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DUMONT (François), né à Paris, en 1688, fit de rapides progrès sous son père, maître sculpteur de l’accadémie de St-Luc ; il remporta de bonne heure le premier prix de l’Académie, et était près de partir pour Rome lorsqu’il fut retenu dans sa patrie par l’amour ; il épousa la fille de Noël Coypel. Dès Page de vingt-trois ans il fut admis à l’Académie, et donna pour morceau de réception une figure représentant un Titan foudroyé ; ce morceau est d’un beau style et d’une fine exécution. On voit le géant menacer encore le Ciel qui le punit. Sans parler de différents ouvrages qui contribuèrent à sa réputation, et dont plusieurs faisaient, avant la révolution, l’ornement de Petit-Bourg, nous indiquerons les deux figures qui ont fait le plus d’honneur au talent de Dumont ; on les voyait à St-Sulpice ; elles représentaient St. Jean et St. Joseph : le premier était presque nu, il avait le bras gauche appuyé sur un tronc d’arbre, et tenait une croix de roseaux, enveloppée d’une banderole. St. Joseph, caractérisé par le lis qu’il tenait de la main droite. avait dans la gauche un livre sur lequel il semblait méditer. Les deux autres figures parallèles, représentant St. Pierre et St. Paul, étaient du même auteur : nous ignorons ce que sont devenus ces différents ouvrages ; tout porte à croire qu’ils ont été détruits pendant la révolution. Le duc de Lorraine voulut s’attacher un artiste devenu célèbre dès son entrée dans la carrière, l’appela il Nancy, et le décora du titre de

son premier sculpteur ; mais les travaux du premier sculpteur se réduisirent à un fronton et au modèle d’un autel. Un monument plus capital dont il fut chargé, et qui causa sa mort, fut le tombeau du duc de Melun, qui était autrefois placé chez les Dominicains de Lille. Dumont alla dans cette ville pour mettre la dernière main à son ouvrage : l’échafaud se brisa sous lui, il se cassa la jambe, et reçut intérieurement des blessures plus dangereuses. Après avoir langui longtemps, il mourut en 1726, à l’âge de 38 ans, n’ayant fait, en quelque sorte, qu’indiquer ce qu’il aurait pu faire un jour.

A-s


DUMONT (Gabriel), savant philologue, était né, vers la fin du 17e siècle, vraisemblablement en Hollande, de parents français, réfugiés pour cause de religion. Ayant embrassé l’état ecclésiastique, il obtint une vocation pour Leipsick, où il remplit pendant plusieurs années la place de pasteur de

l’Église française. Plus tard, mis à la tête de l’Église wallonne de Rotterdam, il fut pourvu de la double chaire d’histoire ecclésiastique et de langues orientales à l’académie de cette ville. Il avait, sans rien relâcher de ses devoirs, fourni de nombreux articles à l’Histoíre de la république des lettres (1712-18) : journal dont on regarde comme le principal collaborateur. J. Masson (voy. ce nom), que Saint-Hyacinthe a si plaisamment déifié sous le nom d’Aristarchus Massa. Il concourut ensuite in la publication des Discours de Saurin, sur la Bible. Dans un voyage qu’il fit à Berlin, ayant découvert des lettres de Cuper, il s’empressa de les adresser à Beyer, qui se proposait d’en donner un recueil et qui l’en a remercié dans la préface de ce volume, précieux pour l’histoire littéraire. Barbier, dans son Examen critique des Dictionnaires, p. 274, place la mort de Dumont vers 1î48. Quoiqu’il n’ait attaché son nom à aucun ouvrage important, il jouissait de la réputation d’un savant profond ; et souvent il était consulté sur des questions philologiques. On en a une preuve dans sa Réponse à Chr.-Aug. Heumann, sur un passage de l’építre de St. Jacques, 4, 5, 6, insérée dans les Miscellanea Lipsiensia, t. 12, p. 186-98. Un choix de sermons de Dumont a été publié par M. Superville, Rotterdam, 1749, in-8°.

W-s


DUMONT (Jean), dit le Romain, peintre, né à Paris, en 1700, fut un des artistes du dernier siècle dont le talent n’égala pas la réputation. Son morceaux de réception à l’Académie de peinture représente Hercule et Omphale : il est bien peint ; mais on y cherche vainement le germe d’un grand talent susceptible de recevoir de grands développements. Dumont ne se montra dans aucun autre de ses ouvrages supérieur à l’idée que son morceau de réception avait donnée de son mérite. Il fit toujours bien, mais ne put jamais atteindre au mieux. Son pinceau avait plus de correction que d’éclat ; il manque de grâce et de facilité. Ce dernier défaut se fait sentir surtout dans les ouvrages où ce peintre a voulu représenter des scènes familières : on n’y trouve presque aucune des qualités nécessaires à ce genre de peinture. Dumont a pourtant joui, pendant une grande partie du siècle dernier, de la réputation d’un peintre distingué. Les tableaux où il avait représenté la Mère Savoyarde, la Charmante

Catin, furent regardés comme de petits chefs-d’œuvre, et gravés par Daullé, artiste habile de la même époque. Ses seuls tableaux d’histoire ont conservé quelque estime ; ils sont sagement composés, et d’un dessin qui ne manque pas de correction : celui qui représente Lyncus voulant assassiner Triptolème, et changé en lynx par Cérès, a été gravé par J. Danzel.

A—s.


DUMONT. Voyez Butel.


DUMONT (Gabriel-Martin), architecte et dessinateur sur lequel on n’a que des renseignements incomplets. Ses prénoms pourraient faire conjecturer qu’il était le filleul ou même le parent du fameux libraire Gabriel-Martin, auquel on est redevable du système de bibliographie le plus généralement suivi. Né, vers 1720, à Paris, Dumont, après avoir appris les éléments du dessin, se rendit en Italie pour y perfectionner ses talents par l’étude approfondie des plus beaux monuments anciens et modernes. Il y fut accueilli des principaux artistes, et revint en France, avec le titre de correspondant des Académies de peinture de Rome, de Bologne et de Florence. Il était de retour à Paris au plus tard en 1755 ; et bien qu’il prit des lors le titre de professeur d’architecture, il n’a jamais fait partie de l’académie instituée par