre les armes. Vainement Andronic, à la tête d’une armée victorieuse, essaya d’en venir à un accommodement ; le vieil empereur rejeta toute espèce de proposition. Andronic, contraint de poursuivre ses avantages, surprit Constantinople, qu’il ne put sauver du pillage, et, maître de la personne de son aïeul, il lui rendit tout le respect qu’il devait à son âge ; cependant il se garda bien de lui rendre le trône. Désormais seul maître de l’empire, il signale son nouveau pouvoir par des largesses au peuple, ainsi que par des traits de modération envers ses ennemis, et de reconnaissance envers ceux qui l’avaient servi : bientôt il lui fallut quitter Constantinople, pour voler au-devant des Bulgares, qu’il poursuivit au delà de leurs frontières. Il reprit en 1229 l’île de Chio, que son aïeul avait perdue par sa faiblesse. Quelque temps auparavant, les Turcs avaient fait une irruption sur le territoire de l’empire en Asie ; Andronic marcha contre eux, quoiqu’inférieur en nombre, et les battit en plusieurs rencontres ; mais il fut grièvement blessé en faisant tout à la fois l’office de générale et