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rine La Luzerne, en 1789. Il conserva cet emploi dix ans, et s’y maintint pendant la guerre de la révolution, malgré les attaques multipliées des Anglais, et quoique privé de tout secours de la métropole. Le gouvernement consulaire le rappela à la fin de l’année 1800, au grand regret de la colonie, et l’envoya, en 1802, comme secrétaire de légation, au congrès d’Amiens, où se négociait la paix avec l’Angleterre. Le 26 mars de la même année, Dupuy vint présenter le traité à Bonaparte, qui le nomma conseiller d’État attaché à la section de la marine ; plus tard, en 1804, commandant de la Légion d’honneur, puis sénateur en 1805, et comte en 1807. Il adhéra à la déchéance de l’empereur en 1814, et fut appelé à la pairie, nommé chevalier de St-Louis, et enfin gouverneur civil des établissements français dans l’Inde. Il partit en 1816 pour Pondichéry. On lui a reproché à cette seconde époque de son administration, un peu de faiblesse et de condescendance pour les Anglais. En 1826, sous le ministère de M. de Villèle, il fut rappelé de nouveau et remplacé par M. des Bassins, neveu du ministre. À son retour en France, il continua de siéger à la chambre des pairs, et mourut à Paris dans le mois de janvier 1832. Il avait été fait grand-officier de la Légion d’Honneur en 1817. — Dupuy (J.-B.-C.-H.), homme de loi et juge au tribunal de Montbrison, fut député du département de Saône-et-Loire à l’Assemblée législative en 1791, puis à la Convention nationale, où il vota la mort de Louis XVI sans appel et sans sursis à l’exécution.

Obligé de sortir de France en 1816, par suite de la loi contre les régicides, il se réfugia en Suisse et mourut quelques années plus tard.

M-dj.


DUPUY-REMPORTES (Jean-Baptiste), littérateur du siècle dernier, embrassa plusieurs genres dans ses travaux, et publia des traductions et uelques productions légères. On a de lui : 1° Parallèle de la Semiramis de Voltaire avec celle de Crébillon, Amsterdam, 17118, in-8°. 2° Des Lettres sur Catilina, Venise sauvée, les Amazones, et Cenie. tragédies ; 3° Le Souper poétique, Amsterdam (aria), 1748, in-8°. 4° Histoire générale du Pont-Neuf, en six volumes in-folio, proposée par souscription, Londres (Paris), 1750, in-8° de 36 pages. Cette plaisanterie est ingénieuse et piquante.

Mémoires de Gaudence de Lucques, avec les remarques de Rhedi, 1753, in-12, en 4 parties. 6° Histoire du ministère de Robert Walpole, Amsterdam (Paris), 1764. 3 vol. in-12. 7° Morale des Princes, traduite de l’italien de Comazzi. La Haye (Paris), 1754, 2 vol. in-12. 8° Traité historique et morale du blason, 1754 2 vol. in-12. 9° Le Gentilhomme cultivateur, ou Cours complet d’Agriculture, tiré de l’anglais, de Hill, misérable compilation, Paris, 1761 et années suivantes, 8 vol. in-4° ou 16 vol. in-12. 10° Le Gentilhomme maréchal, aussi tiré de l’anglais, de J. Barthelet, chirurgien, Paris, 1756-58, 2 vol. in-12. 11° Le Printemps, comédie en 1 acte, non représentée, Paris, 1747, in-12.

D. L.


DUPUY DES lSLETS(le chevalier), littérateur, naquit, vers l’année 1770, à St-Domingue, où sa famille, d’une ancienne noblesse, avait des propriétés considérables. Il était, avant la révolution, chevau-léger de la garde du roi. Sa position, d’accord avec ses sentiments politiques, lui imposa la loi d’émigrer en 1791. Il fit toutes les campagnes de l’armée des princes, passa ensuite en Angleterre, et revint en France en 1801. Sa parenté avec Joséphine lui procura une pension sur les fonds de la police, destinés à l’encouragement des lettres. La révolution l’avait entièrement dépouillé de son patrimoine. Il devint un des collaborateurs de la Gazette de France, dont il rédigea le feuilleton dramatique pendant quelques années ; mais ses articles, lourds et sans mesure, eurent peu de succès. Dès ce moment, il grossit le nombre de ces anciens royalistes qui, sans abandonner les sentiments et les opinions de l’émigration, affectaient un enthousiasme sans bornes pour Napoléon. Renonçant à la poésie élégiaque que jusqu’alors il avait cultivée, il s’éleva jusqu’à la poésie lyrique, et rima des chants pindariques sur les victoires de l’empereur. Plus d’un lecteur fut tenté de le renvoyer à l’Almanach des Muses[1] et au cahier de romances. Son dithyrambe sur la naissance du roi de Rome se termine par ces vers :

Le bronze a ralenti : quel charme involontaire
Saisit mes sens? Il naît cet enfant précieux,
       Il naît, et d’un cri glorieux
Il frappe de nos rois l’asile héréditaire.
Dun heros immortel, immortel rejeton.
France, il sembla sourire à ton joyeux tonnerre ;
— Et. du berceau chargé des destins de la terre,
Il révèle Napoléon.

On peut encore citer de Dupuy des lslets un chant lyrique dédié à S. M. l’empereur et roi, mis en musique et présenté à S. M. l’impératrice et reine par Garat (voy. ce nom). Le poète commençait ainsi : ’

Honneur au monarque guerrier.
L’amour et l’espoir de la France, etc.

Néanmoins, dès le commencement de 1813, l’enthousiasme de Dupuy des Islets commença à chanceler avec la fortune de Napoléon ; et, dans les bureaux de rédaction de la Gazette, il prenait peu de soin de dissimuler ses véritables sentiments. Aigre et mordant en ses discours, un jour il osa répliquer au censeur impérial qui lui avait dit : « Vous portez votre tête bien haut : — Monsieur, je n’ai jamais porté que la mien-

  1. Les vers de Dupuy des Islets, insérés dans l’Almanach des Muses sont quelquefois gracieux, mais souvent aussi dune fadeur digne de l’abbé Cotin ; témoin ces vers adressés à mademoiselle Delia (artiste à l’Odéon), en 1813 :

    J'aime ces grands yeux noirs en amende fendus.
    Prédicateurs charmants des plaisirs défendus.