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sieurs autres pièces fort curieuses, il a fait imprimer les constitutions de la congrégation du Mont Cassin, en 1604, la règle de St Benoît en 1610. Au nombre de ses ouvrages on remarque : 1° Vie de Charles de Bourbon, oncle de Henri IV, Paris, 1612, in-4°. On trouve à la suite de cette vie, la généalogie des princes de Bourbon. 2° Les Fastes et Antiquités de Paris, in-8°,1605, 1608, réimprimés in-4° sous le titre de Théâtre des antiquités de Paris, 1612, 1618 et 1639. Cette édition, pour être enrichie d’un supplément, d’un pouillé des bénéfices de l’archevêque de Paris, n’en est pas plus estimée. Dans ce dernier traité on remarque les fautes les plus graves, des noms défigurés et mis hors de leur place. On lui préfère la 1re édition. 3° Supplementum antiquitatum urbis Parisiaci, de S. Mauri Fossatensis Cœnobio, Paris, 1614, in-4°. Enfin Dubreul est encore l’auteur d’une histoire manuscrite de l’abbaye de St-Germain ; Mabillon l’a citée à la page 48 du tome 2 des Annal. ordinis S. Benedicti.

R-t.

DUBRUEL (Pierre-Jean-Joseph), l’un des législateurs français les plus distingués de nos temps, était né à Rignac dans le Rouergue, le 16 septembre 1760, et figurait avec distinction avant la révolution comme conseiller au présidial de Rodez. Après s’être soustrait avec peine aux persécutions de la terreur, il fut nommé en 1795, par le département de l’Aveyron, député au conseil des cinq-cents où il professa de sages principes dans toutes les occasions. Le 4 floréal an 4 (1796), il proposa de faire procéder au partage des biens communaux entre les habitants, afin de mettre un terme aux ventes que le Directoire avait dessein de continuer. Le 12 floréal de la même année, il provoqua un rapport pour faire restituer aux héritiers des condamnés les biens non vendus ; et il obtint l’adoption d’un projet de loi portant que 12 millions seraient mis à la disposition du ministre des finances pour le remboursement des objets mobiliers qui, par l’effet des circonstances, ne pouvaient pas être. restitués en nature. Le 25 floréal il combattit le projet de loi présenté par Druilhe, contre les prêtres appelés réfractaires qui se trouvaient encore en France, et proposa, au milieu des vociférations du parti révolutionnaire, de révoquer les lois rendues contre eux. Le 15 thermidor, il fut nommé membre d’une commission pour examiner des plaintes adressées au conseil des cinq-cents contre des vexations commises par le régicide Goyeri-Laplanche, ex-bénédictin, dans une mission dont il avait été chargé. Dubruel, après avoir dévoilé, dans son rapport, les vols et les crimes d’une grande partie des proconsuls envoyés dans les départements par la convention, conclut à ce que l’ex-moine Goyeri-Laplanche, qui, dans ses missions, s’était arrogé jusqu’au droit de juger des causes qui intéressaient uniquement des particuliers, fût condamné à restituer provisoirement une somme de 15 000 francs, à laquelle il avait taxé un sieur Périgue, notaire, et qu’il avait touchée lui-même. Le 6 fructidor, Dubruel dénonça l’abus que les agents du Directoire faisaient des radiations de la liste des émigrés. Il s’éleva avec force contre l’injustice de ces nombreuses inscriptions, demanda que le jugement des émigrés ne restât plus dans les attributions du Directoire, et qu’il fût adopté un nouveau mode de radiation. Il ajouta qu’on voyait figurer sur ces fatales listes les noms de personnes mortes, même avant la révolution. Alors le prêtre Villers, Lecointre-Puyraveau et d’autres s’écrièrent : Allons, rayez donc en masse. À cette réflexion, Dubruel se contenta de répondre avec tranquillité que le mode actuel de radiation ne pouvait être soutenu que par ceux qui espéraient y trouver un moyen de s’enrichir ou de satisfaire leur haine ; et il provoqua un message au Directoire pour dénoncer à ce sujet la corruption des bureaux du ministre de la police. Le 25 vendémiaire an 5, il fit la proposition de mettre en liberté les prêtres sexagénaires. « Le Directoire s’y oppose, dit-il, il vous accable de messages pour vous prouver que les prêtres ne cessent d’être dangereux, quoique vieux et infirmes ; mais si vous deviez persister dans cet acte de barbarie, je demanderais au nom de l’humanité qu’on envoyåt tout de suite ces malheureux à l’échafaud ; une mort prompte vaudrait mieux pour eux que l’agonie à laquelle les souffrances et les privations les réduisent. » Cette proposition excita la fureur de l’évêque constitutionnel Gay-Vernon ; et le parti démagogique parvint à faire ajourner la proposition de Dubruel. Le 30 pluviôse an 5, il fit un rapport sur les prêtres insermentés, et il demanda que les lois pénales prononcées contre eux fussent rapportées ; il signala les désordres qu’avait entraînés l’affreuse doctrine de l’athéisme, et prouva facilement qu’aucune nation, aucun gouvernement ne pouvaient exister sans religion et sans morale. Une grande agitation se manifeste pour empêcher l’impression de son discours, qui lut néanmoins ordonnée. Le 4 prairial suivant, sur une proposition de Madier au sujet de la loi du 3 brumaire, Dubruel dénonça la conduite des autorités de Bordeaux et du département du Mont-Blanc, qui détenaient dans des cachots infects des prêtres octogénaires ; et il obtint qu’un message fut adressé au Directoire pour l’inviter à mettre un terme à ces persécutions. Le 8 messidor au 5, Dubruel, dans un nouveau rapport sur les prêtres réfractaires, ajouta des développements à celui qu’il avait fait en leur faveur ; il mit dans la dernière évidence l’injustice et les contradictions des lois rendues contre eux, et en demanda l’abrogation. Le conseil des cinq-cents prit alors une résolution conforme à cette proposition. Les événements du 18 fructidor ne permettant plus à Dubruel de faire entendre sa voix pour la défense des principes et des malheureux, il se retira des affaires politiques. Lors de la création de l’université impériale, il fut nommé proviseur au lycée de Marseille. En 1814, le roi lui donna des lettres de noblesse, et le créa chevalier de la Légion d’honneur.