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toire, se trouve conservé à la bibliothèque de la ville de Zurich. Les Dictionnaires historiques de Bâle et le Dictionnaire suisse de Leu, lui doivent un grand nombre d’articles. Il s’est distingué par des vertus sociales, par l’aménité de son caractère et par une grande complaisance. Il mourut en 1766. U-i.


DURUFLÉ (Louis-Robert-Parfait), auteur de poésies qui ne sont pas sans mérite, naquit à Elbeuf le 28 avril 1742. Déjà connu par des prix qu’il avait remportés aux académies de Marseille et de l’Immaculée Conception de Rouen, il concourut à l’Académie française en 1773, et fut vaincu par Laharpe. Sa défaite ne fit que mieux remarquer son talent. La pièce couronnée était une Ode sur la navigation, que Fréron compare à l’ouvrage de Duruflé, intitulé : Épître à un ami malheureux. Il démontre que la première pièce est bien inférieure à la seconde. Laharpe, on le sait, n’est guère estimé comme poète. Voltaire disait : Il sait chauffer le four, mais il ne sait pas cuire ; et cependant Laharpe a remporté, durant plusieurs années, le prix de poésie à l’Académie française. L’auteur de cet article parlait un jour à Suard de la médiocrité des pièces couronnées. Ce que nous demandons aux concurrents, répondit l'académicien, ce n’est pas de la poésie, mais le ramage poétique. Cet aveu est précieux, et doit être pris en considération par les concurrents aux prix de poésie de l’Académie française. Duruflé a travaillé au Journal encyclopédique, depuis 1769 jusqu’en 1793. Il est mort cette dernière année, dans une maison de campagne près de Rouen. Avant 1789, il était d’une société de gens d’esprit qui avait succédé au Caveau, et qui comptait, parmi ses membres, Chamfort et Rivarol. On a retenu ce mot de Duruflé sur le Mariage de Figaro : Si Beaumarchais châtie les mœurs en riant, il les châtie trop, car il les blesse. Voici la liste de ses ouvrages :

Le Triomphe de l’Église sur l’Hérésie, ode, 1710, in-8o, pièce couronnée en 1769 par l’Académie de l'Immaculée Concepsion ;

Épître à un ami malheureux, 1773, in-8o. Fréron, en rendant compte de cette pièce, avait mis dans le titre de l’article : Pièce qui a concouru au prix de poésie fondé pour M. de Laharpe ;

Le Siège de Marseille par le connétable de Bourbon, 177', in-8o.

Le Messie, ode, 1776, in-8o.

Sentiments d’un cœur pénitent, stances, 1776, in-8o.

Servilie à Brutus après la mort de César, Paris, 1777, in-8o. F—le :.


DURUTTE (Joseph-François), général français, né à Douai, le 14 juillet 1767, d’une famille commerçante assez riche pour lui donner une éducation soignée, s’enrôla, en 1792, dans le troisième bataillon du Nord, et se signala presque immédiatement après sous les murs de Menin et de Courtrai, et à la bataille de Jemmapes. Il fut nommé lieutenant, puis capitaine en récompense de sa conduite à l'assaut du fort Klundert (1793). Major de tranchée au siège de Williamstadt, il reçut le brevet d’adjudant-général, qu’il refusa, ne croyant pas l’avoir suffisamment mérité. Chef d’état major d’une division, il se couvrit de gloire à Hondschote. En 1794, il était chef d’état-major du corps de Michaud, lorsque la ville d’Ypres lui ouvrit ses portes. D’autres succès non moins importants le firent désigner par Moreau comme sous-chef d’état-major de l’armée du Nord ; mais il passa bientôt aux ordres de Souham, dans l’Over-Yssel, la Frise, la Zélande, d’où il dirigea l’avant-garde de Brune et de Daendels dans la Nord-Hollande, en 1799. Il mérita le titre de général de brigade par sa conduite à la bataille de Beverwick et au combat de Castricum. Sous Moreau, il se signala encore à Moeskirck, à Biberach, à Hohenlinden. À la paix de Lunéville, il prit le commandement du département de la Lys ; et Bonaparte, malgré son antipathie pour les militaires de l’armée du Rhin, le créa général de division. Appelé au commandement du camp de Dunkerque, sous les ordres de Davoust, il fut désigné par ce maréchal au chef de l’État comme l’ami de Pichegru et de Moreau, et ces dénonciations furent admises sans examen. Durutte était à Bruges quand Napoléon exigea pour son élévation au souverain pouvoir l’assentiment de l’armée. Fidèle à sa conscience, il voulait signer non, n’ignorant pas que l’exil en serait la suite ; mais tous les chefs de sa division déclarèrent qu’ils suivraient son exemple, et il eut la générosité de ne pas entraîner leur perte. En 1805, il commandait à Toulouse, lorsque Davoust, qui lui en voulait, lui fit donner le commandement de l’île d’Elbe, menacée, disait-on, par les Anglais et par les Russes. Cet exil dura trois ans, après lesquels Durutte entra en Italie sous les ordres du prince Eugène. Débloquer Venise, ouvrir les portes de Trévise à l’armée française, enlever le fort de Malborghetto, battre, à St-Michel, le corps de Giulay, et contribuer au gain de la bataille de Raab, sont de brillants faits d’armes qui méritaient place dans les bulletins de la grande armée. Un oubli scandaleux enveloppa Durutte ; on alla jusqu’à en désigner d’autres pour ces mêmes faits. Le prince Eugène en fut tellement indigné, qu’il ne voulut pas que le bulletin de la bataille de Raab fût distribué à son armée. Durutte se vengea de ces injustices en cueillant de nouveaux lauriers à Wagram. Le titre de baron en devint la stérile récompense. Quand Napoléon décréta la réunion de la Hollande à la France, Durutte fut nommé gouverneur d’Amsterdam. Chargé ensuite d’organiser la trente-deuxième division et d’armer la côte, depuis le Texel jusqu’à l’Iade, il sut concilier les exigences de sa position avec la di-