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et les écueils qui le menaçaient. » Charles Ier résolut d’aller lui-même au parlement et de l’accuser de haute trahison, lui et quelques autres sénateurs : Hampden venait de sortir ; mais ses collègues le défendirent généreusement. Cette démarche le rendit plus hardi et plus puissant : il ne se borna plus à plaider sa cause ; il prit les armes, fut un des premiers qui ouvrirent la campagne sous le comte d’Essex, et montra un courage et une habileté peu commune. Il périt le 24 juin 1643, dans une escarmouche. avec le prince Rupert, à Chalgove-Field dans le comté d’Oxford : sa mort fut regardée comme un désastre dans son parti. Les républicains du temps l’ont célébré comme un homme plein de courage et de vertu, et les royalistes le regardaient au moins comme un homme d’un grand caractère. Il avait beaucoup de sagacité politique, et savait mieux que personne contenir ou au moins dissimuler ses sentiments jusqu’au moment de l’éclat. L’espèce de pronostic qu’il fit sur la future grandeur d’Olivier Cromwell, lorsque celui-ci n’était encore qu’un membre obscur du parlement, prouve une bien grande pénétration (voy. CROMWELL). En un mot, « on peut, dit encore Clarendon, lui appliquer ce qu’on a dit de Cinna, qu’il avait un esprit pour tout inventer, une langue pour tout persuader,.et un bras pour tout exécuter. » X-s.


HAMPER (WILLIAM), esquire, né à Birmingham le 12 décembre 1776, d’une ancienne famille du comté de Sussex, fut membre de la société des antiquaires de Newcastle, juge de paix des comtés de Warwick et de Worcester, et mourut le 3 mai Il avait débuté, en 1798, par quelques poésies où il tournait en ridicule les goûts révolutionnaires de l’époque. Dans les nombreux articles d’archéologie qu’il a donnés au Gentleman’s magazine brille une ingénieuse et sage érudition. Ses deux grands ouvrages sont : 1° Observations sur les colonnes de Hoastones, 1820 ; 2° Vie, journal et correspondance de sir William Dugdale, 1827, in-4o. On a encore de lui, dans les publications de la société des antiquaires, plusieurs Mémoires sur les inscriptions runiques et l’architecture gothique. D-P-L.


HAMSFORT (CORNEILLE), historien danois, publia en 1S85 une suite des rois de Danemarck, depuis Dan jusqu’à Frédéric II. Elle est tirée d’anciennes annales, dont quelques parties seulement sont venues jusqu’à nous. On a encore de cet auteur : Chronologia rerum Danicarum, etc., depuis 687 jusqu’en 1448. Cette chronologie contient, des particularités extraordinaires, surtout en. ce qui concerne l’histoire ecclésiastique et monastique. Ces deux ouvrages ont été imprimés dans les Scriptores rerum Danicarum medii œvi, de Langebek, 1772. T-D.


HANBAL (AHMED IBN), surnommé al Schibani al Merouzi, fameux théologien musulman, né à Baghdâd l’an 164 de l’hégire, et mort dans la

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même ville en 241 (855 de J.-C.), est l’un des chefs des quatre sectes regàrdées comme orthodoxes dans la religion mahométane. Ses voyages en Syrie, dans l’Hiémen, etc., contribuèrent beaucoup à étendre sa réputation, au point qu’Abou-Djaafar al Tabary fut soupçonné d’hérésie. pour ne l’avoir pas mis au nombre des docteurs canoniques et avoir dit qu’il n’était point scriptural, mais seulement traditionnaire. Hanbal avait reçu ses traditions de Chaféi, et les fit passer à ses disciples Bokhary et Meslem (voy. BOKHARY). Il eut cependant quelques persécutions à essuyer. Le khalife Motacem, troisième fils du célèbre Haroun al Réchyd, s’étant mis dans la tête de faire ériger en dogme que l’alcoran n’était pas créé, fut si offensé de la résistance de Hanbal, qui refusa de souscrire à cette innovation, qu’il le fit fustiger et emprisonner. Mais Motavakel, deuxième successeur de Motacem, ordonna que l’on mît en liberté l’inflexible docteur, et le renvoya chez lui comblé de présents. Z.


HANBURY. Voyez WILLIAMS.


HANCARVILLE (PIERRE-FRANÇOIS HUGUES, dit D’), antiquaire, ancien capitaine au service de Wurtemberg, membre des Académies de Berlin et de Londres, naquit à Nancy le 1er janvier 1729, suivant le témoignage de M. Lamoureux, son compatriote et l’un de nos collaborateurs (1). Fils d’un marchand de draps, il en vint à se faire passer pour un bon gentilhomme. De tout temps on y est parvenu avec un peu d’audace et de constance. Ce qui est positif, c’est qu’il était plein d’esprit et d’érudition, mais souvent systématique, et finissant par confondre, de la meilleure foi du monde, ce qu’il conjecturait avec ce qu’il savait parfaitement. Il se livra de bonne heure à l’étude des sciences abstraites, de l’histoire et de la philosophie. Il publia en 1759, sous le voile de l’anonyme, un Essai de politique et de morale calculée. Prétendre, comme il essayait de le prouver, que l’on peut porter le calcul jusque dans la morale, et asservir les maximes de la politique aux lois d’une analyse rigoureuse, était nne généreuse erreur de son coeur et de son esprit, tout à la fois. Il en resta seulement l’idée de quelques aperçus neufs et profonds que l’auteur avait fait jaillir d’un système inadmissible. D’Hancarville voulut courir une carrière plus aventureuse que celle des lettres, dans laquelle il semblait appelé à se distinguer. C’était un homme fortement organisé, dominé par son imagination, par la fougue de son caractère et par des passions très vives. Il entra d’abord au service du prince Louis, duc de Wurtemberg, et y obtint bientôt de l’avancement. changea de nom en Prusse, en Portugal et en Italie, selon les différents rôles qu’il lui plaisait

(1) M. Valéry, dans le 2e volume, liv. 7, chap. 3, de ses intéressants et savants Voyages en Italie, dont il a fait paraître une seconde édition, gui est presque un nouvel ouvrage, conteste, cette date et cherche à, établir que d’Hancarville était né en 1719.