Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 19.djvu/11

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HEAUVILLE (Louis LB Bomicnoxs, sieur n’), poëte français du siècle de Louis XIV, était uni d’amitié avec les plus beaux génies de son temps, et a obtenu une place au Parnasse français de Titon du Tillet. Il était né à Heauville, diocèse de Coutances, obtint l’abbaye de Chantemerle, de l’ordre de St-Augustin, au diocèse de Troyes, et mourut doyen de l’église d’Avranches vers 1680. L’abbé d’Heauville est principalement connu par son Catéchisme en vers, publié en 1669, Paris, Léonard, in-12, de P 22 et 119 pages ; augmenté et distribué par cantiques, Chalons, 1679, in-12 ; très-souvent réimprimé depuis. Cet ouvrage peu remarquable, sans doute, par le mérite poétique, fut composé pour le Dauphin, fils de Louis XIV ; il a été souvent cité comme un témoin de la doctrine de l’Église de France, parce qu’il était muni de l’approbation de quatre évêques et d’un grand nombre de docteurs, et qu’on en insérait des extraits dans beaucoup d’autres catéchismes, dans un temps où chaque diocèse avait son catéchisme particulier, tous semblables pour le fond, mais souvent différents dans les expressions. Celui-ci étant divisé en couplets sur un petit nombre d’airs connus, la facilité de le chanter contribua beaucoup à le répandre. On en a inséré une partie dans le tome 1°* du recueil de Poésies chrétiennes et diverses dédiées au prince de Conti, par J. de la Fontaine (H. L. de Brienne), Paris, 1682, 3 vol. in-12. L’abbé d’Heauville en préparait une édition fort augmentée, qui ne parut qu’après’sa mort, sous le titre d’Œuvre : xpirüuelles en versfrançais, où sont contenu : les devoir : du chrétien, etc., 1684, in-8°* ; c’est en quelque sorte un nouvel ouvrage, beaucoup moins connu que le précédent. L’édition de Bruxelles, 1687, in-12, est augmentée de six planches, où se trouvent les airs notés, au nombre de dix-sept. · C. M. P.

HEBEDJESU. Voyez Enzo-Issu.

HEBEL (Inn-Pmmua), poëte allemand, était fils d’un tisserand du village de Hausen, grand duché de Bade. Sa mère, obligée de (gagner sa vie comme domestique, le mit au mon e à Bale, le 11 mai 1760. Devenue veuve un an après la naissance de ce tlls, elle le fit instruire aussi bien que ses faibles ressources le permettaient. Quand elle fut morte, Hebel trouva des ames charitables qui l’aidèrent à faire ses études au gymnase de Carlsruhe. De là il passa en 1778 à l’université d’Erlangen, pour se préparer à l’état ecclésiastique. Il annonçait alors si peu de dispositions littéraires qu’il ne put soutenir son examen. Il s’en tira mieux à Carlsruhe en 1780, et futplacé après cette épreuve comme maître surnuméraire à l’école de Lœrrach, puis chargé de prêcher dans la ville et les environs, mais mal rétribué, et accablé de travaux. « Jusqu’à l’âge de trente et un ans, dit-il, j’attendais en vain un emploi convenable. Tous mes compagnons d’étude étaient placés, moi seul je ne l’étais pas. J’étais là isolé, comme dit le prophète Isaïe, ainsi que L

HEB l’arbre sur la montagne, et le pavillon sur la colline. » En 1791, Hebel fut appelé au gymnase de Carlsruhe pour enseigner les langues anciennes, ce qui ne le dispensa pas de prêcher à son tour, selon l’usage des établissements d’instruction dans l’Allemagne protestante. Là il se trouva à sa place : s’attachant plus à l’esprit qu’à 1 la lettre des auteurs anciens, il sut inspirer aux jeunes gens de l’enthousiasme pour le génie des ( auteurs classiques, et en faire ressortir et sentir 1 les beautés. En 1798, il obtint la chaire de théo- ’ logic dogmatique et de langue hébraïque. Quelques années après, le grand-duc de Bade le nomma conseiller ecclésiastique ; et lors de la réforme du gymnase. qui prit le titre de lycée, 4 Hebel en fut nommé directeur. Au milieu de ses ; fonctions scolaires, il avait conservé un vif attachement pour sa contrée natale, charmant pays, qni, contigu au Rhin et à la Suisse, ressemble à la partie la plus agréable de l’Helvétie ; aussi l’ap- 1 pelle-t-on la Suisse badoisc. Les habitants, gens simples et loyaux, conservent un costume particulier, où dominent les couleurs tranchantes 4 comme dans quelques cantons suisses. Ils parlent un allemand différent de celui du pays de Bade ’ inférieur, et qui, par l’usage fréquent des dimi- p nutifs, rappelle le vieux langage français : les Allemands le nomment dialecte allé manique, pour le distinguer du deutch ou teuton. Hebel exprima dans ce langage plein de charme les sentiments poétiques dont son âme pieuse était pénétrée. · C’était du moins se consoler de ne pouvoir vivre au milieu des prés et des bocages habités par les montagnards ses compatriotes. En 1805, il fit paraitre à Carlsruhe ses premiers essais sous le titre de Poésie : allé manique :. Le plus brillant succès couronna cette tentative ; Jacobi, Jean-Paul, Gœthc ’ encouragèrent publiquement le poëte qui le premier avait osé se servir en poésie du patois d’un ’ petit district de Bade. Quatre éditions augmentées ( de nouvelles poésies se succédèrent en peu d’an- u nées. Dans toutes les classes de la société, ces Q accents de montagnards badois furent accueillis ( avec une vive approbation ; c’est surtout dans les q montagnes mêmes qu’on les fut avec avidité. Il, en parut deux traductions en véritable allemand, . l’une de Girardot, Leipsick, 1821, et l’autre d’A- ( drien, Stuttgart, 1824. Ces poésies ont un cachet ï tout particulier. L’auteur ayant su s’approprier les idées et l’imagination du peuple, personnifie toute la nature, les fleuves, les rivières, les astres ;, tout s’anime dans ses tableaux comme dans ceux que se créent le peuple et les enfants. La rivière de Wiese, qui dans le pays de Hebel sort d’un rocher et arrose des prés émaillés de fleurs, devient dans ses vers une jeune fille montagnarde, qui sortie d’un réduit obscur déploie au grand ( jour ses grâces natves et l’agilité de sa course. ( l.’étoile du berger est un être animé qui à ses B aventures ; les efforts de l’araignée pour prendre des mouches dans ses filets deviennent sous la