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qu'en germinal au 3 ; à l’Ami des Arts (1797) ; il a fait plusieurs brochures sur la révolution. On trouve dans les divers recueils de poésie, diverses pièces ou imitations de poètes latins, par Duchosal dont le premier titre littéraire est peut-être d’avoir été faites avec M. Milon, éditeur des Œuvres de Dumarsais, an 5, 1797, 7 vol. in-8°

A. B—t.


DUCHOUL (Guillaume), en latin Caulius, célèbre antiquaire, né à Lyon, dans le 16e siècle, d’une famille distinguée, fut nommé bailli des montagnes du Dauphiné, et il paraît qu’il remplit cette place jusqu’à sa mort, dont on ignore l’époque. Une circonstance particulière détermine son goût pour l’étude des antiquités. Il habitait à Lyon, sur la montagne du Gourguillon. une maison dans les environs de laquelle on découvrait sans cesse des médailles et d’autres objets précieux. Duchoul en acheta un grand nombre, sans autre but que de satisfaire sa curiosité ; mais il ne tarda pas à s’apercevoir qu’il ne jouissait qu’imparfaitement de ces objets, faute de connaissances préparatoires, et il résolut de les acquérir. Il se mit donc à étudier avec zèle, et un voyage qu’il fit en Italie facilita encore ses progrès en le mettant en relation avec les antiquaires les plus instruits. Duchoul publia le fruit de ses recherches dans un ouvrage intitulé : Discours sur la castramétation et discipline militaire des anciens Romains, Lyon, 1555, in=fol., lequel fut immédiatement suivi d’un Discours sur la religion des anciens Romains, Lyon, 1556, in-fol. On ne doit point séparer ces deux ouvrages curieux et ornés de jolies gravures sur bois, du Petit Bernard. Ils ont été réimprimés à Lyon, 1567 et 1581, in-4° ; Wesel, 1612, in-4°. L’édition de Wesel a reparu avec la rubrique de Dusseldorff, 1731, in-4°, sous ce titre : la Religion des anciens Romains, etc. ; ils ont été traduits en italien par Gabriel Siméoni, Lyon, 1556, in-fol. ; en latin par Louis Joachim Camerarius, 1378, et par un anonyme, Amsterdam, 1685 et 1748, in-4° ; enfin en espagnol, par Balthazar Perez de Castille, chanoine de Burgos, Lyon, 1579, in-4° ; La Croix du Maine attribue à Duchoul, Douze Livres des antiquités de Rome ; Traité du animaux féroces et étrangers ; les Épigrammes de toute la Gaule ; Traité de la nature des dieux ; aucun de ces ouvrages n’a paru ; mais un livre qui est réellement de lui, quoique omis par tous les bibliographes, est son Épître consolatrice à madame de Chevrières, Lyon, 1555, in—4°.

W-s.

DUCHOUL(Jean), fils du précédent, suivit de bonne heure l’exemple de son père, en se livrant in l’étude, mais ce fut à celle de l’histoire naturelle. Il est auteur des ouvrages suivants :1° Varia quercus Historia ; accessit Pílati montis clescríptío, Lyon, 1555, in-8° de 120 pages, avec quelques tlgures en bois. Comme il l’annonce, c’est une histoire des chênes ; mais, suivant l’usage de son temps, il donne plus à l’érudition qu’à Yobservation de la nature. C’est une simple compilation de tout ce que les auteurs anciens ont écrit sur ce sujet. Le Voyage au mont Pilat, qui est à la suite, est plus intéressant, parce qu’il a décrit les objets qu’il avait sous les yeux. On y trouve quelques observations

qui décèlent un homme curieux ; mais il paraît quelquefois trop crédule, surtout quand il parle d’une de ses maisons de campagne, près de laquelle était un ancien château dit des Fées, ou il y avait des apparitions. Il fait mention de quelques plantes curieuses qu’il avait vues au mont Pilat. Ce voyage fut réimprimé la même année, par Conrad Gesner, dans son traité de Raris et admirandis Herbis. 2° Dialogus formícœ, muscœ, aranœí et papílíonís, Lyon, Iöiiti, in-8° ; 3° Dialogue de la vie des champs, avec une épître de la vie sobre, et autres discours, Lyon, Mermet, 1565, in-8°, cité par Duverdier dans sa Bibliothèque.

D—P—s.

DUCIS (Jean-François), né à Versailles en 1733, d’une famille originaire de Savoie, se vit transplanté, pour ainsi dire, au milieu de la cour par la faveur éclairée du comte de Provence (depuis Louis XVIII). Grâce à la vigueur naturelle d’un talent qu’il ne cultive que très-tard, Ducis fut jugé digue, par ses premiers ouvrages, de remplacer Voltaire à l’Académie française (1778). Également éloigné de la flatterie et de la détraction, et préférant à tout la vie de famille, source de tant de vertus, l’auteur d’Hamlet, dans les rapports obligés qu’il eut avec les grands, sut mieux que l’auteur de Mérope conserver toute sa dignité. Plein d’un sincère attachement pour son bienveillant protecteur, mais gémissant des abus qui assiégeaient le trône et pesaient sur la France, on ne peut douter, quoiqu’il eût tout à perdre à la révolution, qu’il n’en ait, comme beaucoup d’esprits généreux, accueilli avec joie les promesses. Il ne tarda point il en abhorrer les excès, sans toutefois renoncer à l’espoir d’une liberté sage. Qu’on juge de son indignation, quand il vit que cette liberté, dont le chef d’une monarchie absolue avait jeté les fondements, nous était comme enlevée d’assaut par un soldat heureux, qui bientôt allait, dans des flots de sang, en faire disparaître jusqu’aux moindres vestiges. Bonaparte, qui, sans les aimer, savait estimer les plus nobles aristocraties, celles du mérite, appréciait l’auteur de Macbeth, et avait cherché à se le concilier par des prévenances auxquelles l’homme de lettres s’était courageusement dérobé. Le maitre sous qui tout pliait, croyant faire fléchir aussi cette âme inflexible, plaça le nom de Ducis sur la liste des membres qui devaient composer le nouveau sénat, et, n’imaginant point qu’un poëte, dans sa modique fortune, refusât de se laisser revêtir d’un titre auquel était attaché une riche dotation, il fit, avant d’avoir son agrément, annoncer sa nomination dans le journal officiel[1]. Ducis, décidé à ne rien accepter de l’homme dont il avait pénétré l’ambition, sut résister, avec une inébranlable constance, aux prières, aux menaces.


  1. Trois numéros du Moniteur, notamment celui du 5 nivose an 8, annoncent en effet cette nomination.