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représentation ; il aimait à parler en public, et l’on aimait à l’entendre ; ses idées étaient élevées, son éloquence était douce et pénétrante ; son style ne manquait ni d’élégance ni d’harmonie. Il ne laissa point d’héritier de son nom : il n’avait eu que trois filles, dont une avait épousé M. de Vibrayes, maréchal de camp, et les deux autres, MM. de la Luzerne frères ; l’aîné, ministre de la marine, et le second, ambassadeur à Londres. — Louis-Alexandre Angran, frère du président, né un 1713, président à l’une des chambres des enquêtes du parlement de Paris, lui survécut, et mourut sans postérité, le 6 juillet 1801, âgé de 88 ans. Ce magistrat était également recommandable par son intégrité, une piété profonde, et surtout par une douceur de caractère inaltérable. D-s.


ANGRIANI ou Ayguani ou de Aygonnis (Michel), religieux, né à Bologne dans le 14 e siècle, après avoir fait ses études dans sa patrie, entra dans l’ordre des carmes, et prit le bonnet de docteur à l’université de Paris. Les affaires de son ordre l’ayant rappelé en Italie, son mérite le fit distinguer du pape Urbain VI, qui le nomma vicaire général. Élu en 1581 général de son ordre, Angriani le gouverna pendant cinq ans, et se retira dans le monastère de Bologne, où il mourut, le 16 novembre 1400. Le plus considérable de ses ouvrages est un commentaire sur les psaumes dont on a longtemps ignoré l’auteur. Il est intitulé : Incognitus in Psalmos, Milan, 1510, in-fol. C’est Léonard Veggio qui l’a publié ; il fut réimprimé plusieurs fois, et la dernière à Lyon en 1682, 2 vol. in-fol. On a encore de lui : Quæstiones disputatœ in librum 4 Sententiarum, Milan, 1510, in-fol., revu par François-Léonard Priolo, Venise, 1623, in-fol. Moréri lui attribue des traités sur St. Matthieu, sur les Morales de St. Grégoire, sur la conception de la Vierge ; mais ils n’ont pas été imprimés. On trouve sur ce religieux un article dans le 2e volume de la Bibliotheca carmelitana du P. Cosme de Villiers, 1752, 2 vol. in-fol., et un autre dans la Bibliotheca latina mediæ ætatis de Fabricius, t. 5, p. 222, édit, in-8o. C. T-y.


ANGUIER (François), sculpteur : né à Eu en Normandie en 1604, d’un menuisier, montra, ainsi que son frère Michel, de si grandes dispositions pour les arts, qu’ils furent envoyés à Paris et placés chez Guillain, sculpteur médiocre. François Anguier y fit assez de progrès pour être appelé en Angleterre, où il se procura les moyens de faire le voyage d’Italie. À Rome, il se lia avec plusieurs peintres célèbres, tels que Poussin, Mignard, Dufresnoy et Stella. Après y avoir étudié pendant deux ans, il revint à Paris, où il obtint de Louis XIII un logement au Louvre et la garde du cabinet des antiques. On assure que lors de la formation de l’académie de peinture, etc., il refusa d’y être admis. Les principaux ouvrages d’Anguier étaient dans les églises de Paris. On voyait dans l’oratoire, rue St-Honoré, le tombeau en marbre du cardinal de Bérulle ; aux Célestins, une pyramide ornée de trophées, avec des statues et des bas-reliefs en l’honneur de la maison de Longueville, et la statue du duc de Rohan-Chabot ; à St-André-des-Arcs, la décoration du tombeau des de Thou, etc. Quelque-uns de ces monuments sont maintenant au musée des Petits-Augustins. François Anguier avait fait aussi, en 1658, le mausolée de Henri, duc de Montmorenci, décapité à Toulouse en 1632. Cette grande composition, qu’il fit pour l’église des religieuses de Ste-Marie, à Moulins, et qui n’a pas été détruite, est l’ouvrage le plus remarquable de François Anguier. Une grande pesanteur est le défaut principal des ouvrages de cet artiste, qui mourut à Paris le 8 août 1669, à l’âge de 65 ans. D-t.


ANGUIER (Michel), frère cadet du précédent, naquit à Eu en 1612, et, des l’âge de quinze ans, exécuta dans cette ville, où il ne trouvait ni maîtres nl modèles, quelques ouvrages pour l’autel de la Congrégation des jésuites. Après avoir travaillé quelque temps à Paris, sous Guillain, il eut le courage d’entreprendre le voyage de Rome, sans avoir d’autres ressources que ses talents. Il eut l’avantage de travailler d’abord sous les yeux de l’Algarde, qui lui fit faire quelques bas-reliefs. Anguier fut employé ensuite pour l’église de St-Pierre et pour quelques palais particuliers, mais sans négliger l’étude de l’antique, à laquelle il consacra une partie des dix années de son séjour à Rome. Revenu en France en 1651, il se vit contrarié souvent par les troubles politiques. Il ne laissa cependant pas de travailler, et fit, entre autres, un modèle de la statue de Louis XIII, plus grand que nature, qui fut jeté en bronze, et placé à Narbonne. Il décora ensuite l’appartement de la reine Anne d’Autriche au vieux Louvre d’un grand nombre de figures et de bas-reliefs accompagnant des peintures de Romanelli. La plus grande partie des ouvrages de sculpture qui étaient au Val-de-Grâce était de Michel Anguier ; et le groupe en marbre de la Nativité, placé sur le maître autel, était regardé comme son chef-d’œuvre. L’académie le reçut dans son sein en 1668, le nomma, le jour même, adjoint à professeur, et peu après, professeur Anguier lui donna, en 1669, un groupe de terre cuite représentant Hercule qui se charge de débarrasser Atlas du fardeau de porter le monde. La même année, il fut adjoint a recteur, et recteur en 1671. Il termina, vers ce temps, l’Apparition de Notre-Seigneur St. Denis et à ses compagnons, grand morceau de sculpture où le bas-relief et la ronde-bosse étaient employés à la fois, et qu’Anne d’Autriche lui avait demandé pour le maître autel de St-Denis de la Châtre. On omet plusieurs autres productions de cet artiste, pour arriver à l’une des plus considérables. Ce fut en 1674 qu’il exécuta les sculptures de l’arc triomphal dit Porte St-Denis. À la vérité, Lebrun, qui, en sa qualité de premier peintre du roi, voulait exercer sur tous les arts une suprématie à laquelle les sculpteurs du temps se soumirent, à l’exception du seul Puget, ôta le mérite de l’invention à Michel Anguier en le faisant travailler d’après ses dessins ; mais le sculpteur n’en soutint, pas moins sa réputation par la manière dont il exécuta ces grands ouvrages. L’âge et de longs travaux avaient altéré la santé d’Anguier, lorsqu’on lui de-