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où était établie une école fameuse, et fit de grands progrès dans les sciences et dans les beaux-arts. Il cultiva particulièrement la poésie. Son occupation principale était de copier les meilleurs livres de l’antiquité ; et, avant la révolution, on avait encore à Fleury la Vie de St-Benoît, par le pape St-Grégoire le Grand, que Gauzbert avait écrite de sa main, comme l’atteste cette inscription : Hic est liber Sti-Benedicti quem obtulit ei frater Gauzbertus. À la tête du livre était placé un poëme en vers élégiaques à la louange de St-Benoit. Aimoin, religieux de Fleury, l’a inséré dans un sermon sur le même saint, que le père Dubois, célestin, et depuis abbé de Beaulieu en Argonne, a donné au public. On cite de lui une autre pièce de vers, dans le genre de celles qu’on nomme acrostiches, lesquels alors étaient fort en usage, et où les auteurs du temps rivalisaient à qui y réunirait et parviendrait à vaincre plus de difficultés. Celle dont il s’agit était à la louange de Guillaume comte de Blois. Les premières et les dernières lettres des vers forment celui-ci :

Te virtute crucis soter, Guillelme, coronat.

Et comme ce tour de force ne lui suffisait pas, Gauzbert construisit tellement sa pièce, que le même vers, sans interrompre le sens, le partageait en quatre parties égales, et formait une croix au milieu, de sorte qu’il était répété six fois Difficiles nugæ. Le jurisconsulte Marc-Antoine de Dominici, qui avait reçu cette pièce du père Labbé, l’a fait imprimer dans son Auberti familia rediviva, d’où elle a passé dans l’Histoire de Blois, du médecin Jean Bernier.


GAUZLIN[1], cinquante-quatrième évêque de Bourges, était fils naturel de Hugues Capet[2] ; sa mère est inconnue. Il fut élevé avec soin dans le monastère de Fleury, et y eut pour maître le célèbre Abbon, qui en était abbé. Il fit de si grands progrès dans les lettres divines et humaines, qu’il passait pour un des hommes les plus instruits de son temps ; totíus scientiæ vir, gravisque auctoritatis. Il n’avait pas moins profité dans la piété. Cher au roi Robert, plus encore pour ses bonnes qualités qu’à cause du lien du sang qui les unissait, il avait su se concilier l’entière confiance de ce prince, qui n’entreprenait presque rien d’important qu’il ne l’eût consulté. Abbon étant mort le 15 novembre 1004, Robert donna à Gauzlin l’abbaye de Fleury. Les moines refusèrent de le recevoir, à cause du défaut de sa naissance ; mais l’autorité du roi prévalut. Gauzlin eut un autre différend avec Foulques, évêque d’origans, au sujet de la dépendance de son monastère ; cette affaire s’arrangea par la médiation de Fulbert de Chartres. Le siége de Bourges ayant vaqué en 1015, Robert lui donna cet archevêché. même opposition à son installation de la part des habitants de Bourges et du chapitre, toujours fondée sur l’illégitimité de sa naissance ; en vain le roi ordonnait ; on refusa d’obéir. Gauzlin prit le parti d’aller à Rome, où il fut reçu avec beaucoup d’honneur par le pape Benoit VIII. Il fit admirer dans cette ville sa science, ses vertus, et particulièrement son éloquence, dans un discours qu’il prononça en présence du pontife ; il en obtint un rescrit qui ordonnait à Geoflroi, comte de Bourges, de l’introniser. De leur côté, les chanoines, las d’être privés de leur revenu que le roi avait fait saisir, flnirent par se soumettre. Gauzlin assista au concile d’Airy et d’Orléans (1020 et 1022) ; et il eut part aux principales affaires ecclésiastiques de son temps. Il avait, avec l’archevêché de Bourges, conservé l’abbaye de Fleury ; l’église de ce monastère ayant été incendiée, il la fit rebâtir magnifiquement à ses frais. Il mourut le 2 septembre 1029, en faisant la visite de son diocèse. André, un de ses moines, a composé sa vie, restée manuscrite. Il n’est pas douteux que ce grand et savant prélat n’ait beaucoup écrit ; presque rien de lui néanmoins n’est parvenu jusqu’à nous. On connaît seulement : 1° deux Lettres, dont l’une est adressée à Oliba, évêque de Vich en Catalogne, au sujet de la mort du frère de ce prélat ; l’autre au roi Robert, qui l’avait consulté à l’occasion d’une prétendue pluie de sang, tombée sur une des côtes maritimes de l’Aquitaine. Gauzlin répond au roi que ce doit être le présage de quelque malheur, et appuie son sentiment de différents exemples tirés de l’histoire ancienne. La physique depuis a démontré qu’il n’y avait rien que de naturel dans ces phénomènes. 2° Discours prononcé en présence du roi Robert pour assurer à St-Martial le titre d’apôtre, contre ceux qui voulaient qu’il ne fût que confesseur. Ce discours est inséré dans les actes du concile de Limoges de 1051. Plusieurs lettres

de Fulbert sont adressées à Gauzlin ;


GAVAND (Jean-Pierre), écrivain politique, né vers 1788 à Lyon, où il est mort le 1er septembre 1835. On a de lui un assez grand nombre de pamphlets écrits avec une certaine verve contre les antagonistes de la branche ainée des Bourbons ; les principaux sont les suivants : 1° les Crimes des fédérés… avec cette épigraphe : « Tout homme déshonoré cessa de l’être pourvu qu’il devînt fédéré, comme si cette tache devait être assez forte pour effacer toutes les autres. » Lyon, Guyot, 1815, in-8°. 2° La Faction civile dévoilée… avec cette épigraphe : « Qu’on licencie la faction civile comme on a licencié la faction militaire, et tout Français sera dévoué à la monarchie légitime comme le premier grenadier de la garde royale. » Genève, Paschoud, juin 1816, in-8°. 5° Première Vendéenne (en vers), adressée à M. le comte de Villèle ; Paris, le Normand, no-

  1. D’autres le nomment Gauslin, Gauscelin, et même Josselin.
  2. Dom Pierre de St-Romuald, feuillant (Trésor chronol. et histor.), fait Gauzlin frère naturel de Hugues Capet ; Mézeray, au contraire (p. 400 de son Abrégé chronologique, t. 2), le fait fils du roi Robert ; tous deux se trompent, et ont contre eux l’autorité des historiens contemporains.