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Paris, 1636, in-4o. Le traducteur n’a mis sur le frontispice que les initiales M. C. D. V. D’. A. Cette traduction a été réimprimée dans le 3e volume de la Description générale de l’Afrique, etc., par Marmol, 1667, 3 vol. in-4o. Bouthillier, évêque de Troyes, au commencement du 13e siècle, avait, dans sa bibliothèque, un volume in-folio de lettres manuscrites de Charles de Valois, duc d’Angoulême, depuis le 19 octobre 1643, jusqu’au 20 décembre 1643. A. B-t.


ANGOULÊME (Louis-Emmanuel de Valois, comte d’Alais, puis d’) second fils du précédent et de Charlotte de Montmorenci, né à Clermont en Auvergne, en 1596, entra d’abord dans l’état ecclésiastique, et, après avoir eu les abbayes de St-André de Clermont et de la Chaise-Dieu, fut, en 1612, évêque que d’Agde. Henri, son frère aîné, ayant été en 1618, pour cause de démence, mis en prison, où il resta cinquante ans, Louis-Emmanuel changea d’état, prit le parti des armes, se signala aux siéges de Montauban et de la Rochelle, et dans les guerres d’Italie et de Lorraine. Louis XIII le nomma, en 1637, chevalier de ses ordres, colonel général de la cavalerie, et gouverneur de Provence. En 1650, il succéda à son père au duché d’Angoulême, et mourut à Paris, le 13 novembre 1653, laissant une fille qui mourut sans postérité, le 4 mai 1696. Bouthillier possédait aussi, en manuscrit, des Lettres de Louis-Emmanuel, édites depuis le 28 juin 1630 jusqu’au 8 octobre 1649. A. B-t.



ANGOULEVENT cadet. On n’a point encore découvert l’auteur qui s’est caché sous ce nom : tout ce qu’on peut conjecturer c’est qu’il était mort avant 1628, puisque, dans le recueil des poésies d’Auvray, imprimé cette année, il se trouve une pièce intitulée : le Tombeau d’Angoulevent cadet. C’était, selon toute apparence, un plaisant de profession, qui rimait les anecdotes du jour, pour en réjouir les sociétés où il était admis. Dans le grand nombre de pièces que nous avons sous ce nom, il en est quelques-unes de fort piquantes ; mais toutes sont défigurées par le même cynisme qu’on remarque dans les poésies d’Auvray, de Motin, de d’Éternod, et de quelques auteurs du même temps ; aussi nous ne serions point éloigné de croire que le prétendu Angoulevent cadet n’est que le masque d’un de ces poëtes. Le recueil dont nous avons parlé a pour titre : les Satyres bastardes et autres œuvres folastres du cadet Angoulvent, Paris, 1615, et non pas 1622. W-s.


ANGOULEVENT, fou d’Henri IV. Voyez Joubert (Nicolas).


ANGRAN D’ALLERAY (Denis-François), conseiller d’État, lieutenant civil au Châtelet de Paris, naquit en cette ville en 1715, d’une famille distinguée depuis longtemps dans la magistrature par la science et par la vertu. il fut successivement conseiller au parlement en 1735, procureur général au grand conseil en 1746, et lieutenant civil le 29 décembre 1774. Le Châtelet, dont les attributions étendaient sur toute la France, était le premier tribunal dans les scond ordre des juridictions, et toujours présidé par un chef choisi parmi des magistrats d’un mérite éminent. D’Alleray n’y fut regretter aucun de ses prédécesseurs. Le public l’honorait de sa confiance ; le barreau l’estimait ; il était respecté de tous les officiers judiciaires, et aimé des jeunes magistrats, qu’il servait de tout son crédit, lorsqu’ils montraient du zèle et des talents. L’érudition étendue et profonde de d’Alleray lui donnait, comme au chancelier d’Aguesseau, un peu de lenteur et d’indécision dans l’expédition des affaires ; mais sa bienfaisance était de la plus généreuse activité. Dans le cours de l’hiver de 1787, les gardes du commerce conduisirent par devant lui, en référé, un malheureux débiteur, arrêté pour une somme assez considérable : c’était un honnête père de famille, qu’on venait d’arracher à sa femme, à ses cinq enfants, et dont le désespoir offrait le plus douloureux spectacle. D’Alleray, après avoir examiné la procédure des consuls, se vit obligé d’ordonner l’exécution de la contrainte par corps. Il était onze heures du soir lorsque les recors et leur capture quittèrent l’hôtel du magistrat. Le temps était très-rigoureux ; D’Alleray prit aussitôt avec lui la somme nécessaire, sortit à pied par une porte secrète, et arriva à la prison presque en même temps que le détenu, qu’il eut la satisfaction de faire élargir sur-le-champ en sa présence. Ce trait a fourni à M. A. M. H. Chastenet-Puységur, le sujet d’une comédie en trois actes, intitulée : le Juge bienfaisant, jouée à Paris, et imprimée à Soissons, en 1799, in-8. D’Alleray fit partie de l’assemblée des notables en 1787. Il fut aussi des assemblées de 1789, pour la formation des états généraux. Le roi l’avait choisi pour présider une des sections de la noblesse ; les membres de cette section lui déclarèrent qu’ils ne voulaient plus pour chef un commissaire du roi ; mais qu’ils le nommaient eux-mêmes à la présidence : D’Alleray se retira. Il quitta la place de lieutenant civil en 1789, pour exercer ses fonctions au conseil d’État, où il avait été admis dès 1787. Pendant les orages révolutionnaires, il resta tranquille au sein de sa famille ; mais le règne de la terreur arriva, et il fut enveloppé dans le système des arrestations générales. Traduit au tribunal révolutionnaire, il y trouva, pour son accusateur, Fouquier-Tainville, auparavant procureur au Châtelet. Ce misérable, frappé des vertus du magistrat, conçut pourtant le projet de le sauver : il lui fit dire qu’il serait acquitté s’il voulait nier qu’il eût envoyé de l’argent à ses enfants émigrés. Le respectable vieillard ne voulut point conserver ses jours au prix d’un mensonge. Interrogé s’il avait fait passer des secours aux ennemis de l’état, il répondit sans hésiter, qu’il avait envoyé de l’argent à M. de la Luzerne, l’un de ses gendres. « Ignorais-tu la loi qui le défend ? lui dit un des jurés. — Non, répliqua-t-il ; mais la loi de la nature a parlé plus haut à mon cœur que la loi de la république, » Sa franchise et sa fermeté lui valurent la mort. Il périt sur l’échafaud, le 28 avril 1794, à l’âge de 79 ans. D’Alleray avait une physionomie remplie de candeur et d’aménité, qui peignait toute la bonté de son âme ; son assiduité au travail était infatigable ; à une grande simplicité de mœurs, il joignait de la dignité dans la