Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 16.djvu/83

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pagnement , pour nos voyageurs, d’un des plus effrayants tremblements de terre que Naples ait jamais ressentis. Gay-Lussac reconnut à Naples même que l’air contenu dans l’eau de la mer renferme jusqu’à trente pour cent d’oxygène. Il partagea bientôt, en face des preuves qu’il ne put méconnaître, l’opinion de Léopold de Buch sur les soulèvements. Depuis cette époque il continua, comme nous l’avons déjà vu, à se tenir au courant de toutes les questions qui se rattachaient à ces grands phénomènes : dans un voyage en Auvergne, fait en 1820, il retrouvait avec plaisir, sur le puy de Gravneire. À Clermont-Ferrand, des scories volcaniques semblables à celles qu’il avait jadis foulées aux pieds sur les flancs du Vésuve. Telles sont donc les principales questions de physique auxquelles se rattache le nom de Gay-Lussac. Nous n’avons pas parlé de son Instruction sur les paratonnerres. qui offrait pourtant un travail complet sur la matière, rédigé avec autant de clarté que de précision, lorsqu’il fut publié, en 1824, sur la demande du ministre de l’intérieur. En visitant vers cette même époque la cathédrale de Strasbourg, Gay-Lussac avait insisté auprès de ceux qui l’accompagnaient sur la convenance d’armer cette belle flèche d’un appareil préservateur : ce fut sur son opinion qu’on se basa plus tard pour obtenir de l’autorité municipale les fonds nécessaires à cette construction. — Disons enfin quelques mots sur son enseignement à la faculté des sciences. L’art de faire un cours de physique était peu avancé, et, nous ajouterons, peu pratiqué avant le commencement de ce siècle. Les leçons données par nos grands maîtres aux premières écoles normales avaient pourtant déjà commencé à le perfectionner. Le célèbre abbé Haüy publia bientôt après un ouvrage élémentaire où il sut profiter de cette nouvelle impulsion. Mais ce fut surtout après la création de la faculté des sciences de Paris que Gay-Lussac d’abord, et plus tard avec lui M. Biot, introduisirent dans cet enseignement la méthode philosophique, l’esprit d’analyse et de déduction que les élèves de l’École normale ont ensuite transportés dans tous nos établissements de province. En général, *Gay-Lussac allait droit au but, donnait un soin particulier aux expériences fondamentales, et retardait rarement les progrès du cours par l’exhibition de celles qu’il regardait seulement comme devant faire spectacle.

— Gay-Lussac était surtout né pour la chimie : c’est dans le laboratoire qu’il a passé une partie de sa vie, entouré de produits préparés par ses soins et d’appareils inventés ou perfectionnés par lui. On sait qu’à l’occasion de quelques premières expériences, Bertholet lui écrivait : Votre destinée, jeune homme, est de faire de la science. Ce pressentiment fut complétement réalisé pendant près d’un demi-siècle. Le nom de l’élève de Bertholet se rattache à un trop grand nombre de travaux pour qu’il soit possible de les énumérer tous dans cette notice. Nous devons nous restreindre à l’analyse ou même à la simple indication de ceux qui, au jugement des hommes les plus compétents, ont puissamment contribué à agrandir le domaine de la chimie. D’abord même, laissons parler M. Biot. « Partout, jusque dans les plus « simples notes, on aperçoit ses qualités distinctives : un esprit droit, lucide ; des conceptions « nettes et la fermeté du jugement qui le retient « toujours dans l’expression stricte des faits : on « les reconnaîtrait à ces caractères, sans qu’elles « fussent signées. Celui de ses travaux que nous « mentionnerons d’abor¢l lui fut suggéré par une « observation qui remonte presque au début de « sa carrière chimique. Dans les recherches sur « Peudiométrie, faites avec ll. de llumboldt, ils « reconnurent que, pour la formation de l’eau, « cent parties en volume de gaz oxygène se combinent par la combustion avec un volume de gaz « hydrogène, si proche d’être égal à deux cents « parties, que l’on ne pouvait pas répondre expérimentalement de la différence. La tendance de

—« ces nombres vers une limite simple frappa Gay-Lussac ; il soupçonne immédiatement que le rapport exact de un à deux était le véritable, et que « cette simplicité pouvait bien être un fait général, analogue, pour le : volumes. À celui que «Dalton avait découvert pour les proportions de « poids suivant lesquelles les corps forment leurs « combinaisons de divers ordres. Ayant suivi silencieusement cette idée avec persévérance dans

« tous les cas d’application qu’il put trouver, il la « présenta comme certaine, quatre ans plus tard, « à la fin de 1808, nou : an : quelque : crainte : de la « part de ses amis. Le résultat, tel qu’on peut « l’énoncer aujourd’hui, consiste en ce que : lomjue « deux gas se combinent, leur : volume : ont entre eu’ « des rapport : numérique : simples, et le volume du « composé qu’il : forment, étant considéré à Zeta ! de « gas. présente aussi un rapport simple avec la.romane « des volume : des gaz qui sont entré : dans la combinaison. Cette loi des volumes est devenue une « i des plus utiles que l’on ait trouvées en chimie, « bien qu’il ait fallu quelque temps pour qu’on « en sentit la valeur. » Nous nous arrètons sur l’expression de ll. Biot : ayant suivi rileneíeusement cette idée. Elle exprime parfaitement une manière de travailler dont Gay-Lussac usait souvent et qui était bien connue de ceux qui le voyaient de près. Voulait-il entreprendre un travail sur un sujet donné, il y pensait quelque temps, sans donner extérieurement aucun indice du cours de ses idées. Tout à coup, s’il ne l’exécutait pas lui-même, il disait à l’un de ses jeunes gens de confiance, à ll. Larivière, par exemple : Disposez tel appareil de telle manière, et.... je crois que vous obtiendrez tel résultat. Il avait pensé juste : on notait le résultat obtenu, et lfon reprenait le cours des préparations interrompues pour cet objet spécial, jusqu’à ce qu’une autre idée sur le même objet vlnt se traduire par l’indication d’une nouvelle expérience à faire. Mais revenons à la loi des vo-