Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 16.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GAU (Charles-François), architecte et archéologue, principalement connu par ses explorations en Nubie, naquit à Cologne le 15 juin 1790, vint à Paris en 1809, et étudia l’architecture à l’école des Beaux-Arts, sous la direction de Debret et Lebas. Pour se perfectionner dans son art, il entreprit, en 1817, un voyage d’abord en Italie et en Sicile, de là en Orient, et principalement en Nubie, dans le dessein de compléter les remarquables travaux archéologiques de l’institut d’Égypte qui n’avait pas pénétré si loin. L’apparition (1809-1817) des trois premières livraisons, que la commission avait mis huit ans à publier, occupait alors vivement tous les esprits dirigés vers ces études. Après de grandes fatigues et de rudes privations, Gau arriva enfin au Caire ; là, des rivalités basses et jalouses contrarièrent quelque temps ses projets ; mais, grâce à la bienveillance du consul français Drovetti, il obtint le firman nécessaire pour continuer son voyage, et arriva enfin à Thèbes après une navigation de plus d’un mois sur le Nil. Pour être maître de ses mouvements et libre de s’arrêter selon les goûts capricieux de sa fantaisie ou de sa curiosité, Gau acheta une barque, des provisions de voyage, loua des Arabes, quatre matelots et un ancien mamelouck de la garde impériale pour lui servir d’interprète ; aidé de vents favorables, il parvint promptement au terme de sa course, et fut récompensé de ses fatigues par une riche moisson scientifique : entre la seconde cataracte et l’île de Philæ (El Birbé des Arabes), il trouva vingt et un monuments qui étaient alors complétement inconnus. Gau les publia sous le titre de Antiquités de la Nubie, Ou Monuments inédits des bords du Nil. 13 livraisons ; Paris, 1821-28, et en allemand, Stuttgard, 1821-28, avec 14 planches d’inscriptions nubiennes. Le texte était rédigé en grande partie par Niebuhr et Letronne. La faveur publique accueillit bien cet ouvrage, remarquable par le choix des monuments, la fidélité et la variété des dessins, l’exactitude des mesures. Par ce travail, Gau confirma les conjectures de la science sur l’origine de l’architecture égyptienne et sur son développement. « Toute l’architecture égyptienne, dit-il, a ses types dans les monuments de la Nubie, depuis la première ébauche taillé dans le roc, jusqu’aux derniers édifices construits sous les Ptolémées. » Gau avait rencontré dans ce voyage un autre architecte devenu depuis professeur d’histoire de l’art à l’école royale d’architecture, M. Huyot, auquel on doit le classement des monuments de l’Égypte. Gau fut un des premiers qui s’appliquèrent à comparer les époques de l’architecture ; il a consigné ses vues dans le bel ouvrage les Ruines de Pompéi, Paris, 1813, qui avait été laissé inachevé par Mazois. Gau se fit naturaliser en 1825, et fut à la suite nommé architecte de la ville de Paris, et obtint en cette qualité la direction de la restauration des églises St-Julien le Pauvre, St-Séverin, de la construction de la prison de la Roquette, etc. En 1839, on éleva d’après ses dessins, sur les anciens terrains Belle-Chasse, l’église de Ste-Clotilde dans le style gothique du 13e siècle. Malheureusement, Gau dépassa beaucoup ses devis et n’arriva néanmoins qu’à des résultats assez mesquins, aussi lui retira-t-on la direction de ces travaux pour la confier à M. Théodore Ballu. Gau sur ces entrefaites mourut à Paris (janvier 1854). A.-F-L-T.


GAUBERTIN. Voyez Boitel. (Pierre).


GAUBIL (Antoine), savant jésuite et missionnaire à la Chine, a rendu, par ses nombreux et importants travaux, les plus grands services à la littérature de l’Asie orientale. Il était né à Gaillac, dans le haut Languedoc, le 14 juillet 1689. Entré dans la compagnie des jésuites en 1704, il fut envoyé à la Chine en 1723, et se mit dès lors à étudier les langues chinoise et mandchoue. Il y fit de si grands progrès que, suivant le P. Amiot, les docteurs chinois eux-mêmes trouvaient à s’instruire avec lui. Ces graves et orgueilleux lettrés étaient dans le plus grand étonnement de voir cet homme, venu de l’extrémité du monde, leur développer les endroits les plus difficiles des Kings, leur faire le parallèle de la doctrine des anciens avec celle des temps postérieurs, leur citer les livres historiques, et leur indiquer à propos tout ce qu’il y avait eu de remarquable dans chaque dynastie, et cela avec une clarté, une aisance, une facilité qui les contraignaient d’avouer que la science chinoise de ce docteur européen surpassait de beaucoup la leur. Ces études qu’on