Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 11.djvu/533

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Louis XIV pour propager en France le bon goût de cet art. Dumont, ayant en communication des plans des trois temples de Pæstum, levés, en 175O, par Soufflot (voy. ce nom), les dessina sur une échelle moins grande, et les fit graver en 1764, in-fol., 7 planches. Thomas Major, graveur anglais (voy. ce nom), reproduisit les dessins de Dumont dans les Ruines de Pæstum ou l’ossidonie, Londres, 1768, grand in-fol., avec un texte explicatif et la traduction française en regard. L’année suivante il parut une nouvelle traduction française de l’ouvrage de Major (Paris, 1765, grand in-l°), que la plupart des biographes attribuent à Dumont ; mais Barbier qui, dans son Dictionnaire des anonymes, avait suivi l’opinion la plus accréditée, lui enlève cette traduction dans son Examen critique des Dictionnaires, p. 274, pour la donner, sur l’assertion de X. Girault (voy. ce nom), à Jacques de Varennes, fils du célèbre greffier des états de Bourgogne (voy. Varennes). Antérieurernent aux temples de Pæstum, Dumont avait publié : Détails des plus intéressantes parties de la basilique de St-Pierre de Rome, Paris, 1763, grand in-fol. Il donna depuis : Parallèles des plans des plus belles salles de spectacle d’Italie et de France, Paris, grand in-fol.,

54 planches, et Suite des projets détaillés de salles de spectacle particulières, Paris, grand in-fol., 54 planches. Ces trois collections font partie de l’œuvre de Dumont, intitulée : Recueil de plusieurs parties de l’architecture sacrée et profane, Paris, 1767, grand in-fol., 212 planches. Cet inestimabte artiste était vivant en 1790 ; mais on ignore la date de sa mort.

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DUMONT(Pierre-Étienne-Louis), célèbre comme l’ami et le collaborateur de Bentham, était de Genève et d’une famille française très-anciennement réfugiée pour cause de religion. Il naquit le 18 juillet 1759, perdit son père de bonne heure et ne dut qu’à l’active persévérance de sa mère l’avantage d’une éducation savante et complète. Celle-ci avait levé une petite école pour faire subsister ses cinq enfants. Dumont encore écolier donnait des leçons aux élèves de sa mère et concourait ainsi à la soutenir. Ses premières études terminées, il se décida pour la carrière ecclésiastique et entra à l’auditoire de théologie oit des son début il fut remarqué, et d’où il ne sortit qu’en 1781, après avoir été ordonné ministre protestant. Il s’était en même temps chargé d’une éducation particulière. Ses prédications avaient du succès et attiraient un nombreux auditoire. Mais l’éclat avec lequel il se prononça pour ce qu’on appelait le parti représentant lui ferma la carrière à l’instant même on elle s’ouvrait pour lui. La Savoie, la France et quelques-uns des cantons suisses étaient contraires au parti qu’it avait embrasse. Voyant cette opinion écrasée, il quitta Genève en 1782, pour St-l.’étersbourg. où trois de ses sœurs étaient mariées. Bientôt il y fut nommé pasteur de lfitîgtise française réformée ; mais, bien que la encore il se fût acquis promptement une réputation d’éloquence et de talent, tt n’y séjourua que dix-huit mois, et se Dlšll

rendit en Angleterre pour élever les fils de lord Lansdovvn. En passant à Berlin il prononça devant le roi de Prusse un sermon sur Pégoisme, que déjà Potemkin avait voulu entendre. Lord l.ausdovn traita Dumont de la manière la plus distinguée. Reconnaissant le mérite supérieur du précepteur, il le débarrassa du soin des leçons proprement dites pour le charger de l’éducation générale. Il lui confia aussi sa bibliothèque, qui devint une des plus magnifiques et des mieux ordonnées de litugieterre. Il l’employait encore ix des recheirhes, à des rédactions relatives aux objets sur lesquels il devait s’exprimer à la tribune. des divers serv ices, qui absorbaient la plus grande partie du temps de Dumont, furent récompensés par une place que son protecteur lui fit conférer dans Padniinistration des finances, et qui, tout en lui assurant une véritable indépendance, était une siuécnne. Ce fut pendant son séjonrît Bovvoud, résidence habituelle de lord l.ansdoun, qu’il eut occasion de conuaitn : Samuel Rumilly (voy. ce nom) et Jérémie Bentham, avec qui il se lia d’une étroite amitié. Cette liaison aussi honorable qu’utilc, et qui devait avoir sur sa vie une si grande influence, nel’emperha pas de venir en France vers le commencement de 1769, avec quelque velléité non d’obserer la révolution, mais de se créer une position dans liordre de choses.nouveau qui se préparait. Mis en relation avec l lira beau, il fit partie du petit comité au milieu duquel cet orateur élaborait ses idées et préludait à ses improvisations. On sait que personne moins que lui n’hésitait à s’emparer des idées d’antrui pour peu qu’clles lui semblassent justes, neuves ou brilIantes. Il fit beaucoup de ces emprunts à Dumont, dont il apprócia bien vite tout le talent. en législation. On a dit, parexexnple, que ce fut Dumont qui composa l’adressc au roi pour demander le renvoi des troupes. Le fait est probable ; mais on ne peut douter que, suivant son usage, Mirabeau n’ait jeté au milieu des plurases plus iniellenses de son ami, ces interpellations fougueuses qui décelaient, avec le peu de ménagement pour les choses, si peu de respect pour les personnes. On peut dire que Dumont était le liélancbtbon de cet impétueux Luther. Lorsque li ira beau entreprit le (barrier de Provence, c’est Dumont qu’il chargea principalement de la rédaction. Mais les événements marchaient. et parlaient si haut que toute mesure dans le langage devenait un non-sens on de Fhypocrisie. Éponvautédn terrible aspect que prenait la crise, Dumont quittzi le journal et la France, en 1791, avant la nmladie qui mit. son patron au tombeau, le 2 avril. il vint alors passer un au à Genève auprès de sa mère ; et, vers la fin de 1792, il fit partie de l’administration qui fut élue Si l’approche de l’armée française ; mais, soit désespoir, de voir les choses tourner ainsi, soit dégoût d’entendre mal interpréter ses intentions, il abandonna encore la partie, et revint en Angleterre, oit du moins, quelque violents que puissent être les dissentiments politi-