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mademoiselle Duchesnois. D’Avrigny a partagé avec elle le succès de Jeanne d’Arc ; elle soutint quelques jours sur la scène française Blanche d'Aquitaine, de M. Bis ; on la vit belle encore dansla Clytemnestre de Soumet, le Léonidas de Pichat, dans Régulus et Pierre de Portugal de M. Lucien Arnault, son ami ; et l’on sait avec quelle âme de feu, avec quel entraînement irrésistible elle a joué la Marie Stuart de Lebrun, ce qui fit dire alors :

Jamais Iphigénie en Aulide immolée
Ne coûta tant de pleurs à la Grèce assemblée
.

La mort de Talma, arrivée en 1826, fut pour la tragédie et pour mademoiselle Duchesnois un coup funeste : l’abandon de l’ancien répertoire, le discrédit où tombèrent les chefs-d’œuvre de Corneille et de Racine après la perte de leur plus digne interprète, les changements survenus dans les formes de la littérature dramatique, l’invasion du drame dans le Théâtre-Français, ce dernier boulevart de la pureté classique, causèrent un violent chagrin à l’amie de Talma, et minèrent sourdement sa santé. Elle se retira de la scène, et n’y parut plus que dans quelques occasions solennelles, dans des représentations au profit de ses camarades ou pour soulager des infortunes diverses. Sa représentation de retraite au Théâtre-Français eut lieu le 24 janvier 1820 : elle y joua un acte de Phèdre, son premier et son principal rôle, celui qui avait fait sa fortune et sa gloire. Quoique minée par les chagrins et par la maladie, elle se montra encore digne de ses beaux jours dans ce dernier effort d’un talent qui s’éteignait, et plus d’un vieil amateur du théâtre put, en l’écoutant, redire ce vers qu’on lui appliqua si justement à la fin de ses débuts :

Phèdre depuis longtemps ne craint plus de rivale.

Dans les derniers jours de 1831, sentant ses douleurs augmenter et sa fin approcher, mademoiselle Duchesnois voulut se réconcilier avec l’Église et recevoir les dernières consolations de la religion ; M. de Quélen, archevêque de Paris, se rendit lui-même auprès d’elle, et l’on vit un spectacle satisfaisant pour les amis de la tolérance : le premier prélat de la France ouvrant les portes du ciel à une femme de théâtre et adoucissant ses derniers moments. Mademoiselle Duchesnois expira le 8 janvier 1835, et fut enterrée le 10 au cimetière du Père-Lachaise, près de la tombe de Talma, où ses amis et ses admirateurs lui ont fait élever un menument. La société d’agriculture, des lettres et des arts de Valenciennes fit frapper une médaille en son souvenir, et chargea l’auteur de cet article de rédiger une notice détaillée sur la vie de la grande tragédienne, pour être insérée dans le 2° tome des mémoires de la société. Cette même notice a été publiée dans le tome 14 des Archives du Nord. Plusieurs portraits de mademoiselle Duchesnois ont été gravés ; on en conserve un, peint à l’huile, par madame Tripier-Lefranc, dans le Musée de Valenciennes.

D-n—x.

DUCHI (César), en latin Duchus ou de Ducibus, né in Brescia, dans le 10e siècle, exerçait la profession d’avocat. Son goût le portait vers la poésie, et il la cultiva avec succès. Le petit nombre de pièces qu’il a laissées, annoncent un esprit facile et orné. Taygeti en a inséré plusieurs dans son recueil intitulé : Carmina præstantiorum Poetarum, ex quam plurimís selecta numquam edita, Brescia, 1505, in-8°. On en trouve d’autres dans le volune qui apour titre : Occultorum academicorum Carmina, Brescia, 1570, in-8° ; enfin on en a recueilli quelques-unes dans le tome 1er des Deliciæ Poetarum italorum de Gruter, et dans le tome 4 des Carmina illustrium Poetarum italorum. Duchi était en commerce de lettres et d’amitié avec les savants de son temps, et il passait pour l’un des principaux ornements de l’Académie des Occulti. On ignore les autres circonstances de sa vie. — Duchi (Grégoire), de Brescia, a publié un poème divisé par octaves, intitnté la Scaccheíde, Vicence, 1586 et 1607, in-4°. Ce n’est point, dit Tiraboschi, une traduction du poème de Vida, sur les Échecs. Duchi a développé son sujet avec plus d’étendue, et est entré dans plus de détails. — Duchi ou Ducci (Laurent), en latin Duccius, né à Pistoia, est auteur de plusieurs ouvrages estimés : 1° Trattato della nobiltà, dell’infamia e della precedenza, Ferrare, 1603, in-4° ; 2° de Elocutíone libri duo, Ferrare, 1600. in-8° ; 3° Oratione funerale, Ferrare,1600, in-8°. C’est un recueil d’oraisons funèbres en italien ; on cite celle du Tasse comme la meilleure. 4° Ars historica, Ferrare, 1604, in-4°. Tiraboschi parle avec éloge de ce Traité sur la manière d’écrire l’histoire ; mais Lenglet Dufresnoy prétend que l’ouvrage ne tient pas ce que le titre promet.

W—s.


DUCHOSAL (Marie-Émilie-Guillaume), né à Paris le 18 août 1763, lut destiné au barreau par ses parents, et se fit recevoir avocat au parlement de Bordeaux ; mais il s’adonna plus à la littérature qu’à la jurisprudence, et fut l’un des premiers membres du Musée de Paris. Il avait été chef de bureau dans le ministère de la police et membre de la commission des émigrés, quand il mourut le 6 novembre 1806. On a de lui : 1° les Exilés du Parnasse, poëme, 1783 ; in-8°. C’est une satire violente contre plusieurs écrivains ; elle attira quelques ennemis à l’auteur, qui renonça, par la suite, à ce genre de composition. Il a paru une 2e édition des Exilés, 1781, in-8°, augmentée des Adieux à la Satire. 2° Mon Songe, satire, imite du grec de Lucien, suivi des Sensations d’un homme de lettres, 1784, in-8° ; 3° Blanchard, poème en 2 chants, 1784, in-8°, réimprimés en 4 chants, 1786, in-8°. Duchosal était très-lié avec l’aéronaute qu’il a choisi pour son héros. 4° Discours sur la nécessité de dessécher les marais, 1791, in-8°. Il a travaillé au Journal de Deux-Ponts avec Duport Dutertre, en 1786 ; au Journal des Théâtres, depuis fructidor an 2 jus-