Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/718

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
702
ANG

si elle n’avait pas été aggravé par le soin scrupuleux qu’il mettait à remplir, religieusement les devoirs de sa double place. Ses ouvrages sont en petit nombre, mais marqués ai cachet, sinon d’un talent éminent, du moins d’un savoir solide et du désir de contribuer aux progrès de la science, au bien de ses semblables : 1° Dissertation sur les connaissances et les qualités nécessaires au médecin, Montpellier, 1797, in-4o. Cette thèse de réception était en quelque sorte un portrait auquel Anglada s’est attaché toute sa vie à ressembler le plus possible, M. René a dit avec raison qu’elle est traitée avec une naïveté de style et une fraicheur de pensée qui apprennent au lecteur que celui qui l’écrit est aussi bon citoyen que bon médecin. 2° Mémoires pour servir à l’histoire des eaux minérales sulfureuses et des thermales, Paris, t. 1, 1827 ; t. 2, 1828, in-8•. Anglade avait été chargé par le conseil général du département des Pyrénées-Orientales de faire connaître toutes les ressources chimiques et médicales que peuvent fournir les eaux minérales répandues avec tant de profusion sur ce point de notre territoire. Ses recherches lui fournirent les matériaux de cet ouvrage et du suivant, tous deux placés au rang des plus remarquables dans le genre. Les mémoires, au nombre de huit, sont relatifs a la chaleur des eaux minérales, à ses causes probables, et surtout à ses principales attributions ; à l’examen de la glairine, matière rapprochée des substances animales, qui accompagne constamment les eaux sulfureuses ; à la présence et à la manière d’être du principe alcalin dans ces eaux ; au dégagement spontané du gaz azote qui s’exhale des eaux sulfureuses, et à la théorie de ce phénomène, comme se rattachant à l’action exercée par les principes sulfureux sur l’air retenu dans les eaux ; à la constitution des ingrédients qui composent ces dernières ; à une nouvelle classification des eaux minérales ; enfin à l’art de fabriquer artificiellement les eaux minérales des Pyrénées. 3° Traite des eaux minérales et des établissements thermaux du département des Pyrénées-Orientales Paris, 1833, 2 vol. in-8o. Anglada ne s’est pas contenté d’explorer les sources qu’utilisaient déjà des établissements plus ou moins anciens, son attention s’est également portée sur toutes les eaux sulfureuses que le pays a pu lui offrir. De cette manière, il est parvenu, dans l’un de nos plus petits départements, où l’on ne compte que deux cent vingt-sept communes, à trouver quarante d’entre elles qui possèdent des eaux minérales, dont seize thermales, vingt ferrugineuses froides et quatre salines. Suivant lui, la chaleur des eaux thermales n’est pas due, comme on le pensait, au voisinage des volcans éteints ou brûlants encore, au feu central, mais à l’action électro-motrice des principes qui constituent l’écorce du globe terrestre. 4° Traité de toxicologie générale, envisagée dans ses rapports avec la physique, la pathologie, la thérapeutique et la médecine légale, Paris, 1835, in-8o, ouvrage posthume, publié par le fils de l’auteur, M. Charles Anglada. J-d-n.


ANGLE (Jér.-Ch. de l’). Voyez Fleuriau.


ANGLEBERME (Jean-Pyrrhus d’), professeur en droit à l’université d’Orléans, et depuis conseiller au sénat de Milan, naquit à Orléans vers 1470, d’un médecin originaire de Bohême, mais naturalisé français. Il eut pour guide dans les belles-lettres le célèbre Érasme, avant de se livrer à l’étude de la jurisprudence, dont un des premiers il cherchait à débrouiller le chaos. Étienne Pasquier, dans ses Recherches de la France, n’oublie point la netteté avec laquelle d’Angleberme donnait ses leçons. Quand il prononça le panégyrique de la ville d’Orléans, il témoigna sa reconnaissance aux écoles en se glorifiant d’en être membre depuis plus de dix ans. Charles Dumoulin, alors son élève, avoue dans plusieurs de ses traités qu’il doit le bon sens qu’on trouve dans ses livres à d’Angleberme, qu’il appelle jurisconsultissimus et utriusque linguæ pertitissimus. François Ier nomme d’Angleberme conseiller au conseil souverain de Milan ; mais il ne jouit pas longtemps de cette dignité. Alciat nous apprend que son illustre ami fut du nombre de ceux qui, sans avoir approfondi les ressources de la médecine, croient qu’il suffit d’en avoir parcouru les formules pour les appliquer à leur santé. Le conseiller de Milan, voulant se guérir d’une blessure que lui avait causée l’explosion d’un magasin à poudre, prit sans discernement une drogue qui lui brûla les entrailles. Il mourut en 1521, ayant à peine atteint sa 50e année. Alciat, vivement touché de sa perte, fit graver sur son tombeau huit vers qui ne donnent pas une grande idée du talent poétique de l’auteur. On attache avec raison plus d’importance aux suffrages que d’Angleberme obtint de ses compatriotes, qui n’ont jamais fait l’éloge de l’université d’Orléans sans le citer comme un des plus savants professeurs. Sa postérité subsiste encore, tant à Paris qu’a Orléans. C’est sur les papiers de famille que nous rectifions les erreurs de Moréri et des lexicographes qui n’ont été que ses copistes. On a d’Angleberme : 1° Institutio boni magistratus, Orléans, 1500, in-4o ; Paris, 1519. 2° Vie de St. Euverte et Éloge de St. Aignan, tous les deux évéques d’Orléans. 3° Panégyrique de la ville d’Orléans, prononcé, non point en 1510, mai ’au temps de l’évêque Germain de Gannay, qui ne commença a siéger qu’en 1514. Ce panégyrique, écrit avec beaucoup d’art, se fait de plus remarquer par une délicatesse alors peu commune. 4° Mititia regum Francorum prore christiana, sive opusculum de rebus fortifer a Francis gestis pro fide christiana, Paris, 1518. 5° Fragments des déclamations d’Apulée, sous le titre d’Apulei Floridorum libri quatuor, Paris, 1518, in-4o. 6° Tres posteriores libri Codicis Justiniani, et de Romania Magistratibus libri tres, in-4o, 1518, dédié au chancelier Duprat. 7° Commentarius in Aurelianas Consustudines. Charles Dumoulin, en parlant de ce commentaire, dit avec raison que son professeur, trop prévenu en faveur de la jurisprudence romaine, n’a pas connu le véritable esprit du droit coutumier. 8° Dissertation sur la loi salique, imprimée séparément en 1613. D’Angleberme montre la sagesse de cette loi nationale par une foule de textes des lois romaines, qui établissent l’incapacité des femmes pour le gouvernement. Le chapitre le plus