Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/705

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
689
ANE

tous les services qui dépendaient de lui. Ayant obtenu la permission de retourner dans sa famille, il fut nommé, en 1797, commissaire du directoire près de l’administration du département de Benaco, qui plus tard fut appelé département de la Mella. Mais, ne voulant pas rester l’instrument des vexations que le gouvernement français faisait éprouver à ses compatriotes, il donna sa démission, et, quoique sans fortune, il refusa toutes les places qui lui furent offertes. À l’entrée des Austro-Russes dans la Lombardie, en 1799, Anelli, toujours suspect, fut encore mis en prison, mais il n’y resta pas longtemps. Dégoûté des fonctions administratives, il rentra dans la carrière de l’enseignement, et fut nommé, en 1802, professeur d’éloquence et d’histoire au lycée de Brescia. Sa réputation le fit appeler en 1809 a l’école de droit qui venait d’être créée à Milan, et il y fut chargé du cours d’éloquence judiciaire. Ce cours ayant été supprimé par suite d’une réorganisation de l’école, en 1817, il obtint la chiaire de procédure ; mais, voyant que tous ses collègues avaient reçu leur institution et qu’on ne lui envoyait pas la sienne, il se persuada qu’il ne conserverait pas cet emploi, devenu son unique ressource pour élever sa famille. Frappé de cette idée, il tomba malade et mourut de chagrin le 5 avril 1820. Outre quelques discours et des vers de circonstance, on a d’Anelli : 1° Odæ et Elegiæ, Vérone, 1780, in-8o. 2° L’Argene, moelle morale in ottava rima, Venise, 1793, in-8o. 3° Le Cronache di Pindo, Milan, 1811, 1818, in-8o. Ce poëme, d’un style élégant et spirituel, est une espèce de tableau de la littérature. Tous les grands écrivains anciens et modernes, mais particulièrement ceux d’Italie, y sont caractérisés et appréciés en quelques mots, avec une justesse remarquable. Il est divisé en 7 livres, publiés par l’auteur, à mesure qu’il les composait, sous autant de titres différents : la Congiura, la Frame, il Secol d’oro, l’Arcadia, il Volo degli Ameli, l’Oracolo et la Rupo. Ne pouvant travailler à cet ouvrage que dans les moments de relâche que lui laissaient ses devoirs de professeur, Anelli n’a pas eu le loisir d’y mettre la dernière main ; il en a laissé manuscrit un 8e livre qu’on regrette de ne pas trouver dans l’édition de Naples, 1820, in-8o. Les éditeurs annoncent qu’ils ont fait pour se le procurer des tentatives infructueuses. 4° Des opéras buffa et trente et une autres pièces de théâtre données sous le voile de l’anonyme et sous des noms supposés ; elles étincellent d’esprit, de malice et de gaieté. Gamba (Testi di lingua) s’étonne qu’on n’en ait pas réimprimé quelques-unes dans ces Raccolte qui ne se sont pas moins multipliés dans ces derniers temps en Italie qu’en France. W-s.


ANEMAS (les) furent quatre frères, qui, sous le règne d’Alexis Comnène, formèrent une conjuration contre ce prince, dans l’année 1105. Ils avaient engagé dans leur parti les premiers de la noblesse ; déjà Jean Salomon, homme aussi vain que léger, distribuait d’avance les places et les dignités ; déjà les conjurés s’étaient réunis sous les murs du palais pour y pénétrer et pour tuer Alexis ; ils différèrent l’exécution de leur complot, et ce délai les perdit. Alexis, averti secrètement, fit arrêter Jean Salomon, dont on ne put tirer d’abord aucun éclaircissement ; mais, intimidé bientôt par les menaces, il déclara tous ses complices ; l’exil et la confiscation de leurs biens furent les peines infligées au plus grand nombre ; cependant les Anemas furent condamnés à un châtiment plus sévère : ils devaient avoir la tête rasée, la barbe arrachée, être promenés en cet état dans Constantinople, et, à la suite de cette humiliante représentation, avoir les yeux crevés. Les hommes chargés de l’exécution aggravèrent leur peine par tant d’insultes, qu’au moment ou les Anemas passèrent devant le palais, ils levèrent leurs mains suppliantes pour demander la mort, moins dure pour eux qu’un tel opprobre. l’impératrice et sa fille, Amie Comnène, touchées de leur horrible état, coururent implorer leur pardon aux pieds d’Alexis, qui l’accorda au moment où les Anemas allaient passer les mains de bronze. On nommait ainsi deux bras de métal scellés dans une muraille, pour marquer que jusque-là le souverain pouvait encore tendre une main protectrice aux criminels ; mais aussitôt qu’ils avaient passé ce point, leur supplice s’exécutait. Les Anemas virent commuer leur peine en une prison perpétuelle. On les renferma dans une tour voisine du palais des Blaquernes, qui fut depuis nommée la tour Anemas. L-S-e.


ANFOSSI (Pascal), compositeur italien, né vers 1736, fit ses premières études musicales dans les conservatoires de Naples, où il reçut des leçons de plusieurs grands maîtres. Piccini, qui l’avait pris en affection, lui procura, en 1771, un engagement, comme compositeur, pour le théâtre delle Dame, à Rome ; mais, malgré le peu de succès qu’obtinrent ses premiers ouvrages, il ne perdit pas courage, et fit jouer, en 1773, l’Inconnue persécutée, qui eut la plus grande vogue, ainsi que la Finta Giardiniera, et il Geloso in cimento, représentés dans le courant des deux années suivantes ; la chute de son opéra de l’Olympiade, et les désagréments qu’il éprouva, le déterminèrent à voyager. Après avoir visité les principales villes d’Italie, il arriva à Paris, avec le titre de maître du conservatoire de Venise, et donna à l’Académie royale de musique son Inconnue persécutés, arrangée sur des paroles françaises ; mais cet ouvrage n’eut pas le même succès qu’en Italie. En 1783, ce compositeur était chargé de la direction du théâtre italien de Londres ; enfin, en 1787, il se fixa à Rome, où il eut les plus brillants succès ; il fut porté en triomphe dans cette ville, en 1789, et jouit jusqu’à sa mort, arrivée vers 1795, d’une grande réputation. On cite au nombre de ses meilleurs ouvrages les grands opéras d’Antigone et de Démétrius, et l’opéra buffa de l’Avaro. Les compositions théâtrales de Pascal Anfossi ne sont pas ses seuls droits à la célébrité ; il fit la musique de plusieurs de ces petits drames appelés oratorio, et dont les sujets sont · pris dans l’Écriture sainte. Pendant les dernières années de sa vie, on en exécute à Rome plusieurs, dont les poëmes avaient été pour la plupart composés par le célèbre Métastase, et qui eurent beaucoup de succès. P-x.