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lettres. Ayant ensuite fréquenté pendant quatre ans l’université de Padoue, il fut employé de bonne heure par le roi dans des missions importantes auprès de plusieurs cours, et notamment de celles de Suède, de Pologne et de Danemarck. Il parcourut les principales villes de l’Europe, où il se concilia l’estime de tous les savants et des souverains près desquels l’appelaient souvent les intérêts de son maître et de son pays. Le pape Paul III surtout l’honorait de toute sa bienveillance. Goes s’était retiré à Louvain pour se livrer à l’étude et ne s’occuper que de la rédaction de ses ouvrages, lorsque cette ville fut assiégée en 1542 par Martin de Rossom, maréchal de Gueldre, alors au service du roi de France. Goes s’étant mis à la tête des étudiants de l’université, prolongea longtemps la défense de la place. Mais à la fin, voyant qu’elle ne pouvait tenir davantage, les Français demandaient deux cent vingt mille écus d’or et toutes les munitions de guerre pour la sauver du pillage. Goes parvint à obtenir une trêve ; et étant allé conférer avec le général Longeval, il l’avait amené à des demandes plus modérées, lorsque, on ne sait pas trop comment, le canon de la place tira sur les Français au moment où Goes se retirait de leur camp. Longeval, considérant ce procédé comme une infraction de la trêve, fit arrêter Goes, et l’envoya dans le Vermandois. Goes ne fut relâché qu’aux instances du roi de Portugal et moyennant une rançon de deux mille ducats. De retour en Portugal, le roi Jean III le nomma historiographe du royaume et garde-major de la tour de Tombo, qui est une des premières charges de l’État. Il lui offrit ensuite des places plus lucratives ; mais Goes eut la noble générosité de les refuser. Il donna une preuve non équivoque de ce désintéressement et de son patriotisme lors de la disette générale qui affligeait le Portugal (1556). Il fournit à ses propres frais la capitale d’une quantité considérable de blé qu’il fit venir de la Sicile et des côtes de l’Afrique. Après une vie tranquille, il mourut des suites d’un accident, à un âge peu avancé, en décembre 1560. Goes était très-versé dans le grec, le latin, l’arabe et l’éthiopien : il parlait et écrivait les langues modernes avec une étonnante facilité. Il était excellent musicien, jouait de plusieurs instruments, et faisait des vers avec grâce et élégance. Ce savant a laissé plusieurs ouvrages, dont les plus remarquables sont : 1¤ Deplomtio Lappianœ gentix. Genève, 1520, in-12 ; Paris, 1541, in-12 ; 2° Legatio magni Indorum imperatoris presbyte ri Joamni : ad Emmanuelem Lurilaniœ regem, anno 1515. Item de Indorum /ide, ceremonüs, religion :. etc., Louvain, 1532, in-8o. 5° Fides, religio, morcsque /El/tiopum sub imperio pretiori Jommis, etc., quem vulgo prexbylcnm Joarmem vocant. Paris, 1541, in-8o ; Cologne, 1574, in-8o ; Anvers, 1611, in-12. Cet ouvrage, que l’auteur dédia au pape Paul III, doit être considéré comme la suite du précédent ; et l’un et l’autre sont recommandables autant par

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l’élégance du style que par l’exactitude des notices qu’ils présentent. 4° Commentarii rermn gestarum in India cilra Gangema Lusilanis anno 1538, Louvain, 1559, in-4o*. C’est une relation du premier siège de Din, dédiée au cardinal Bembo. 5° De bello Caanbaico ullimo comnentarii tres, ibid., 1547, in-4o*. Nicolas Antonio se trompe lorsqu’il dit que ces deux ouvrages n’en font qu’un avec des titres différents ; puisque ce dernier donne l’histoire du deuxième siège de Din soutenu par les Portugais en 1546. 6° De rebu : et imperio Lusitanorum, etc., Louvain, 1554, in-4o. Ce livre contient des détails intéressants concernant l’histoire du Portugal. 7° Hùpania, ou Défense des Espagnols contre les calomnies débitées contre eux par Sébastien lunster dans sa Comwgraphie, Louvain, 1542, in-4o. Ce livre est remarquable en ce que c’est un Portugais qui entreprend de défendre les Espagnols. Il parait qu’il a été traduit en plusieurs langues. 8¤ Clironiea de donn Manuel, en quatre parties, Lisbonne, 1566 et 1567, in-fol. J.-B. Lavanha en a donné en 1619 une nouvelle édition, .réimprimée en 1749 ; 9°* Clcronica do principe dons Joan (depuis Jean II), Lisbonne, 1567, in-8o ; 1724, in-8o ; 10° Urbi : Olissiponemir description, in qua obiter traelantur nonnulla de indien navigation : per Grœco : et Pœno : et Lusilanos diverxix temporibu : inculcata. Cologne, 1602, in-8o ; ouvrage curieux écrit avec une louable impartialité ; 11¤ Nobiliario de laefamilùu de Portugal, écrit en portugais, et conservé en manuscrit dans le cabinet de dom Jérome de Mascarenhas, évêque de Ségovie, et dans d’autres bibliothèques. — Hamel de Goes, jésuite portugais, né à Portel, diocèse d’Evora, en 1542, enseigna la philosophie pendant dix ans dans l’université de Coimbre, et mourut dans cette ville en 1693. On a de lui plusieurs commentaires sur Aristote, qui eurent différentes éditions. Celui qui lui fit le plus d’honneur, est intitulé Commenlarii collegii Conirnbreuxix in oclo libro : physicorum Arislolelisj Lyon,1594, in-4o. B·S. «

GOES (Benoît de), jésuite portugais, naquit dans l’lle de St-Michel, une des Açores en 1562. Il passa très-jeune dans les Indes, suivit d’abord la profession des armes, et mena une vie très-dissipée. Dégoûté du monde, il fit en 1588 profession dans la compagnie de Jésus à Goa. Les heureuses dispositions qu’il montrait le firent choisir pour la mission du Mogol. Il y gagna si bien la confiance de l’empereur Akbar, que ce prince l’adjoignit aux ambassadeurs qu’il envoyait au vice-roi des Indes. Tandis que Goes était à Goa avec cette qualité, le visiteur des Indes jeta les yeux sur lui pour aller poser les fondements de la nouvelle mission qu’il voulait établir au Cathay. Le P. Mathieu Ricci, qui résidait alors à Pékin, mandait que le Cathay était le même pays que la Chine ; mais cet avis ne s’accordant pas avec le témoignage des jésuites de Lahor, le visiteur résolut d’éclaircir ses doutes et d’ouvrir du moins une voie plus courte pour le voyage de la Chine. Au mois de