Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 11.djvu/531

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avoir été un des premiers organistes de son temps, Dumont devint maître de la musique du roi, où il remplaça Spirli et Gobert, et pendant longtemps il remplit cette place avec son confrère Robert. La reine lui fit obtenir la même place dans sa maison et le fit nommer abbé de Silly. Louis XIV, qui aimait la grandeur, désira qu’à l’exemple des Italiens, on mêlat dans les molels des accompagnements plus travailles et des ritournelles. Il fit prévenir Dumont de se conformer à ses intentions. Le maître de chapelle, ayant interprété trop littéralement un passage du concile de Trente, répondit au roi qu’il ne pouvait se prêter à ce qui lui était demandé. Louis XlV, curieux d’examiner d’où pouvait naître un pareil scrupule, consulta l’archevêque de Paris (de Harlay) pour examiner cette affaire. Le prélat décida que le concile n’avait point défendu la symphonie, mais seulement les styles de musique qui, par le peu de gravité, s’éloignaient trop du genre usité dans l’Église. Dumont ne partagea point cette opinion. Il obtint sa vétérance en 1674, et mourut à Paris en 1684. On a de lui cinq grand’messes : une d’elles, connue sous le nom de messe royale, se chante encore de nos jours dans plusieurs églises, les jours de fêtes solennelles. d


DUMONT (Jean), publiciste, né en France, dans le 17e siècle, suivit la carrière des armes ; mais, n’obtenant pas un avancement aussi prompt qu’il l’aurait désiré, il quitta le service et parcourut les différentes parties de l’Europe. Il s’arrêta en Hollande dans l’intention d’y publier la relation de ses voyages : dans l’intervalle, il fit paraître, à la demande de son libraire, quelques brochures qui furent recherchées avec empressement, parce que le ministère de France y était peu ménagé. Cette faute lui ayant ôté l’espoir d’obtenir un emploi dans sa patrie, il songea à former un établissement solide dans le pays qu’il habitait. La connaissance qu’il avait acquise des rapports et des intérêts des différentes nations, lui fit naître l’idée d’ouvrir un cours de droit public ; ce projet réussit au delà de ses espérances. Quelques compilations utiles qu’il publia à la même époque, le firent connaître sous des rapports avantageux dans les pays étrangers. L’empereur d’Allemagne le nomma son historiographe, et quelque temps après loi donna le titre de baron de Carlscroon. Il mourut à Vienne, en 1726, dans un âge avancé. Dumont écrivait avec facilité, mais son style manque de couleur et de correction ; cependant ses ouvrages sont estimés parce qu’ils renferment un grand nombre de pièces intéressantes pour l’histoire. Le rédacteur des Tables de la Bibliothèque historique de la France a fait de Dumont quatre auteurs différents. Cette erreur inconcevable a été relevée par M. Martens, dans la Vie de cet écrivain, en tôle du tome ler du Supplément au recueil des principaux Traités, Gottingue, 1802, in-8°. On donnera ici la liste des ouvrages de Dumont, parce qu’on ne la trouve nulle part complète : 1° Nouveau Voyage au Levant, La Haye, 169t, in-12, réimprimé sous le titre de Voyages en France, en Italie, en Allemagne, à Malte et en Turquie, La Haye, 1699, 4 vol. in-12, avec fig. Cette dernière édition est assez recherchée, quoiqu’on ait sur ces différents pays des ouvrages plus exacts et mieux écrits. 2° Mémoires politiques pour servir à la parfaite intelligence de l’Histoire de la paix de Ryswick, La Haye, 1699, 1 vol. in-12 : c’est un abrégé de ce qui s’est passé de plus considérable depuis la paix de Munster (1641), jusqu’à la fin de l’année `167~t. L’auteur n’a point poussé jusqu’à la paix de Ryswick comme c’était son projet. 3° Mémoires sur la guerre présente (1700), La Haye, 1703, in-12, peu favorables à la France ; ils ont reparu sous le titre de Recherches modestes des causes de la présente guerre, en ce qui concerne les Provinces-Unies, 1713, in-12 ; 4° Recueil de Traités d’alliance, de paix et de commerce entre les rois, princes et États souverains de l’Europe, depuis la paix de Munster, Amsterdam, 1710, 2 vol. in-12 ; 5° les Soupirs de l’Europe à la vue du projet de paix contenu dans la harangue de la reine de la Grande-Bretagne, 1713, in-12 ; 6° la Pierre de touche de la Lettre au marquis de ****, sur un livre intitulé : les Soupirs de l’Europe, 1712, in-li ; 7° Remarques sur la Réponse du marquis de ***, à l’Orfévre, sur sa Pierre de touche, Landrecies, 1713. in-12 ; 8° Corps universel diplomatique du Droit des gens, contenant un Recueil des Traités de paix, d’alliance, etc., faits en Europe, depuis Charlemagne jusqu’à présent, Amsterdam. 1726, et années suivantes, 8 vol. in-fol. Après la mort de Dumont, J. Rousset a continué cette collection qui est estimée ; et à laquelle on doit joindre : l° l’Histoire des anciens Traités jusqu’à Charlemagne, par Barbeyrac, 1739, 2 vol. in-fol. ; 2° Supplément au Corps diplomatique, avec le Cérémonial des cours de l’Europe, recueilli par Dumont, et mis en ordre par Rousset, 1739, 3 vol. in-fol. ; 3° Histoire des Traités de Paix du 17e siècle, par St-Priest, 1725, 2 vol. in-fol. ; 4° Négociations secrètes touchant les paix de Munster et d’Osnabruck, 1724, 1725, 4 vol. in-fol. ; 9° Batailles gagnées par le prince Eugène de Savoie, La Haye, 1723, in-fol. C’est un recueil de gravures assez belles, avec des explications historiques par Dumont ; l,0Ull’&g8 a reparu en 1729, sous le titre d’Histoire militaire du prince Eugène et avec des additions de Roussel, qui forment un

2° volume ; on y en a ajouté, en 17-17, un 3e qui contient l’Histoire militaire de Marlborough et de Pierre de Nassau-Frise : les gravures font à peu près le seul mérite de cet ouvrage. Lenglet-Dufresnoy assure que le prince Eugène lui-même en faisait peu de cas, quoiqu’il y soit extrêmement loué. Dumont est encore auteur des Lettres historiques contenant ce qui se passe de plus important en Europe, in-12 ; il en paraissait deux volumes par an. Cet ouvrage périodique, commencé en 1692, a été poussé jusqu’en 1710 par Dumont. Basnage le continua jusqu’en 1728, en s’adjoignant differents collaborateurs. Les premiers volumes de ce journal sont estimés.

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