Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 16.djvu/59

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ayant appris que le roi était à l’église, il alla l’y trouver, se jeta à ses pieds, et le conjura de lui pardonner par les mérites de Jésus-Christ crucitlé ; mais Clotaire, sans égard pour son humble prière, sans respect pour la sainteté du lieu, ayant reconnu Gautier, lui plongea son épée dans le cœur. Le pape, instruit de cet acte de cruauté, menaça Clotaire de l’excommunication s’il ne se hàtait de réparer son crime ; Clotaire érigea alors la seigneurie d’Yvetot en royaume, pour être possédée par les héritiers de Gautier, et leur en fit expédier des lettres signées de lui et scellées de son sceau. Telle est l’origine que Robert Gaguin donne au royaume d’Yvetot ; mais l’abbé de Vertot, dans une Dissertation, insérée dans les Mémoires de l’ Académie des inscriptions, tome 4, démontre que le récit de Gaguin est fabuleux ; que ce n’est que dans l’intervalle de 1570 à 1502 que les seigneurs d’Yvetot ont pris la qualité de roi, fait prouvé par des titres, mais sur lequel les historiens contemporains ne s’expliquent pas, de sorte qu’on est réduit à des conjectures sur l’érection de la terre d’Yvetot en royaume. Il. Duputel. de l’Académie de Rouen, a néanmoins entrepris de nos jours de rétablir ce fait au nombre des événements historiques (voy. le Précis analytique des travaux de cette Académie, 1812, in-8°, p. 181[1]. W-s.


GAUTIER (Hubert), nommé mal à propos Henri par l’historien de Nimes, naquit dans cette ville, de parents protestants, le 21 août 1660. D’abord docteur en médecine, il changea bientôt de profession, entraîné par son goût pour les mathématiques, fut fait ingénieur du roi dans la marine, ensuite inspecteur général des ponts et chaussées, et eut une grande part aux travaux qui se tirent de son temps en Languedoc. Gautier ne se borna pas aux études relatives à son art : il cultiva aussi les belles-lettres, la physique, et crut ’à l’astrologie judiciaire. Il a publié un assez grand nombre d’ouvrages : 1° Traités de fortifications avec l’examen des méthodes dont on s’est servi jusqu’alors pour fortifier les places, Lyon, 1685, in-12 ; 2° Traité des armes à feu, tant des canons dont on se sert sur terre et sur mer, comme des mortiers. pour le jet de la bombe, avec la manière de diriger leur portée, ibid., 1685, in-12 ; 5° Dissertation sur les eaux minérales de Bourbonne-les-Bains, où il est démontré. par une expérience, que la chaleur de ses eaux ne provient que d’un ferment. Troyes, 1 716, in-8° ; 4° Nouvelles conjecture : physiques concernant la disposition de tous les corps animés, Meaux, 1721, in-8° ; 5° la Bibliothèque des philosophes et des savants, tant anciens que modernes, avec les merveilles de ta nature, où l’on voit leurs opinions sur toutes sortes de matières pleysiques. comme aussi tous les systèmes qu’ils ont pu imaginer jusqu’à présent sur l’univers. et leurs plus belles sentences sur la morale. et en /in les nouvelles découvertes que les astronomes ont faites dans les cieuœ. Paris, 1723, 2 vol. in-8° ; id., 1755-54, 5 vol. in-8°. Compilation insignifiante par ordre alphabétique ; Alexandre. Cyrus, le prophète lsaïe. y figurent dans le nombre des philosophes. 6° Nouvelles cotÿeclures sur le globe terrestre. Paris, 1721, in-8° ; 7" Histoire de la ville de Nimes et des antiquités de Nimes, 1720, in-8° ; production superficielle, sans exactitude, sans critique et sans style ; 8° Traité de l’art de laver les différents dessins qu’on envoie á la cour. Lyon, — 1687, in-12, ou Bruxelles, 1708, in-8° ; 9° Traité de la construction des chemins, tant de ceux des Romains que des modernes. dans toutes sortes de lieux ; les Arrêts, êdits. et déclarations du roi. concernant les ponts et chaussées ; Dissertation sur les projets des canaux de navigation. d arrosage, et pour la conduite des fontaines ; autre Dissertation sur la conduite des mâts pour les vaisseaux du roi, depuis les forêts où on les abat, jusque : dans les ports de mer auxquels on les destine. Paris, 1713, in-8° ; ibid., 1721, 1728, 1761 ; traduit en allemand, Leipsick, 1759, in-8° ; 10° Traite des ponts, la manière de les construire, tant ceua : de maçonnerie que de charpente, sur toutes sortes de sujets. Paris, 1716, in-8° ; id., édition augmentée, 1725, 1728, 1765, in-8°, avec 26 planches ;`11° Dissertation qui résout les dÿicultés sur la poussée des voittes et des arches d différents surbaissements, sur les piles, les voussoirs, la charge des pilotis. le profil des murs doivent soutenir des terrasses. des remparts, etc. Dans cet ouvrage, Gautier cherche à réfuter quelques principes de Vauban sur la poussée des terres, et il critique ce que Lahire a écrit sur cette matière ; il a été réfuté lui-même dans les Mémoires de l’Académie des sciences. année 1726. 12° Dissertation sur l’¿paisseur des culées des ponts, sur la poussée des corps différemment inclinés, etc., avec plusieurs tables dressées sur ces principes de mécanique, Paris, 1717, in-8°. Gautier leva les cartes des diocèses de Toulouse, de Béziers. d’./Igde, de Nimes, d’Us¿s et d’Alais ; la dernière est restée inédite. lfévêque Fléchier l’avait converti en 1689 ; il mourut philosophiquement à Paris, le 27 septembre 1757. V. S. L.


GAUTIER (de Lombez), poëte gascon, né à Lombez (département du Gers). On sait peu de choses sur sa personne ; on ignore même ses prénoms ; on le désigne généralement sous le nom de Gautier de Lombez. il vivait en 1770 ; il vint fort jeune à Toulouse, où il se fixa et où probablement il mourut. Une partie des compositions de Gautier se trouvent imprimées à la suite de la secondé et de la troisième éditions des œuvres de Goudelin (voy. ce nom). On connaît de lui une ode, des chansons, des stances, un sonnet et une pièce de vers adressée à monseigneur de Bertier, premier président., Ce poete mérite les éloges que ses con-

  1. On peut encore consulter les Preuves de l’histoire du royaume d’Yvetot, par Jean Ruault, Paris, 1681, in-4° ; la Dissertation sur ce prétendu royaume, par l’abbé des Thulleries, dans le Dict. univ. de la France, t. 3 ; et enfin l’excellente Dissertation de Foncemagne sur le même objet, dans le tome premier de la Description de la haute Normandie, par Toussaint Duplessis.